En octobre 1885, il est élu député au second tour.
Il suit la même ligne politique que précédemment. Il dépose, à propos de l'évacuation des eaux d'égout de la capitale, un contre-projet qui comprend un canal de Paris à la mer. Il vote pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement, contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la « Ligue des patriotes », contre le projet de loi restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.
Mais surtout, il y a une loi qu’il dépose dont tous nos concitoyens connaissent encore aujourd’hui ce qu’elle a institué. C'est lui qui, le 21 mai 1880, dépose la loi faisant du 14 juillet la fête nationale annuelle en commémoration de la prise de la Bastille et de la Fête de la Fédération.
Ce projet de loi, signé par 64 députés, est adopté par l'Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin.
La loi est promulguée le 6 juillet 1880.
Un peu plus tard, MM. Adolphe et Hyppolite CONRY lui dédient leur poème sur le 14 juillet : [1]
Premier jour du Salut et de la
Liberté,
Premier pas vers le Droit et la Fraternité,
Laisse-nous saluer l'Astre qui te décore,
Ton flambeau rayonnant, comme ton jour d'aurore !
Laisse-nous proclamer ta gloire et ta grandeur,
0 Quatorze-Juillet, jour pacificateur!
Quand le peuple énervé, qu'outrageait la puissance,
Végétait pauvre, obscur, pleurant sur sa souffrance,
Il cachait dans son cœur le rêve de ses droits
Qu'il devait annoncer aux tyrans aux abois ;
Il mûrissait ses plans, il attendait son heure !
Le tyran se croit sûr et fort en sa demeure :
Il a vu l'artisan s'incliner devant lui,
La vanité l'acclame et l'orgueil l'embellit.
Il se rit aux dépens du pauvre sans-culotte :
Il gouverne, il commande avec un fouet.
Despote !
Tu n'as pas pressenti qu'à ce peuple courbé
Il ne fallait qu'un jour pour qu'il soit soulevé?
Qu'un cri seul suffisait, qu'une plainte sincère
Déclarait pour toujours cette intestine guerre ?
Que de ta lâcheté, de ton oppression
Allait naître un grand jour, la Révolution ?
Très-souvent tu brisas la paix de la famille
En envoyant mourir le Droit à la Bastille,
Ce triste monument que les pauvres vilains
Regardaient en tremblant et se crispant les mains.
On voyait de leurs cœurs sortir ce feu de haine
Qui de la servitude allait briser la chaîne.
Ne vous amusez point d'un peuple et de son droit,
Car seul le peuple est grand, il est fort, il est roi.
Ah ! Quand il se soulève, il est tout comme un tigre.
Quoi ! L’on veut l'opprimer, lui qui doit être libre ?
Ne l'a-t-il pas montré dans l'acte qu'il a fait ?
La Bastille tomba le Quatorze-Juillet !
François-Vincent Raspail a été un acteur républicain important de la IIIe république. Sans l’engagement de ses fils à ses côtés, et en particulier de Benjamin, serait-il encore aussi connu aujourd’hui?
Benjamin a lié son nom à une loi qui institue la célébration possible par tous de notre Fête nationale.
Il y une rue Raspail dans de nombreuses villes de France.
François-Vincent et Émile ont également une rue qui porte leur nom à Arcueil.
Seules, trois villes ont donné une rue à Benjamin.
Il s’agit de Creil, Malakoff et Lambesc.
A Cachan, il y a toujours la grande maison, un lieu d’exposition dans l’ancienne Orangerie, un parc, très bel espace vert, dont bénéficient les Cachanais au quotidien. Ils ne portent pas son prénom.
Qui sait encore que Benjamin à longtemps vécu dans cette maison avec son père et ce jusqu'à la veille du décès de ce dernier, à Arcueil, qu’il y est lui même décédé en 1899 ?
Sources [2]
Marcel BREILLOT
[1]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208124x.r=conry.langFR
[2] Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (J.Joly)
http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp? num_dept=8029
Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)