/image%2F0831503%2F20140112%2Fob_96f297_plan.jpg)
La réalisation de la gare Arcueil-Cachan de la future ligne 15 du Grand Paris Express[1] a été officialisée lundi 25 mars 2013 avec la signature de plusieurs conventions entre le maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, et le président de la Société du Grand Paris (SGP) Etienne Guyot.
« Le tunnel sera creusé en profondeur (30m en moyenne). Ce métro souterrain circulera dans un tunnel en béton de 10 mètres de diamètre comportant deux voies ferrées. II sera réalisé majoritairement avec un tunnelier.
En connexion avec le RER B. La future gare de Cachan se situera en souterrain à 26 m de profondeur, à l'angle des avenues Carnot et Léon-Eyrolles.
Un échangeur en surface permettra de relier la future station au RER B ».
Telles sont les informations que nous avons pu lire dans les médias récemment.
Dans nos villes de la vallée, les « chemins de fer » ou « voies ferrées » pour exister ne sont plus implantés dans les tranchées profondes qui coupaient les quartiers Aujourd’hui, ils passent soit sous terre, soit en site propre au milieu des boulevards ou des avenues. C’est un changement très important pour notre urbanisme.
La ligne de Sceaux, avec la Bièvre et les Aqueducs de la Vanne, du Loing et du Lunain ont structuré nos quartiers. Leur emprise a profondément marqué nos territoires.
Cette actualité m’amène à évoquer de nouveau ces « chemins de fer » qui ont existé, je vous propose ici un peu de leur histoire
L’invention du « chemin de fer ».
L'usage de voies, constituées de rails de bois, sur lesquels circulaient des chariots hippomobiles, est apparu en France dès les années 1540[2].
Au début du XVIIIe siècle, on commença à employer le fer pour les roues comme pour les rails, et ces systèmes prirent le nom de tramways. Les roues étaient guidées dans des ornières revêtues de plaques métalliques. Vers la fin du XVIIIe siècle, un ingénieur anglais, William Jessop conçut les rails à ornière destinés aux roues à boudin, en 1789.
En 1802, Jessop ouvrit au sud de Londres, qui ce semble bien avoir été, bien qu'il fût à traction hippomobile, le premier « chemin de fer » public du monde.
La ligne de sceaux[1]
Elle a été mise en service en 1846, le 23 juin. Initialement, elle s’arrêtait en gare de Sceaux qui sera l’une des premières villes desservies par le chemin de fer.
A Arcueil-Cachan la construction de la gare ne sera pas sans difficultés car la municipalité de l’époque voulait s’y opposer. Elle protestait contre cette construction si près du cimetière.
Elle craignait les risques de collusions entre les convois funèbres et les trains. Les rues et les passerelles d’aujourd’hui n’étaient pas encore toutes créées
Eugène Belgrand devra prendre en compte l’existence de la ligne avant de faire tourner son pont-aqueduc vers les réservoirs de Montsouris en 1870.
Pendant l’année1847, c’est 580 000 voyageurs qui sont transportés entre Sceaux et Paris.
Ce développement n’est sans risque, le 30 mars 1905 vers 6 heures 30, la locomotive d'un train parti de la gare du Luxembourg déraille dans la tranchée en courbe entre Cachan et Bourg-la-Reine où la vitesse pourtant limitée à 65 kilomètres à l'heure est encore excessive compte-tenu du mauvais état de la voie. Le tender, le fourgon et les voitures la percutent et s'entassent entre les parois encaissées de la voie de chemin de fer. Un incendie se déclare. On dénombrera 3 morts et 9 blessés.
Au fil des années, après de nombreuses transformations ou prolongations, il est décidé en 1932 que la ligne soit électrifiée. Le trafic augmente de façon considérable, 17 millions de voyageurs sont transportés en 1938.
Le prolongement Luxembourg-Chatelet à lieu en 1977. La ligne de Sceaux devient le RER-B.
La ligne est aujourd'hui exploitée par la RATP de la gare du Nord jusqu’à Robinson, Massy-Palaiseau et Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
Depuis 2002, la RATP a procédé à des travaux de remplacement de la caténaire et de ses supports, ainsi que des composteurs de billets.
Une signalisation a été mise en place à destination des voyageurs, qui sont censés bénéficier d'informations en temps réel sur la circulation des trains. Nombre de nos concitoyens trouvent cela souvent très aléatoire.
Les Tramways
Dés la seconde moitié du 19ème siècle, un grand nombre de tramways circulent dans Paris, puis en proche banlieue (notamment dans l'ancien département de la Seine).
Ils précédent le métropolitain de plusieurs décennies.
Ce réseau a fonctionné entre 1855 et 1938 à Paris et dans sa proche banlieue
Deux lignes longent ou traversent Arcueil-Cachan dans l’axe nord/sud. La ligne 88 va jusqu'à Arpajon, la 93 s’arrête au centre de Cachan
L’Arpajonnais[2]
C’est le nom donné à la ligne 88 qui suivait la N20 vers Arpajon
C’était un chemin de fer secondaire sur route reliant les halles de Paris à Arpajon, mis en service en 1893-1894, il est supprimé en 1937.
En 1922, la Compagnie du chemin de fer sur route de Paris à Arpajon, en difficultés financières comme l'ensemble des réseaux secondaires et urbains. Elle est rachetée par les départements de la Seine et de Seine-et-Oise, qui en confient l'exploitation à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). Cette dernière donne à cette ligne le no 88 pour la partie électrifiée. En 1930, elle met en service des tramways électriques plus confortables.
L'abandon des lignes de tramway desservant le centre de Paris entraînera sa suppression le 31 décembre 1933 du service marchandises vers les Halles et la disparition de l’Arpajonnais.
Les trains de l’entreprise Tayart.
A partir de 1909, les locomotives Charlotte et Adrienne, circulent dans la vallée de la Bièvre.
Venant d’Arcueil, elles ont été baptisées par les ouvriers de l’entreprise TAYART[3], (chargée de recouvrir et remblayer la Bièvre vive, ses bras morts et les puits artésiens de la Plaine au sud de Cachan). Elles circulaient sur un chemin de fer à voie étroite du type Decauville[4] installée sur le faux trottoir destiné à la future mise en place du tramway 93 reliant Cachan à Paris.
En partant de la Glaisière d’Arcueil, rue du moulin de la Roche, elles empruntaient l’avenue de la Convention à Arcueil et l’avenue Cousin de Méricourt à Cachan.
C’est 2 millions de m3 de remblai qui sont ainsi transportés d’Arcueil à Cachan pendant plus de 18 mois
Lorsque le recouvrement de la Bièvre sera terminé Charlotte & Adrienne quitteront la vallée de la Bièvre au grand dam des riverains qui « s’étaient habitué à leur sifflet » selon André Desguine.
Il semble que les rails et les wagonnets soient restés dans les carrières.
Le tramway n° 93
C’est en 1900 que sa construction a été décidée. Mais la ligne est ouverte en octobre 1913[5]
Ce tramway a été implanté sur le parcours de la Bièvre récemment recouverte en particulier sur l’avenue de la Convention à Arcueil et Cousin de Méricourt à Cachan.
Les cachanais pouvaient ainsi se rendre directement de la place Gambetta de Cachan au centre de Paris place du Chatelet.
Mais l’invasion de l’automobile auxquels s’ajoutaient les coûts de l’entretien des lignes auront raison des tramways.
Ils seront remplacés par des autobus.
Cette ligne a également supprimée en 1936[6].
Aussi, les rails de chemin de fer ont peu à peu disparu de nos avenues
Seul est encore présent le café-tabac à l’angle de la place Gambetta et de l’avenue Cousin de Méricourt à Cachan où était le terminus.
Le chemin de fer de L’ESTP
Créée, en 1891, à Paris, L’ESTP s’implante à Cachan sur 7 hectares quelques années plus tard. Sont installés des ateliers, laboratoires, bibliothèque, salle d’études et de projets, maison familiale.
Dans cet ensemble, le polygone comprenait un chemin de fer à traction électrique, auquel s’ajoutaient de nombreuses autres installations techniques à la pointe de la modernité.
Les étudiants avaient ainsi une école d’application moderne, mais installée à la campagne selon un prospectus de 1922 de L’ESTP. Le chemin de fer électrique en était un élément essentiel.
Ce train sera aussi utilisé, en 1928, lors d’une fête de l’école présidée par Madame Eyrolles, épouse du directeur-fondateur, Léon Eyrolles[7].
Le programme[8] de cette kermesse promettait aux participants « un voyage pittoresque et mouvementé pour les amateurs de sensation ».
Aujourd’hui, ce chemin de fer à lui aussi disparu.
Selon certains témoins, il semble que d’autres chemins de fer aient été installés sur ce qui est aujourd’hui le terrain de l’École Normale Supérieure à Cachan. Nous n’avons pas de documents qui confirment ces témoignages.
Il nous reste le long de la vallée de la Bièvre, la mémoire de ces chemins de fer, l’Arpajonnais, Charlotte & Adrienne, le tramway n°93, le Decauville de l’ESTP ou de la carrière d’Arcueil. Ces rails installés dans nos villes en fonction des besoins du moment ne répondaient pas aux mêmes attentes mais utilisaient tous la même technique de base, le rail.
Ce système de transport guidé servant au transport de personnes et de marchandises se compose d'une infrastructure spécialisée en site propre, de matériel roulant et de procédures d'exploitation particulière.
Cette invention très ancienne, du « chemin de fer » offre encore aujourd’hui des possibilités de progrès importants.
Ainsi dans nos métropoles, si on réimplante des tramways, sont aussi installés « sous terre » de nombreux chemins de fer.
En effet, nous manquons de place dans nos villes très urbanisées.
Sources[9]
Marcel BREILLOT
[1] Georges Massiot, les Chroniques du Val de Bièvre, N° 4, 5, 6 , 1994/95
[2] Chroniques du Val de Bièvre N°52 Mireille Hebrard
[3] Recherche sur la Bièvre, André Desguine, 1975 ;
[4] La société Decauville, créée en 1875, a été un constructeur de matériel ferroviaire et de manutention, de cycles et d'automobiles.
Paul Decauville (1846-1922), initialement fils de l'agriculteur Armand Decauville spécialisé dans la production de betteraves et la distillerie, inventa un type de voie de chemin de fer de faible écartement (40 à 60 centimètres) qui prit le nom de « Decauville », suite à un stock de 9 000 tonnes de betteraves attendant dans des champs détrempés et d'accès très difficile.©Wikipédia.
[5]http://www.amtuir.org/05_htu_tw_paris/05_htu_tw_paris_1910_1920/05_htu_tw_paris_05.htm
[6] Les Chroniques du val de Bièvre N°53, Annette Le Bonhomme
[7] Il sera maire de Cachan de 1929 à 1944.
[8] Association ETP, Programme de la[8] Kermesse du 17 mai 1928, coll. de l’auteur.
[9] Documents & CPA reproduits ; collections de l’auteur