B |
enjamin meurt le 24 septembre 1899 à Cachan à l'âge de 76 ans, en ayant légué sa fortune au département de la Seine [1] pour installer dans sa propriété de Cachan un hospice réservé aux invalides du travail et un musée accueillant sa collection de tableaux (incluant ses propres œuvres) et des documents sur la vie politique de son père.[2]
Ce dernier s’est installé le 27 mai 1862 avec sa fille Marie dans cette maison de Cachan.
En 1983, Jacques Carat[3], alors Sénateur -maire, racontait que « lors de son premier mandat, il avait déploré que cet espace vert…ne fut réservé qu’à trente pensionnaires de la maison de retraite qui…s’y promenaient fort peu »..
« Je me rappelle de l’air horrifié d’une demoiselle (de la préfecture) serrant sur son cœur les dispositions testamentaires de Benjamin Raspail devant ma proposition exorbitante : ouvrir le parc au public.. ».
Ce vœu se réalisa et en 1993. Jacques Carat propose alors à ces concitoyens que « cette belle maison devienne un centre de recherche et de culture, où le souvenir de François Vincent Raspail serait présent ». Il propose « d’y accueillir le legs fait à la commune par Henri Poulaille, chef de file de la littérature prolétarienne et de créer un musée de Cachan dans l’Orangerie qui serait notre mémoire collective. »
Rien n’est alors envisagé concernant Benjamin Raspail.
Lorsque nous nous intéressons aux personnages importants de nos communes, nous croisons immanquablement François Vincent Raspail, grand personnage républicain de la IIIe république.
François Vincent [4] a eu plusieurs enfants qui l’ont suivi dans ses engagements politiques républicains.
· Benjamin RASPAIL 1823-1899
· Camille François RASPAIL 1827-1893
· Émile Jules RASPAIL 1837-1887
· Marie Apolline RASPAIL 1836 1876
· Xavier RASPAIL 1840-1926
Camille sera deux fois député,
Émile sera 9 ans maire d’Arcueil-Cachan,
Xavier, devra s’exiler pour avoir publié les ouvrages de son père.
Benjamin, l’aîné, est artiste peintre et graveur. Il travaille beaucoup pour les ouvrages de son père dont il dessine les planches sur cuivre et les lithographies. En 1863, il devient directeur de la maison d’édition familiale.
Il a été amputé d'une jambe, suite à une poursuite à coups de pierres, à Épinay en 1832.
En 1874, au décès d'Eugène Lavenant, il assure quelque temps la fonction de maire d’Arcueil.
Il est aussi conseiller général de la Seine.
Représentant du peuple en 1849, député de 1876 à 1889, pour la gauche républicaine,
Il participe à tous les combats de son père à l’extrême gauche de l’époque.
Il vote, contre l'expédition romaine, contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, contre la loi restrictive du suffrage universel, combat énergiquement la politique de l'Élysée, proteste contre le coup d État de Napoléon III. Il est proscrit avec son père en 1851.
Il se réfugie alors en Belgique, où il réside de 1852 à 1863.
Lors de son second mandat à partir de 1876, il vote pour la proposition que dépose son père en faveur de l'amnistie plénière, réclame l'abolition de la peine de mort, l'abrogation de la loi des maires de 1874.
Il est réélu le 14 octobre 1877. Il se montre partisan de la liberté de la presse, tout en proposant des amendements restrictifs qui ne seront pas adoptés. [6]
Il
propose aussi le droit illimité de réunion, la séparation de l'Église et de l'État, et demande qu'il soit interdit aux députés de mettre leurs noms dans des annonces d'entreprises financières.
Tiens déjà !
Réélu le 21 août 1881, il propose de vendre les dia mants et joyaux de la couronne et d'en attribuer le produit à la création d'une caisse des invalides du travail ou d'une caisse des musées de l'État; réclame des pensions pour les victimes du coup d'État de Napoléon III du 2 décembre ; fait voter que les anciens membres des commissions mixtes de 1852 ne puissent pas continuer à faire partie de la magistrature. Il interpelle le gouvernement sur la circulaire des compagnies d'Orléans et de Lyon interdisant à leurs employés d'accepter des mandats électifs.
Il approuve les tenants de la séparation de l'Église et de l'État. Il vote contre les crédits de l'expédition du Tonkin.
A suivre
Marcel BREILLOT
[1] Divisé ensuite en plusieurs départements dont le Val de Marne qui devint dépositaire de ce legs.
[2] On peut en consulter l’inventaire sur : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?
[3]Cachan83, Cachan89, Cachan a 70 ans, par Jacques Carat,
[4] F.V. Raspail, P & JP Bédéï ,édt Alvik, 2005
[5]Les portraits sont de la collection de l’auteur
[6] Benjamin propose : « toute feuille périodique ayant pour but plus ou moins dissimulé le retour de la monarchie ou de l’empereur et le rappel d’un prétendant quelconque sera supprimée…..et son cautionnement confisqué au profit des pauvres… »,
Collection de l’auteur.
[7]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208124x.r=conry.langFR
[8] Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (J.Joly)
http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp? num_dept=8029
Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)