Le commerce du bois en forêt
Le 17 octobre 1597, dans la Forêt de Lande Pourrie un arpentage est organisé. Il aboutit à une adjudication par Jean-Jacques Romé Sieur de la Fontaine, Gouverneur et Lieutenant Général du Roi pour la réformation de la forêt de Lande Pourrie, d'une certaine quantité d'arbres qui se trouvent sur les terres fieffées de Jacques Le Bigot prés des Vallées au Curé.
Le 30 avril 1611, une adjudication est faite à Siméon Robbes de « trente arbres de hêtres et quelques autres » sur une acre et demie de terre qui lui a été fieffée, ainsi qu'à Jean Robbes, au triage du Gué Angot.
En 1626, la forêt passe dans la Maison d’Orléans par le mariage de la Comtesse de Mortain, Marie de Bourbon, Duchesse de Montpensier avec Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Mortain devint alors un relais de chasse. Sans y séjourner, la famille d'Orléans par l'intermédiaire de ses intendants devait contribuer à la prospérité du pays par la vente de landes et taillis défrichés de la Lande Pourrie, en secourant les pauvres dans les années de famine.
Le 10 août 1748, une autre adjudication est faite par M. Lemoyne de Bellisle, intendant du Duc d'Orléans, et les Officiers des Eaux et Forêts du Comté de Mortain, de 170 arpents 5 perches de bois en la forêt de Lande Pourrie.
Les ventes (coupe de bois d’un certain nombre d’arpent) de Lande Pourrie sont situées dans les cantons suivants:
Garde de Tinchebray; Triage d’Yvrandes; Triage du Gas; Garde des vallées de Ger; Triage du Gué de la Motte; |
Triage de la petite Volée de Ger; Triage du Petit- Champ; Triage des Estiveaux; Garde du Franc Herbage; Triage de la Pierre; |
Garde de Bousentier; Chênaies de Bousentier; Garde de Mortain; Triage du Haut -Gué; Triage du Grand Taillis; |
Le 10 juin 1749, un état est arrêté au Conseil du Duc d'Orléans, des coupes de bois à faire pour l'année 1750, dans la forêt de Lande Pourrie. Puis le 17 juin, une ordonnance du même Conseil modifie l'état en ce qui concerne le triage (canton de bois eu égard au coupe faite) du Gué de la Motte, lequel est reporté et joint au triage du Petit Champ;
Du 20 juillet au 4 août 1749, a lieu un bannissement (publication) des ventes à l'issue de la messe paroissiale de Saint Clément par Philippe Barbier ; garde de la forêt. La même proclamation est faite « au lieu du bassin de la ville de Mortain » et dans les paroisses de Bion, Saint- Georges-de Rouellé, le Fresne-Poret, Barenton, Ger, Tinchebray, Domfront;
Un autre bannissement est annoncé le 9 août 1750, à l'issue de la messe paroissiale de Ger, par Laurent du Hauvel, garde de la forêt, avec la même proclamation au Fresne–Poret.
Du 7 au 20 septembre 1753, en forêt de Lande Pourrie ont lieu des ventes de bois. Les bannissements des ventes, ont aussi lieu à l'issue des messes paroissiales de Mortain, Barenton, Saint-Clément, Ger, Domfront, Tinchebray, Saint Georges-de-Rouellé, Bion;
Le 6 octobre 1753. Le cahier des charges et le procès verbal de l'adjudication sont rédigés par Jacques Le Harivel, seigneur de Beauchesne et les Officiers de la Maîtrise des Eaux et Forêts, « pour 35 ventes de bois formant un total de 191 arpents 50 perches sises aux triages d'Yvrandes, du Gast, de la Vente, du Buisson, de la Petite Volée de Ger, du Petit Champ, de la Pierre des Chênaies de Boussentier, des Hautes Noes, de Beauchamp, du Haut Gué, du Grand Taillis. »
Plus de 170 ans plus tard, en 1923, l’organisation de la vente du bois et la forêt a beaucoup changé : « Les propriétaires ne retirent pas de la forêt tout le profit qu’ils pourraient en retirer. Quelques bûcherons coupent chaque année une certaine surface de bois quand les essences atteignent 14 ou 15 ans. Les arbustes et les grosses branches sont coupés et tassés en stères. Plus tard ces stères sont convertis en charbon. Les petites branches restent souvent éparpillées sur le sol et sans utilisation. Elles y pourrissent. Depuis quelques années des personnes de la commune achètent une surface déterminée de bois dont la coupe peut être faite. Puis elles utilisent ce bois de façon plus rémunératrice. Elles en retirent non seulement du charbon, mais des fagots, des cercles à tonneau, du bois de chauffage. La vente et la gestion des produits de la forêt, sont confiées à des « gardes particuliers » qui sont en même temps « gardes- chasse ». Le salaire de ses gardes est composé d’une commission de tant pour cent qui porte sur le produit des ventes faites. Chaque année à l’automne, il y a un défilé de voitures à gerbes dans les sentiers de la forêt. Ces voitures vont s’emplir de bruyères et autres plantes herbacées. Les cultivateurs achètent le droit de « faucher de la bruyère » sur une surface convenue. Cette plante desséchée sert de litière aux animaux de l’espèce bovine pendant l’hiver et donne ensuite du fumier apprécié. » C’est en tous cas le point de vue de Monsieur Leneveu, instituteur à GER en 1923.
Les propriétaires de la forêt,
Si le Comté de Mortain a été créé en 1030 par Robert Duc de Normandie, depuis cette époque les comtes de Mortain qui se sont succédés avaient tous les droits, qu’ils n’avaient pas cédés aux religieux, sur la forêt de la Lande Pourrie.
En 1791, le domaine de Mortain, et donc la forêt, appartient à Louis Philippe Joseph de Bourbon, Duc d’Orléans dit « Philippe Egalité », comme Député de la convention. Il vota la mort de Louis XVI, puis il meurt lui-même sur l’échafaud.
En 1792, la forêt avait été cédée à Collet de Saint James, Maître de forge de Champsecret,
En 1800, c’est Messieurs Bachelier d’Arges et d’Inglemares qui en sont propriétaires. En 1805, ils reprennent les travaux de remise en état de l’établissement métallurgique de Bourberouge.
En 1823, la forêt est à Monsieur de Pracontal.
Le 18 juin 1827, le conseil de GER unanime refuse la demande faite par Monsieur de Pracontal qui visait à récupérer tous les terrains sains et vagues de la commune. Le 9 septembre 1830, le Conseil entérine la décision du Ministre de l’Intérieur qui laisse à la Commune de Ger une bonne partie de la forêt de la Lande Pourrie (en tant que territoire communal) et en définit les limites.
Le 28 novembre 1831, le conseil proteste auprès des autorités pour que la partie de la forêt de la Lande Pourrie qui se trouve sur
son territoire et qui appartient à Monsieur de Pracontal soit portée sur les rôles de contributions foncières, celui-ci bénéficiant de nombreux privilèges sans payer d’impôts. Il reste encore
environ 760 hectares de forêt à cette époque.
En 1840, à la suite du décès de Monsieur de Pracontal, la forêt devient la propriété de la famille de Failly.
Aujourd’hui la forêt de la Lande Pourrie serait détenue par des compagnies d’assurance.
Comme beaucoup d’autres forêts, elle a souffert des tempêtes de 1999.
Mais aujourd’hui le programme Européen, Natura 2000 (Il assure le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la faune sauvage d’intérêt communautaire.) qui a pour objectif de « contribuer à préserver la diversité biologique sur le territoire de l’Union européenne. », a retenu comme site à protéger : La Lande du Tertre Bizet et la Fosse Arthour :
« Le site s'intègre dans un paysage composite où alternent forêts, landes à bruyères, pointements rocheux et pierriers. Il regroupe deux secteurs voisins : la Lande de Tertre Bizet, occupant le versant septentrional d'une petite vallée et la Fosse Arthour, exemple typique de cluse profonde entaillée dans les grés armoricains et jonchée d'éboulis sur ses flancs. »
Le souvenir de l’activité économique et des métiers issus de la forêt de la Lande Pourrie peut se retrouver dans des livres anciens, des documents d’archives notamment aux archives départementales à Saint Lô ou encore sur le site Internet de notre association (http://ger.50.free.fr).Ils permettent de garder la mémoire de la Lande Pourrie. Elle aura marqué la vie des femmes et des hommes qui en ont vécu directement ou indirectement pendant plusieurs siècles.
Éléments de bibliographie
La première source est le site Internet de notre association, complétée par d’autres qui souvent recoupent ou confirment les informations citées.
Livres :
Guillaume le conquérant et les Normands au XIéme siècle. Pierre BOUET Edt Charles Corlet, 2003,
Histoire chronologique de la Normandie et des Normands des origines à 1204. Jean DUBUC Edt du patrimoine Normand
Etude juridique et historique sur le bailliage de Mortain. Maxime FAUCHON -1923 -Edt Le livre d’histoire. 2002
Mortain et sa Bataille. Docteurs Gilles et Jules BUISSON 1946 Edt Maurice SIMON
Recherches sur l’arrondissent de Mortain, H Sauvage, 1981, Edt Gérard Monfort
La chouannerie Normande, Chaudeurge Alfred, Edt Fernand Lannore, 1982
Géographie de la Manche. Adolphe JOANNE Edt Hachette –1898
Histoire de Lonlay-l’Abbaye dans les temps anciens. H. LEFAVERAIS, Edt Le livre d’histoire 2002
Notre Dame de Lonlay. Hippolyte SAUVAGE 1865 Edt F. LIARD A la bible d’or.
La MANCHE, les 602 communes. DELATTRE Daniel et Emmanuel Edt Delattre 2002
L’Orne et son Histoire, André Edgar POESSEL, Edt Charles Corlet 1989
Histoire du Mont St Michel, Des Roches, in H Sauvage, recherches sur l’ardt de Mortain (1851)
Les forêts de France, Depelchin Fernand, 1885, site Gallica
La résistance dans le Bocage Normand, André Debon, Louis Pinson, Edt Firésias, 1994
Actes Normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, 1328-1350 - voir page 52 ) site Gallica
Légendes normandes recueillies dans l'arrondissement de Mortain , Hippolyte Sauvage (1890) – site Normania
Documents :
La commune de GER, Mr LENEVEU, Instituteur, Conférence pédagogique de 1913, document manuscrit.
Inventaire des archives anciennes, Archives de la Manche.
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 1183.
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 1184
SERIE A. - Domaines Engagés. A .1185
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 1189
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 3963
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 3967
SERIE A. - Domaines Engagés. A 3970
SERIE A. - Domaines Engagés. A. 3971
SERIE A. - Domaines Engagés. A 3984.
Fonds de l'ancien conté de Mortain 155 j 205 Ad de la Manche.
Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville
A: RUAULT, Censeur des Etudes au Lycée Pilote de Sèvres (Seine et Oise) mars 1960
Revue du département de la Manche - tome 3 - 1961 fascicules 9
Etude sur une famille de fauconniers et de fonctionnaires du Comté de Mortain :
Les SEQUARD,. J. M. DURAND de Saint Front vice-Président du pays Normand
Images d’hier et d’aujourd’hui. BOULLE Pierre
Sites Internet :
http://www.manche.equipement.gouv.fr/
http://draf.basse-normandie.agriculture.gouv.fr/
http://mortain.free.fr/Legendes/legende
http://www.cartedefrance.tm.frhttp://www.cg50.fr/
http://www.normannia.infohttp://perso.wanadoo.fr/bernard.langellier/manche/manche.
http://www.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=558
CD-Rom :
Dictionnaire de l’Académie, 1762, Grand Atelier Historique de la Langue Française Edt REDON 2002-2003
Carte de Cassini, France Nord. CIDP 2000