Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 15:56

« ………Dans ses premiers emplois connus, le mot fief désigne un bien meuble. féodale

Le bénéfice fut d’abord souvent un don en toute propriété. Mais comme il rétribuait un dévouement dont chacun pensait qu’il devait se prolonger après la remise de la récompense, le donateur se réserva le droit de reprendre le bien concédé si le service, dont sa libéralité constituait le salaire, cessait d’être accompli, par suite de la mort ou du défaut du bénéficiaire.

Le fief devint donc la simple concession d’une jouissance, subordonnée au respect de certaines obligations. Le seigneur et le feudataire  possèdent l’un et l’autre des droits sur ce bien. C’est une tenure qui diffère de celles des tenures attribuées à des exploitants paysans, en ce qu’elle est gratuite, non soumise à des charges matérielles. Le tenancier en perçoit tous les profits qui représentent le prix de sa fidélité et de sa diligence. Le fief est la rétribution d’une fonction.

La concession féodale fut d’un usage très répandu dans cette société rurale où l’argent était rare. Dans les grandes maisons seigneuriales, des fiefs furent ainsi accordés aux serviteurs spécialisés, qui n’étaient pas entièrement entretenus par le maître, à des prêtres, à des artisans, à des cuisiniers, aux régisseurs des domaines. Mais la tenure féodale servit principalement à solder le dévouement du vassal, lorsque celui-ci quittait la domesticité de son seigneur.

Après l’an mille, l’investiture d’un fief suivit généralement la prestation de l’hommage. Fort de son droit éminent, le seigneur, par la menace de la confiscation, pouvait maintenir son feudataire dans le respect de l’engagement pris, tout en lui laissant le loisir de mener, dans sa maison, une existence autonome.

        Il existait des tenures féodales de toutes tailles : le duché de Bourgogne était un fief de la couronne de France, mais d’autres consistaient en une église, une simple exploitation paysanne, une fraction de redevance. Beaucoup d’entre eux étaient de véritables cadeaux prélevés sur la fortune du seigneur. D’autres, les fiefs « de reprise », étaient au contraire d’anciennes propriétés personnelles du feudataire, dont celui-ci, entrant en vasselage, avait cédé à son patron la seigneurie éminente. Le statut féodal fut celui d’un grand nombre de terres – de la majorité, sinon de la totalité d’entre elles, dans certaines régions comme l’Angleterre ou la Normandie.

Le droit du fief

L’investiture de la tenure féodale introduisait celle-ci dans le patrimoine du feudataire. Tant que ce dernier s’acquittait convenablement du service, le seigneur ne pouvait le priver de son droit, sauf en le lui rachetant. La force des liens de parenté lui interdit rapidement, et surtout lorsqu’il s’agissait d’un fief de reprise, de reprendre le bien pour lui-même à la mort de son détenteur et même d’en disposer librement. Dès le XIe siècle, en France, la coutume l’obligeait à laisser l’héritier naturel « relever » le fief. Il ne pouvait donc récupérer l’entière possession de la terre que si la lignée du feudataire s’éteignait. Toutefois, la transmission successorale était subordonnée à la prestation de l’hommage, et l’usage reconnut peu à peu au seigneur le droit de percevoir à cette occasion une taxe, le « relief ». Enfin, si l’héritier n’était pas capable de servir le fief, le seigneur pouvait en assurer temporairement la garde ou confier celle-ci à un « baillistre ».

Si l’on admit le principe de l’hérédité, il resta que le fief ne pouvait pas être divisé entre les héritiers : un seul, généralement l’aîné, était admis à le relever. Toutefois, comme il n’était pas décent qu’il laissât ses cadets dans le dénuement, dans certaines coutumes régionales s’introduisit la pratique du « parage » : le seigneur recevait l’hommage de l’aîné seul ; les cadets tenaient de ce dernier la part du fief qui leur était attribuée……… »

    Encyclopædia Universalis France S.A. 2003

TENURE. s. f. Terme, dont on se sert en matière féodale. Mouvance, dépendance & étendue d'un Fief. Cette Terre est dans la tenure, de la tenure d'un tel Marquisat, d'un tel Duché.    Dictionnaire de l’Académie,  1762, Edt REDON

Partager cet article
Repost0

commentaires

Au fil du temps

Articles Récents

  • Des chemins de fer en Val de Bièvre,
    La réalisation de la gare Arcueil-Cachan de la future ligne 15 du Grand Paris Express [1] a été officialisée lundi 25 mars 2013 avec la signature de plusieurs conventions entre le maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, et le président de la Société...
  • Jardins ouvriers, Familiaux, associatifs, partagés ?
    Pendant l’année 2012, avec nos amis de plusieurs sociétés d’histoire, nous préparions l’exposition que beaucoup d’entrevous ont visitée en avril dernier. Nous avons aussi rédigé un parcours pédestre que nous avons appelé : « Flâneries à la découverte...
  • Un enfant d’Arcueil, né en Asturies
    Depuis sa création en 1997, le prix Antoine Marin , en collaboration avec la ville d’Arcueil, a accueilli de très nombreux jeunes créateurs. Cette aide à la jeune création est devenue un rendez-vous incontournable, connu bien au-delà des frontières de...
  • Jean MEVOLHON, un député de la Convention à Arcueil-Cachan
    Il est décédé le 16 septembre 1836, à Cachan. [1] Le registre d’état civil ne précise pas dans quelle rue. C’est Beucker Henri, son cocher, qui déclare ce décès. L’acte précise qu’au moment de son décès, le Baron de Mévolhon est conseiller municipal d’...
  • Qui se souvient d’une école militaire à Cachan ?
    C’est une photo à vendre sur un site Internet qui m’a incité à faire les quelques recherches qui suivent. Inauguration d’une annexe de l’école Breguet. « Le général Pierre Weiss a inauguré aujourd’hui l’école des mécaniciens radiotélégraphistes et électriciens...
  • Qui se souvient d’une école militaire à Cachan ? (2)
    A la sortie de Cachan, ces radiotélégraphistes sont dirigés vers Saint-Jean d’Angély pour y obtenir le brevet de radiotélégraphie au service des transmissions et de la navigation de l’armée de l’air. » « Cette organisation militaire est entraînée dans...
  • Un fils de François Vincent Raspail: Benjamin (2)
    En octobre 1885 , il est élu député au second tour. Il suit la même ligne politique que précédemment. Il dépose, à propos de l'évacuation des eaux d'égout de la capitale, un contre-projet qui comprend un canal de Paris à la mer. Il vote pour le rétablissement...
  • Un fils de François Vincent Raspail: Benjamin
    B enjamin meurt le 24 septembre 1899 à Cachan à l'âge de 76 ans, en ayant légué sa fortune au département de la Seine [1] pour installer dans sa propriété de Cachan un hospice réservé aux invalides du travail et un musée accueillant sa collection de tableaux...
  • Le Scandale des Briques à Cachan (3)
    En conclusion, d’après le rapporteur, « les documents et les chiffres ont surabondamment démontré que certaines négligences ou sympathies personnelles ont joué au détriment des finances de la commune ». La ville de Cachan aurait perdu 72 860 francs auxquels...
  • Le Scandale des Briques à Cachan (2)
    Les attaques de cette campagne ne sont que les prémices de ce qui va arriver au cours du mois de juin 1935. Rappelons ici que l’hôtel de ville qui vient d’être inauguré est l’aboutissement d’une déjà longue démarche. C’est le 28 mai 1930 que le choix...

Photos

Catégories