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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 14:43

 

 

 

LA RUE COUSTE EN 1926

La rue Cousté fait partie des anciennes rues de Cachan.

Elle est présente sur les plans d’Arcueil-Cachan de 1854. En 1926, elle démarrait rue Etienne Dolet pour se terminer rue Guichard.

Elle a été beaucoup plus longue auparavant. Elle est en grande partie parallèle avec la « rivière vive » de la Bièvre recouverte qui coule sur son côté impair, puis la Bièvre la coupe après un virage à 90° vers la gauche pour aller couler vers, puis, sous l’avenue Cousin de Méricourt.


Début 2008, à l’occasion de l’inauguration du centre socioculturel Maison Cousté, avec Annette Le Bonhomme, nous avions réalisé une brochure sur le Quartier Cousté. Mais nous ne disposions pas des données du recensement de 1926 ni des registres numérisés de l’état civil d’Arcueil-Cachan aujourd’hui accessible à tous sur le site Internet du Conseil Général du Val de Marne.

 

rue cousté

Les habitants de la rue.

En 1926, 304 habitants habitent rue Cousté dont  244 étaient en âge de travailler (143 femmes et 101 hommes). La plus ancienne des travailleuses déclarées lors du recensement a 80 ans. Il s’agit de Madame  Anne Grimaldi. Elle est née à Sainte Lucie de Moriani en Corse. Elle est domestique chez le Docteur Guérin (lui-même originaire de Corse) qui est installé au 20 rue Cousté.

 

Selon l’Indicateur Officiel Banlieue « Arcueil-Cachan », 18 entreprises sont implantées dans la rue dont 16 sont des blanchisseries, 14 sont installées du coté impair de la rue (c’est à dire du coté de la Bièvre). S’ajoutaient le café-restaurant Aliard au n° 11 et le Cabinet du Docteur Guérin au n° 20.

Dans la rue, seul le cabinet de ce médecin dispose du téléphone, (le n° 121) à cette époque.

 

Parmi les 224 habitants de la rue en âge de travailler, 160 sont nés en Ile de France (71%) dont 81 à   Arcueil-Cachan, 8 dans le reste du Val de Marne, 33 à Paris. 82 sont nés en province et 2 de ces cachanais sont nés en Europe. Une en Pologne, il s’agit de Mademoiselle Kladin, elle a 24 ans, elle est domestique chez le Docteur Guérin.

L’autre, Madame Soligny est née en Suisse. Elle déclare la profession de journalière comme son mari, lui aussi journalier.

Parmi les 143 femmes de la rue, 93 sont mariées. Parmi elles, il y a onze veuves « chef de famille », (la guerre de 1914/18 n’est pas très loin).

 

La plus âgée des veuves a 75 ans, la plus jeune, 37 ans. Il y a aussi huit autres veuves qui habitent chez un de leurs enfants, elles ne travaillent plus.

Sur ces onze veuves « chef de famille », une est déclarée comme étant « patron blanchisseur», c’est Madame Veuve Roudier au n° 27 de la rue Cousté. Ensuite, huit de ces veuves sont blanchisseuses, trois travaillent dans des blanchisseries installées rue Cousté. Puis, trois autres n’ont pas d’employeurs déclarés comme beaucoup des blanchisseuses qui travaillent à la journée. Le plus souvent, elles ont des « employeurs multiples ».

Les autres travaillent dans d’autres blanchisseries de Cachan ou des communes voisines. Pour les deux autres veuves « chefs de famille », l’une est couturière, l’autre journalière.

Pour l’ensemble de ces 143 femmes, 75 d’entre-elles sont blanchisseuses. Parmi elles, seize sont « patronnes ». Elles sont toutes mariées avec un blanchisseur lui-même « patron » de leur blanchisserie.

 

Puis trente autres femmes ont des employeurs divers dans des blanchisseries cachanaises ou autres. Plusieurs autres professions de femmes sont liées au « travail du linge » : six femmes sont couturières, deux sont faux-collières.  Puis nous avons des représentantes uniques de différents métiers du linge : casquettière, culottière, confectionneuse, fourreuse, lingère, repasseuse.

Ensuite, nous avons quelques femmes qui exercent d’autres métiers : quatre domestiques, trois journalières, deux manutentionnaires, une marchande de vins, une employée, une mécanicienne, et une jeune apprentie. Certaines travaillent dans des blanchisseries. Il y a aussi quarante femmes qui « sont au foyer ». Ce qui semble assez peu si nous comparons cette situation avec d’autres rues de Cachan en 1926.

Pour ce qui concerne les cent un hommes vingt sont considérés comme « patrons » parmi eux il y a dix-sept blanchisseurs. Mais il y a aussi un marchand de vins, un médecin, un houilleur. Dix-sept autres blanchisseurs ne sont pas patron mais plutôt « garçons blanchisseurs »  huit d’entre-deux ont un employeur fixe désigné dans les registres de recensement et neuf  autres ont des employeurs divers.

Les autres hommes de la rue ont des métiers qui n’ont rien à voir avec « les métiers du linge » en dehors d’un « coupeur de tissu ». Plusieurs parmi eux sont époux de blanchisseuses.

Nous trouvons cinq imprimeurs, cinq journaliers, quatre menuisiers, trois manœuvres, trois mécaniciens. Puis des représentants uniques de divers corps de métiers. En particulier le bâtiment avec des : cimentier,   charpentier, maçon, menuisier, zingueur.

Puis nous avons des employés : de banque, du chemin de fer, de librairie, des garçons de bureau. Nous avons un gardien de la paix et un professeur chez les fonctionnaires. Citons encore quelques autres métiers divers : bourrelier, cantonnier, charretier, chauffeur, cuisinier, emballeur, magasinier, tanneur, ou garçon de laboratoire. Un dernier métier à signaler est celui de  Monsieur Michel. Il est employé de l’octroi de Cachan. Il est chargé d’encaisser les taxes d’octrois pour une liste assez longue d’objets assujettis aux droits d’octroi : les boissons et liquides, les comestibles, les fourrages, les matériaux et divers objets parmi lesquels nous trouvons le savon pour six francs les 100 kilos. Les vernis, cirages, gommes ou résines pour 25 francs l’hectolitre et bien d’autres produits encore.                             

Nous avons vu que le nombre de personnes nées à Arcueil-Cachan est plus important dans la rue Cousté que dans d’autres rues cachanaises. Aussi, nous avons voulu savoir si cette implantation de Cachanais était ancienne en faisant quelques recherches dans les registres d’état civil sur les  « patrons blanchisseurs » de la rue. Seules les origines des hommes peuvent être étudiées car dans les registres de recensement, les femmes portent leur nom marital et non leur patronyme de naissance. Nous évoquerons ici seulement quelques familles.

Plusieurs générations de Blanchisseusesbotin

 

Au n° 1 de la rue se trouve la blanchisserie Chanevas :


Le patron, Jules Marius Chanevas est né le 8 avril 1888 au n°1 de la rue Cousté. Ses parents, Léonard Alphonse Chanevas et Laurence Joséphine Duval, sont tous les deux blanchisseurs. Son père 29 ans et sa mère 28 ans au moment de sa naissance. Sur son acte de naissance est cité comme témoin : Ursein Perseil (35 ans), blanchisseur. Jules Marius Chanevas   s’est marié le 17 juillet 1912 avec Marie Louise Tison née en 1888 à Thoygné, dans la Sarthe.

Son père, Léonard Alphonse Chanevas est né le 29 janvier 1859 au n°16 de la rue Bronzac (aujourd’hui rue Camille Desmoulins), à Cachan de Théodore Désiré Chanevas (37 ans) cultivateur, et de Flore Mélanie Heurteaux (30 ans) sans profession. Sur son acte de naissance est cité comme témoin son oncle : Jean François Chanevas (27 ans) Blanchisseur. Théodore Désiré Chanevas est né le 31 octobre 1821 de Jean Pierre Chanevas et de Jeanne Geneviève Blaure. Comme témoin nous avons Claude Pierre Chanevas, vigneron à Arcueil-Cachan.

Au n° 2 se trouve la blanchisserie Binard :

Le patron, Paul Henri Binard est né le 18 janvier 1891 au n° 21 de la rue des Tournelles à Cachan. Ses parents, Henri Auguste Binard et Désirée Charlotte Courteille sont blanchisseurs tous les deux. Son père a 25 ans et sa mère 23 ans au moment de sa naissance. Comme témoin sur son acte de naissance, il y a Louis Bernard, 52 ans, blanchisseur, qui est un de ses aïeuls paternels. Paul Henri s’est marié  à Châtillon le 26 août 1916 avec Denise Alphonsine Héloïse Crettè.

Les parents de Désirée Charlotte se sont mariés le 19 avril 1890. Au moment de leur mariage, ils habitent déjà au 2 rue Cousté. Sa mère, Charlotte Désirée Courteille est née le 30 août 1867 au n° 5 de la voie Creuse (aujourd’hui rue Marcel Bonnet) de Joseph Courteille (29 ans, serrurier) et d’Adélaïde Minard (28 ans, blanchisseuse). Adélaïde Minard est née le 5 février 1839 de Jean Léonard Minard (32 ans, carrier) et de Marguerite Dumont (28 ans, Maîtresse blanchisseuse).

 

Le père de Paul Henri, Henri Auguste Binard est né le 21 avril 1865 au n° 2 de la rue Cousté de Henri Binard (26 ans) et de Clémentine Lambert (21 ans), tous les deux sont blanchisseurs. Comme témoin de la naissance nous trouvons le sieur François Auguste Lambert, blanchisseur. Clémentine Lambert est née le 25 septembre 1844 du sieur François Auguste Lambert (23 ans) et de Clémentine Marguerite (23 ans) demeurant rue du Pont à Cachan. Tous les deux sont blanchisseurs. Comme témoins nous trouvons Denis Pépin (37 ans) maître blanchisseur à Cachan et Guérard Pierre maître blanchisseur à Gentilly. François Auguste Lambert est né le 1er octobre 1821 de François Lambert et de Joséphine Gilberte Beurrier. Les témoins sont Jean François Lambert (53 ans), vigneron qui ne sait pas signer et Jacques Beurrier (56 ans) vigneron, tous les deux d’Arcueil.

Au n° 7 se trouve la blanchisserie Beucher :

Le patron, Joseph Louis Beucher est né le 4 juillet 1891 au n° 27 de la rue Camille Desmoulins à Cachan. Ses parents, Ernest Zacharie Beucher et Adèle Alphonsine Pépin sont blanchisseurs tous les deux. Son père a 32 ans et sa mère 28 ans au moment de sa naissance. Comme témoin sur son acte de naissance, il y a Joseph Marie Pépin, 60 ans blanchisseur à Cachan, qui est son aïeul. Joseph Louis s’est marié le 25 févier 1918 avec Charlotte Amblard Adèle Alphonsine Pépin est née le 11 septembre 1863 au n° 27 de la rue Bronzac de Joseph Marie Pépin (32 ans) et de Françoise Adèle Guilleminault (32 ans). Les parents d’Adèle sont tous les deux blanchisseurs. Joseph Marie Pépin est né le 14 juillet 1831 de Jacques Claude Pépin (24 ans Maître blanchisseur) et de Marie Désirée Condamine (23 ans).

Ils sont domiciliés au « hameau de Cachant » selon le registre d’état civil.

Au n° 15 se trouve la blanchisserie  Roger :

Le patron, Anatole Henri Roger est né le 16 mai 1872 à l’Haÿ-les Roses. Ses parents, Henri Alexandre Roger (47 ans) et Désirée Berrois (32 ans) sont « entrepreneur en voitures publiques » ( ?) et couturière. Anatole Henri Roger s’est marié le 21 janvier 1893 avec Félicitée Marie Augustine Lacointe, née à Boulogne Billancourt. Ils sont tous les deux blanchisseurs au moment de leur mariage, l’épouse habite au n° 49 rue Camille Desmoulins. Les témoins du mariage sont Louis et Hyppolite Roger, frères du marié, tous les deux charretiers à l’Hay et Paul Lacointe, oncle de l’épouse, blanchisseur à Boulogne Billancourt (autre ville de blanchisseurs). Anatole Henri Roger, outre son métier de blanchisseur, avait la responsabilité de la fanfare de Cachan.

Les parents de Félicitée Marie Augustine Lacointe sont Pierre Augustin Lacointe (décédé en 1887 au n° 49 de la rue Camille Desmoulins) et Marie Eléonore Lefebvre, tous les deux blanchisseurs. Anatole Henri Roger a une fille, Berthe née le 23 mars 1901, elle épouse Léon Emile Jules Chuet, le 15 avril 1922, lui-même cuisinier. Il est né le 16 octobre1898. Avec son frère Max, leur fille Jeannine Eliane, née le 30 octobre 1924, a été blanchisseuse dès l’âge de 15 ans et jusqu’en 1974 dans la blanchisserie de leur grand père au n° 15 de la rue Cousté. Ensuite, elle travaillera hors de Cachan. Elle épouse Monsieur Robert Nicolas, tôlier en prototype. Aujourd’hui retraitée, elle nous raconte qu’en 1939 la blanchisserie avait trois camions dont un, « celui qui avait une publicité pour « la vache qui rit », a servi à toute la famille pendant l’exode ». Ou encore que : « Son grand-père qui livrait le linge avec des chevaux avait dû les abattre pendant la guerre. »

Au n° 17 se trouve la blanchisserie Lahir :

Le patron, Paul Adrien Lahir est né le 12 février 1897 au n° 11 rue Cauchy à Arcueil. Ses parents, Pierre Joseph Lahir et Marie Virginie Heinrich  sont  corroyeur et blanchisseuse. Paul Adrien s’est marié le 10 mai 1919 avec Marguerite Léonie Charton. Pierre Joseph Lahir est né le 21 avril 1845 au n° 2 de la route d’Orléans à Arcueil, de Pierre Lahir (45 ans, vernisseur sur cuir) et de Marie Anne Muller (38 ans, ménagère).

 

Au n° 19 se trouve la blanchisserie Mignon :

Le patron, Jules Eugène Désiré Mignon est né le 23 juillet 1884 au n° 30 de la rue Maurepas à Thiais. Ses parents, Eugène Louis Mignon et Louise Rosalie Lambert sont blanchisseurs. Son père a 32 ans et sa  mère 24 ans au moment de sa naissance. Sur son acte de naissance se trouve comme témoins, Louis Denis Duperrey (33 ans), blanchisseur à Cachan. Jules Eugène Désiré Mignon s’est marié à Arcueil-Cachan le 3 octobre 1908 avec Clémentine Adèle Bétencourt, née le 6 juillet 1884 au n° 28 rue du Pont à Cachan. Ses parents, Auguste Clément Bétencourt (30 ans) et Marie Françoise Pépin  sont tous les deux blanchisseurs. Ils se sont mariés le 7 septembre 1878. Leurs parents, pour lui, sont Jean Baptiste Betancourt et Marguerite Adélaïde Lambert, blanchisseurs demeurant au n° 8 rue des Tournelles et pour elle, Joseph Marie Pépin et Françoise Adèle Guilleminault, blanchisseurs demeurent au n° 27 de la rue Bronzac. Les témoins de leur mariage sont Auguste Lambert (57 ans) et Antoine Pépin (44 ans). Tous les deux sont blanchisseurs. La blanchisserie Beucher et la blanchisserie Mignon  avaient donc des patrons qui étaient cousins par alliance.

Au n° 25 se trouve la blanchisserie Verdier :

Le patron,  Louis Camille Adolphe Verdier est né le 23 mars 1888 au n° 14 de la route de Bourg la Reine à Cachan. Ses parents, Ferdinand Verdier (27 ans) et Marie Besnard (22 ans) sont blanchisseurs tous les deux. Sur son acte de naissance se trouve Auguste Brisson (44 ans), blanchisseur. Louis Camille Adolphe Verdier se marie le 23 avril 1911 avec Eugénie Pauline (née en 1890 à Arcueil) puis il se remarie le 10 avril 1920 avec Eugénie Brabant.

Au n° 27 se trouve la blanchisserie Roudier :

Le patron, Madame Veuve Roudier est née Amélie Naudin, le 31 décembre 1872 à Bagneux. Son père Emile Naudin était cantonnier au moment du mariage de sa fille. Il avait 57 ans, il habitait à Arcueil-Cachan au n° 75 de la route d’Orléans. Sa mère, Hortense Potel avait 57 ans. Amélie Naudin a épousé, le 26 mars 1894, Louis Joseph Roudier, né le 28 octobre 1871, il est blanchisseur. Elle est veuve depuis le 29 juillet 1902. En effet, son mari  est décédé à l’âge de 31 ans à son domicile au n° 28 de la rue Camille Desmoulins. Les parents de ce dernier, Camille Roudier et Marie Désirée Verdier demeuraient au n° 37 rue Camille Desmoulins à Cachan. Ils étaient, l’un et l’autre, blanchisseurs au moment du mariage de leur fils en 1894. Camille Roudier est décédé le 21 mars 1903 à Arcueil-Cachan, peu après son fils. Il y était né le 24 juillet 1837 de François Roudier, maçon.

Au n° 29 se trouve la blanchisserie Paysant :

Le patron, Jean Victor Paysant est né le 28 février 1880 au n° 27 de la Grande Rue (aujourd’hui rue Emile Raspail) à Arcueil. Ses parents Nicolas Joseph Paysant (39 ans) et Françoise Girard (33 ans) sont teinturier et blanchisseuse. Jean Victor Paysant s’est marié le 21 mai 1910 avec Augustine Dubosq.

Au n° 33 se trouve la blanchisserie Bruneau :

Le patron, Alexandre Joseph Bruneau est né le 28 décembre 1876 au n° 33 de la rue Cousté. Ses parents Paul Arsène Bruneau (28 ans) et Joséphine Marguerite Parrot (26 ans) sont tous les deux blanchisseurs. Alexandre Joseph Bruneau s’est marié le 27 mai 1905 avec Léontine Célestine Henry. Au moment du recensement, leur fille Marie Louise Juliette Bruneau, née le 17 février 1906 travaille dans l’entreprise familiale comme blanchisseuse.

Du fin ou du gros ?

Sans titre - 1 - copie

 

Selon pierre Larousse il y avait plusieurs sortes de blanchisseuses ou blanchisseurs :

«La blanchisseuse de fin, celle qui ne blanchit que le linge fin, comme bonnets de femmes, cols, cravates, fichus, chemises, etc. Le blanchisseur de gros, celui qui ne blanchit que du gros linge, les grosses pièces telles que draps, serviettes, torchons. »

Les documents consultés ne nous disent pas si nous avions dans la rue Cousté, des blanchisseries fines ou de gros sauf pour la blanchisserie Chanevas qui fit les deux. Nous pouvons seulement constater que l’essentiel de l’activité humaine de la rue était consacrée à la blanchisserie, cela sur plusieurs générations.

Activité qui, dès 1903, était mentionnée dans un ouvrage intitulé : « Les métiers qui tuent »

«Les blanchisseurs et blanchisseuses qui manient le linge souillé sont frappés en nombre considérable par la tuberculose». En 1878 on décrivait déjà ce travail : « le mercredi l’ouvrier, accompagné de tous les membres son ménage, transporte au moyen d’une voiture à cheval louée à cet effet, le linge qu’il avait reçu, la semaine précédente pour le blanchir. »


Une communauté ancienne.


Il s’agissait, au moment de la naissance de Cachan en 1923, d’une communauté installée sur plusieurs générations dont le poids et les traditions ont probablement marqué la rue pendant longtemps et dont on trouve les traces dans l’architecture de nombreux bâtiments.

Cela même si, comme le montre L.-L. Veyssière, les blanchisseries ont commencé à diminuer dès 1900.

De 120 au début du siècle, elles ne sont plus que 105 en 1923 sur Cachan. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une blanchisserie dans la rue Cousté.

En date du 26 février 1732, un édit royal de Louis XV fait « Défense aux blanchisseurs de lessive du faubourg Saint-Marcel de continuer leur blanchissage dans le lit de la rivière Bièvre ». En 1754, le Grand Maître des Eaux fixe par ordonnance une réglementation pour les industries fixées le long de la Bièvre, ainsi que les cotisations à payer par les blanchisseurs. Au XIXe siècle, la blanchisserie profite du démantèlement des grandes propriétés le long de la Bièvre pour continuer son développement.

La rue Coustè aurait-elle été créée sans ces événements qui ont repoussé les Blanchisseurs en dehors de Paris ?

C’est leur implantation le long des bras de la Bièvre qui a structuré notre centre ville avec des parcours de rues qui répondaient aux besoins d’implantations des blanchisseries. 

                   

Marcel BREILLOT


Cet article a été publié dans les "Chroniques du Val de Bièvre" N° 66, publié par les "Ateliers du Val de Bièvre" 9 rue Amédée Picard 94230 Cachan

Courriel: lesateliersduvaldebièvre@laposte.net

 

 



Cachan, mon village, Club Léo Lagrange, 1994

L’histoire du quartier est toujours exposée à l’entrée de la Maison Cousté.

Une histoire locale : La rue Cousté du centre-ville de Cachan, 2008, Maison Cousté, AGAESCC, Ateliers de la Bièvre, Ville de Cachan.

http://archives.cg94.fr/consultation/eta/img-viewer/etat-civil/94003

Collection de Paulette Boivin

L.-L. Veyssière, Blanchisseurs et Blanchisseuses d’Arcueil-Cachan, 1938.

Témoignage de Madame Nicolas Jeannine, sa petite-fille, blanchisseuse rue Cousté à Cachan jusqu’en 1974.

Le n° 19 est aujourd’hui le CSC Maison Cousté

Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIX siècle, 1863-1873

Les métiers qui tuent, Léon  et Maurice Bonneff, Bibliothèque d’études ouvrières, 1903.

Les Ouvriers de l’occident, F. LE PLAY, 1878, tome 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 22:02

  En 1926, la rue Etienne Dolet est plus longue que celle que nous connaissons aujourd’hui.

   Elle commence alors au pied de la rue de la Citadelle et elle se termine rue du Moulin de Cachan. En effet à cette époque, la rue des Tournelles s’appelle aussi : rue Etienne Dolet.

 

  Edolet.JPG

  

A cette date, prés de 10% des Cachanais y habitent.

Cachan comporte 9 829 habitants dont 929 sont  dans cette rue.

 Parmi ces 929 personnes, il y a  les 221 pensionnaires de la maison de retraite Saint Joseph qui sont comptés à part dans le recensement et dont nous ne parlerons pas dans cet article.

 Sans eux, parmi les 708 habitants restants de la rue, nous  trouvons 552 jeunes ou adultes en âge de travailler ou ayant cessé une activité professionnelle, dont 315 femmes et 237 hommes. Il y a aussi 156 enfants ou adolescents.

 

  Parmi ces 552 habitants, nous avons 221 de ces cachanais sont nés en province et 174 en Ile de France.       

  Chez ces derniers, 122 sont nés dans le Val de marne dont 104 à Arcueil-Cachan.

  Chez les natifs de nos 2 communes, il y a 62 femmes et 42 hommes.

  Par ailleurs, il y a 12 personnes d’origines étrangères : 4 italiens, 4 russes, 3 tchèques, 1 belge, 1 suisse.

  Dans cet ensemble d’habitants de la rue, il y a 214 « chefs de famille » pour 154 « épouses ».

  La différence est due aux 23 veuves et 15 veufs également chefs de familles vivants seuls ou avec des enfants, mineurs  ou  majeurs, ou avec des amis.

  Il y a aussi 4 divorcés chefs de famille et 5 autres qui vivent seuls.

  Par ailleurs, il y a 153 célibataires jeunes adultes ou adultes qui vivent soit chez leurs parents ou chez leurs employeurs.

  Il y a parmi ces célibataires, les employés et les religieuses de la maison de retraite. Par ailleurs, nous trouvons dans la rue  3 domestiques et une gouvernante. Vivent aussi dans leurs familles, 2 étudiants de l’Ecole des Travaux Publics et 4 apprentis.

 

Une institution importante. La différence entre le nombre de femmes et d’hommes est liée à la présence de la maison de retraite Saint Joseph.

En effet, en 1926,  47 personnes y travaillent et  habitent dans l’institution au 7 rue Etienne Dolet.

Nous trouvons, sous la direction de Sœur Péricault, 22 religieuses et 24 employés laïcs. Pour le recensement, « l’employeur » des religieuses est la congrégation Saint Vincent de Paul.


Saint-Joseph.JPG

 

Les 3 religieuses les plus âgées ont 64 ans et la plus jeune a 27 ans.

  Leur supérieure, Sœur Péricault est déclarée comme étant « patron » ou « employeur » des 24 laïcs qui ont déclarés comme profession : « employé de la maison de retraite » lors du recensement.

  Parmi eux, il y a 20 femmes et 4 hommes.

  Chez les femmes, il y a 1 veuve, 1 divorcée, 1 femme mariée et 19 célibataires. La plus âgée, Madame Veuve Mercier a 70 ans et la plus jeune, Mademoiselle Doubet a 21 ans.

  Chez les 4 hommes, il y a un veuf, Monsieur Gés, il a 66 ans, 2 célibataires et un homme marié.

  Il y a aussi un couple qui habite sur place, Eulalie Marie Margueritte et Edouard Marie Le Bouillonnec, tout  travaillant dans l’institution. Ils ont  27 et 24 ans, ils sont tous les deux  nés en Bretagne  à Maël-Pesteven.       

  Leurs parents, Roland et Léonardie pour lui et Jean et Anne Marie pour elle,  y étaient laboureurs pour les pères et ménagères pour les mères.


  Aucune des personnes de la rue,  nées à Arcueil-Cachan, ne  travaille à la maison de retraite.

  Nous avons donc 44 personnes qui travaillent au service des 221 pensionnaires de cette maison de retraite Saint Joseph.

 

   Des femmes « patrons ».

  Parmi les femmes de la rue nous en trouvons 40 qui sont déclarées comme « patronnes » alors que les hommes sont 47 patrons.

  En général, les épouses et les époux dirigent la même entreprise artisanale.

  Parmi ces dernières, 25 d’entre-elles sont des blanchisseries.

  Il y a 3 femmes, dont une veuve, qui  sont l’unique « patron » de leur blanchisserie. La veuve est Madame Augustine Rose Bagot, née le 12 novembre 1856,  rue du Pont à Arcueil-Cachan. Son père, Pierre louis Moreau, est carrier, sa mère, Françoise Marie Longuet est blanchisseuse.

Son Mari Alexandre Julien Bagot est né le 18 mars 1850, il est bijoutier. Il est décédé le 18 septembre 1915.  

  Elle a comme « employés  blanchisseurs » son fils Julien Louis, né 13 mai 1891 au n° 8 rue des Tournelles à Cachan et sa bru Yvonne Marie Fagedet, Ceux-ci se sont mariés le 8 décembre 1915 à Malakoff.

 

 bl.JPG

   Parmi les blanchisseries dont un des deux « patrons », (c’est a dire l’époux ou l’épouse), est né à Arcueil-Cachan, nous trouvons les blanchisseries : Afchain, Amblard,  Bagot, Boulet, Charton, Cornut, Duruble, Fontaine, Gaulthier, Harmand, Hanriot,  Hiel,  Josse, Lazardeux, Moche, Nadot, Perrin,  Scheffer, Schaefer, Sout.

  Soit 20 blanchisseries tenues par des natifs de la commune sur les 29 blanchisseries implantées dans la rue.

  Parmi eux, Eugène Louis Schaefer est né le 20 mars 1888, au 27 de la rue Cousté, de Wilhelm Schaefer, blanchisseur, âgé de 25 ans et de Virginie Bordier, blanchisseuse, âgée de 23 ans.

  Eugène Louis vient d’être élu conseiller municipal de Cachan en mai 1925, à l’âge de 37 ans. Son père Wilhem, né le 14 février 1864 au n° 2 de la route d’Orléans, était  lui-même  blanchisseur et conseiller municipal d’Arcueil-Cachan en 1903, avec Louis-Grégoire Veyssière comme Maire.

 En 1903, le conseil municipal comprenait 5 blanchisseurs [7] (tous de Cachan) sur 28 membres ; 4 d’entre eux étaient installés rue Etienne Dolet.

  Nous mesurons ici, l’ancrage ancien et important de ce métier sur notre territoire communal.

 

  Les « métiers du linge » et les autres.

  Chez les autres patronnes, nous trouvons d’autres « métiers du linge ». Madame Ardouille est giletière, Madame Aubernon, mercière ; Madame Longe, modiste ; Madame Hanriot, couturière ; Madame châtelain entretient  les  faux-cols.

  Chez les hommes patrons en plus des blanchisseurs, nous avons également des métiers du linge : Monsieur Roland est teinturier, Messieurs Gentil et Boissonade sont tailleurs, Monsieur Châtelain entretient les faux-cols avec son épouse.

 

  D’autres patronnes ont d’autres métiers. Nous avons  2 marchandes de vins, 1 épicière, une doreuse, une maraîchère.

  Puis, chez les hommes, nous avons : 2 artistes peintres, Messieurs Mazurier et Lovati ; 1 boucher, 2 chauffeurs, 2 cordonniers, 1 doreur, 2 épiciers, 1 loueur de voitures, 1 maraîcher, 1 marchand de vins, 3 mécaniciens, 1 menuisier, 1 plombier.

  Rappelons ici que la plupart de ces « patrons » hommes ou femmes sont souvent  de tous petits artisans qui n’ont pas de salariés permanents.

Mais nous trouvons aussi des blanchisseries qui ont plusieurs employés déclarés.

  La blanchisserie Josse a 12 employés qui habitent Cachan, puis nous trouvons la blanchisserie Bagot : 6 employés, Charton : 5, etc.….

  Par ailleurs, beaucoup de  personnes habitant  la rue se « louaient » à la journée en particulier les garçons blanchisseurs ou les blanchisseuses. Ils n’ont donc pas de patron déclaré ou permanent au moment du recensement.

 

  D’autres habitantes sont déclarées sans emploi, notamment les 77 épouses qui sont mères de famille et « femmes au foyer ».

 

  Parmi les autres habitants de la rue, la plupart ont des métiers  qui sont semblables à ceux que nous avons rencontrés dans nos précédents articles sur les rues de Cachan en 1926.

  Cela dit nous rencontrons quelques métiers plus rares comme celui de  Monsieur Fauxpoint qui exerce la profession d’orthopédiste. 

   Pour terminer, faisons connaissance avec l’habitant le plus âgé de la rue en 1926.
  Il s’agit de Monsieur Bernard  Louis Guillaume.
  Il  a 77 ans,  il est né le 22 juillet 1846
au n° 6 de la Grande Rue d’Arcueil.Son père, Guillaume Bernard est carrier, il a 27 ans au moment de la naissance de Louis Guillaume. Sa mère, Jeanne Chatelain a 22 ans, elle est sans profession.


  En 1926, la rue Etienne Dolet, qui semble être une des voies parmi les plus anciennes de Cachan, comprenait donc un employeur important : la Maison de retraite Saint Joseph qui aujourd’hui est toujours une institution reconnue de Cachan et par ailleurs, 25 blanchisseries, dont il nous reste seulement les bâtiments si caractéristiques, y étaient implantées souvent en parallèle avec celles de la rue Cousté mais de l’autre côté de la Bièvre.

Ces deux rues étaient probablement parmi les plus besogneuses ou industrieuses de notre jeune commune.


Cet article a été publiè dans " les Chroniques du Val de Bièvre" n°65

La revue peut être commandée à : Ateliers du Val de Bièvre, 9 rue Amédée Picard  94230 CACHAN

Prix: 3 €uros

contact: lesateliersduvaldebievre@laposte.net



Étienne Dolet est mort le 3 août 1546 sur la place Maubert à Paris, brûlé comme hérétique; il avait alors 37 ans. Il était devenu imprimeur à Lyon. « Ses opinions théologiques et la tournure satirique de son esprit l'avaient fait mettre plusieurs fois en prison » Voir l’article de A.  Le Bonhomme, Chroniques du Val de Bièvre, n°43,

Voir l’article de M. Valletta,  Chroniques du Val de Bièvre, n°40;

Recensement de 1926, Archives municipales de Cachan

 Voir : « Les sœurs de la charité », A.B et P.B, Chroniques du Val de Bièvre N° 59, 2008

Archives municipales, ville de Cachan, Recensement 1926 : (consignes pour les recenseurs): Pour les patrons, chef d’entreprise,  ouvrier à domicile, inscrire en colone13 : Patron

Pour les employés ou ouvriers : indiquer le nom du patron  ou de l’entreprise qui les emploie.

J.E. Auclair-Melot, « Arcueil et Cachan », indicateur officiel, 1927.

Messieurs : Betencourt, Chevanne, Dubois, Goussaut, Schaefer.

Le Monument National, commune d’Arcueil-Cachan, site http://gallica.bnf.fr/

En Juillet 1849,  Victor Hugo  prononce  un Discours à l'Assemblée Constituante, "La misère, cette chose sans nom"

  Aujourd’hui : rue Emile Raspail,  rue Marius Sidobre, Henri Barbusse.

L’association « Monsieur Vincent » qui gère la résidence Saint Joseph, accueille 163 personnes âgées autonomes ou non,

Son siège est au 3, bis rue des Tournelles. Elle a été créée en 1994 par la Compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul et l’association de l’Hôpital Saint Michel-Saint Vincent.

L’association aujourd’hui :
- gère une quinzaine de résidences et services de soutien à domicile.
- emploie 700 salariés au service des personnes âgées.

 

 

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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 16:21


 Un récent jeu de piste[2] dans nos deux communes avait pour thème les métiers anciens des Arcueillais et des Cachanais.

Cela  m’a incité à regarder ce qu’étaient ceux-ci dans les registres d’état civil [3] de nos  communes.

Après une consultation rapide des registres numérisés [4], j’ai  dépouillé l’ensemble d’une année civile pour connaître ce qu’étaient ces métiers. Cette démarche étant assez longue, je présente ici seulement une année : 1898, soit il y a 110 ans.


Ces registres d’état civil, font partie de notre patrimoine commun accessible à tous.

Ils comprennent l’enregistrement des naissances, des mariages et divorces, des décès.

Il est  possible d’y relever les noms des personnes mentionnées, qu’elles soient directement concernées par un acte d’état civil ou bien seulement témoin de l’événement acté, il y a également leur âge, profession, adresse.

Cette dernière mention permet de savoir où elles résidaient. Rappelons ici que Arcueil et Cachan étaient une seule et même commune en 1898.[5]


En 1896, Arcueil-Cachan comptait 7064 habitants[6], les registres de 1898  permettent de connaître les métiers de 940 personnes, soit environ 20% de la population en âge de travailler.

Nous citerons ici les métiers ayant plus d’un représentant par registres dans chaque commune.

 

Les registres de mariages :

Ceux-ci permettent  de connaître les métiers des mariés ainsi que ceux de leurs 4 témoins lorsqu’ils résident eux mêmes dans nos villes.


En 1898, il y a eu 58 actes comprenant 6 divorces et 52 mariages. Cette année là, parmi les  épouses, 29 habitaient Arcueil et 23 à Cachan, 15 d’entre-elles étaient nées à Arcueil-Cachan, 19 en Ile de France, les autres étant nées dans différents départements français.

Chez les époux, 20 hommes résident à Arcueil, 10 à Cachan, seulement 7 d’entre eux sont nés à Arcueil-Cachan,  22 en Ile de France, les autres étant nés dans le reste de la métropole.

 

Les métiers des conjoints au moment du mariage :

Les épouses :

Elles étaient majoritairement blanchisseuses, pour 18 d’entres elles. Ensuite, viennent 7 journalières, 5 cuisinières, 4 couturières, 4 domestiques, 2 jardinières,


Les époux :

Nous trouvons 7 employés dont 2 du commerce, 1 des chemins de fer, 1 des omnibus, puis  4 blanchisseurs, 4 cultivateurs, 4 charcutiers, 3 mécaniciens, 2 jardiniers, 2 journaliers, 2 menuisiers, 2 teinturiers, 2 typographes, puis viennent 23 métiers avec un seul représentant. (Voir le tableau à la fin de cet article)

 

Les épouses habitant Arcueil :

Elles étaient 7 blanchisseuses, viennent ensuite, 7 journalières, 3 cuisinières, puis 6 autres métiers ont une seule représentante. D’autres part, 6 de ces  femmes sont déclarées sans profession au moment de leur mariage.


Les épouses habitant Cachan :

Elles étaient 11 blanchisseuses. Ensuite, viennent 3 couturières, 3 domestiques, 4 autres métiers ont une seule représentante. Puis, 2 de ces  femmes sont déclarées sans profession au moment de leur mariage.

 

Les époux habitant Arcueil :

Nous trouvons, 3 charcutiers 3 employés dont 1 des chemins de fer, 2 teinturiers, puis viennent 12 métiers divers avec un seul représentant.


Les époux habitant Cachan :

Il y a 2 blanchisseurs puis 10 époux représentent chacun  1 seul métier.

 

Les registres de naissances :

Ils indiquent l’age, la profession, la résidence des parents de l’enfant qui vient de naître ainsi que celle des 2 témoins qui signent l’acte de naissance. Ces derniers sont presque toujours des hommes.

Les registres de 1898 comportent 190 actes dont 2 reconnaissances de maternité, 110 naissances à Arcueil et 78 à Cachan. Il y a parmi eux 9 enfants nés de pères inconnus.

Les métiers de 611 personnes résidantes dans nos 2 communes peuvent y être relevés dont 374 pour Arcueil et 237 pour Cachan.

 

Les métiers des mères de Arcueil :

Sur 105 femmes, 32 mères sont blanchisseuses, 15 sont journalières, 9 couturières, 4 sont marchandes de vins avec leurs maris, 3 femmes sont  ménagères, 2 bouchères, 2 domestiques,  2  d’entre elles sont « nourrisseurs »,  puis viennent 10 métiers avec une seule représentante.

Par ailleurs, 27 mères sont déclarées sans professions au moment de la naissance de leur enfant.


Les métiers des mères de Cachan :

Sur 78 femmes, 40 mères sont Blanchisseuses, 4 sont couturières, 3 journalières,  ensuite nous avons 11 métiers qui concernent une seule  femme.

D’autre part, 20 mères sont déclarées sans profession.

Pour l’ensemble des mères blanchisseuses, tant sur Arcueil que sur Cachan, seulement la moitié d’entres elles ont un mari blanchisseur.


Les métiers des pères de Arcueil :

Les métiers des 97 pères d’Arcueil sont très diversifiés[7]. Nous avons tout d’abord 15 journaliers, puis 6 employés (dont  2 du commerce et 1 des chemins de fer), viennent ensuite 5 boulangers, 4 blanchisseurs, 4 corroyeurs,  4 teinturiers, 4 terrassiers, 3 charretiers, 3 jardiniers, 3 marchands de vins, 3 nourrisseurs, 2 argileurs, 2 bouchers, 2 champignonnistes, 2 domestiques, 2 horticulteurs, 2 imprimeurs, 2 menuisiers, auxquels s’ajoutent 6 professions pour un seul des pères.


Les métiers des pères de Cachan :

Sur 77 pères, nous trouvons 26 blanchisseurs, puis 6 employés dont 2 des chemins de fer, 1 de banque, 1 du commerce. Ensuite, nous avons 4 maçons, 2 ajusteurs, 2 apprêteurs,  2 boulangers, 2 charcutiers, 2 corroyeurs[8], 2 cultivateurs, 2 marchands de vins, 2 mécaniciens, auxquels s’ajoutent 25 métiers avec un seul représentant parmi les pères.

 

Les registres de décès :

Il y a eu 212 décès à Arcueil-Cachan en 1898 dont  82 enfants ou jeunes de moins de 20 ans et 130 adultes. 74 de ces décès ont eu lieu à Cachan dont 32 décédés au 7 rue des Tournelles, adresse de l’asile pour vieillard, aujourd’hui résidence Saint Joseph, qui sera repris par la Congrégation des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul en novembre 1898[9]. Parmi  ces 32 décédés seulement 2 d’entre eux étaient nés à Arcueil - Cachan.

 

Les métiers des femmes décédées à Arcueil :

Chez les femmes décédées, il y a 7 blanchisseuses, 4 journalières, puis 3 métiers avec un seul représentant. Il y a également 11 femmes déclarées sans profession au moment de leur décès.


Les métiers des hommes décédés à Arcueil :

Il y a  2 carriers, 2 employés, 2 marchands de vins, 2 maçons, puis s’ajoutent 18 métiers avec un seul représentant. 2 hommes sont déclarés sans profession au moment de leur décès.

 

Pour Cachan, les métiers des 32 décédés au 7 rue des Tournelles ne sont pas pris en compte dans les chiffres ci-dessous.


Les métiers des femmes décédées à Cachan :

Chez les femmes décédées, il y a 10 blanchisseuses, 2 couturières puis 2 métiers avec une seule femme. Il y a également 7 femmes déclarées sans profession au moment de leur décès.


Les métiers des hommes décédés à Cachan:

Il y a 6 blanchisseurs, 3 cultivateurs, 2 journaliers, puis 12 métiers avec un seul représentant. 3 hommes sont déclarés sans profession.

 

Les témoins aux mariages  et naissances:

 

Ceux-ci sont presque toujours des hommes. Ils sont parents, amis ou voisins des mariés ou des pères et mères des nouveaux nés.


Pour Arcueil :


Plusieurs témoins sont des commerçants ou artisans qui habitent rue Raspail prés de la mairie de cette époque devenue aujourd’hui le centre Marius Siborde.


Les témoins dont le métier est  le plus représenté est celui des 25 blanchisseurs, essentiellement rue Cauchy,  ensuite viennent 22 marchands de vins souvent rue Raspail, puis 9 employés et 9 journaliers, 8 boulangers, 6 champignonnistes, 6 charretiers, 5 carriers, 5 charcutiers, 5 serruriers,  5 teinturiers, 4 jardiniers, 4 maraîchers,  4 nourrisseurs, 3 apprêteurs sur étoffes, 3 cordonniers, 3 épiciers, 3 peintres dont 1 en voiture,  3 terrassiers, 2 argileurs,  2 bijoutiers, 2 bouchers, 2 coiffeurs, 2 corroyeurs, 2 libraires, 2 maçons, 2 maréchal-ferrants, 2 menuisiers, 2 pâtissiers,  2 voituriers.

Puis, viennent des 29 autres métiers représentés par un seul témoin.


Pour Cachan :


Les témoins blanchisseurs sont 40, ils résident principalement dans 3 rues : Les tournelles (aujourd’hui Etienne Dolet), Cousté, Camille Desmoulins.


Ensuite, nous trouvons 6 employés du commerce et 6 marchands de vins, 5 jardiniers, 3 mécaniciens, 3 treillageurs, 2 boulangers, 2 charretiers, 2 charrons, 2 cochers, 2 maraîchers, 2 menuisiers, 2 serruriers, 2 voituriers.


Puis, viennent les 20 autres métiers représentés par un seul témoin.[10]

D’autre part, 2 témoins de plus de 60 ans déclarent

être rentier et celui qui à 80 ans est déclaré étant sans profession.

 

Pour conclure :

Les registres d’état civil de nos  deux communes en 1898, nous montrent  que parmi les Arcueillais et surtout les Cachanais  prés de 200 personnes exerçaient le métier de blanchisseuses ou blanchisseurs.

Ce qui est considérable pour une seule année d’actes d’état civil!

Les métiers des hommes sont très nettement plus diversifiés que ceux des femmes.

Ensuite, de nombreux métiers d’artisans ou commerçants sont présents dont beaucoup marchands de vins.


Par ailleurs, il y a des différences assez importantes sur l’implantation des métiers entre Arcueil et Cachan. Il y a plus de journaliers et d’employés à Arcueil.


Si des métiers nouveaux  apparaissent comme « peintre en voiture », il y a aussi de nombreux métiers qui vont complètement disparaître : Argilleur, Carrier,  Champignonniste, Cocher, Cultivateur, Glaisier,  Maraîcher, treillageur, voiturier, etc.….


Cela dit, en consultant les registres paroissiaux de 1698, soit 200 ans plus tôt, nous pouvons constater  que le premier mariage de 1698 est celui d’un meunier dont les parents comme ceux de son épouse, sont des vignerons de la paroisse Saint Denis d’Arcueil, métiers qui ont également disparus en  1898.

 

L’histoire de nos deux communes a été marquée par ces métiers, par exemple, de nombreux  blanchisseurs étaient conseillers municipaux jusqu’en 1923. Celle-ci est encore  inscrite dans les architectures des immeubles le long des anciens bras de la Bièvre ou encore dans nos sous-sols souvent percés par les galeries des  anciennes carrières ou encore par la Bièvre couverte.


Cet article a été publié dans le N° 61 des "Chroniques du Val de Bièvre"

Cette revue peut être commandée à: lesateliersduvaldebievre@laposte.net

au prix de 3 €uros le numéro.



  

 

 


[1] Cette année là, H. G. Wells publie : « La guerre des mondes », E. Zola :« J’accuse » et J. Jaurès :«  Les preuves »

[2] Organisé par Arcueil-animation et les Ateliers de la Bièvre, le 21 septembre 2008.

[3] Registres paroissiaux avant 1791.

[4] http://www.archives94.fr/consultation/eta/search-form.html

[5] La séparation a eu lieu en 1923, elle a été prononcée par une loi du 26 décembre 1922.

[6] Dont 3546 enfants ou célibataires, 2894 femmes et hommes mariés, 609 veufs, 15 divorcés. Parmi eux, il y avait 162 étrangers.

[7] Le nombre de père est inférieur  du fait des enfants nés de père inconnu

[8] Corroyeur : Celui qui corroie le cuir, qui l'assouplit après le tannage.

[9] Chroniques du Val de Bièvre n° 59, Les sœurs de Charité à Cachan, A. B. & P. B.

[10] Tableau des 80 métiers ayant un représentant unique (femme ou homme) dans au moins un des registres d’état civil sur une des communes.

 

Appareilleur

Appariteur

Apprêteur sur étoffes

Artiste dramatique

Brasseur

Brocanteur

Briquetier

Brocheur

Cafetier

Camionneur

Clicheur

Caissier

Charron forgeron

Chaudronnier

Charpentier

Cabaretier

Cartonnière

Cimentier

Couvreur

Courtier en Vins

Cocher

Comptable

Chef de gare

Commis grainetier

Chef de  laboratoire

Directeur maison  santé

Dessinateur Lithographe

Directeur d’école

Distillateur

Doreur

Découpeur carton

Doreur sur cuir

Ebéniste

Emballeur

Fleuriste

Electricien

Fabricant de crochet

Fondeur

Garde cantonnier

Graveur typographe

Garçon brasseur

Garde champêtre

Gendarme

Glaisier

Horticultrice

Industriel

Instituteur

Ingénieur agronome

Livreur

Lingère

Laitier

Mouleur

Mélissier

Mineur

Maréchal des logis

Négociant

Opticien

Papetière

Plombier

Palefrenier

Puisatier

Professeur

Plumassière

Relieur

Représentant commerce

Repasseuse

Restaurateur

Sellier

Sage-femme

Secrétaire de mairie

Sertisseur

Toupilleur

Tonnelier

Tourneur sur bois

Tourneur sur fer

Vétérinaire

Vernisseur sur cuir

Vidangeur

Voyageur  commerce

Vernisseur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 09:37

Cousin de Méricourt, à Cachan, c’est une avenue, mais aussi un établissement du Centre d'Action Sociale de Paris (CAS).

 Ces deux  entités, l’avenue et l’institution, ont déjà été présentées[1] dans de précédents numéros des « Chroniques du Val de Bièvre ».


Le recensement de Cachan en 1926 nous apporte quelques compléments d’informations tant sur les habitants de l’avenue que sur ceux qui travaillaient au sein de la maison de retraite.

L’avenue Cousin de Méricourt est une avenue assez récente de Cachan qui a  été appelée en 1901, avenue de la Convention. Sur les plans anciens de Cachan, elle n’existait pas puisque la propriété de Madame de Méricourt s’étendait du chemin du Bateau (aujourd’hui rue de Provigny) à la  rue des Tournelles.


Madame Anaclette Julie Delinthe, fille d’un riche orfèvre, Veuve de Jean Elizabeth Barthélemy Cousin de Méricourt, [2] était propriétaire du Fief des Arcs par « une sentence de l’audience des criées du tribunal  civil de la Seine en date du 12 mai 1790. »[3] Elle est décédée le 21 juillet 1857. [4]

       Sa fille, Anaclette Élisabeth Cousin de Méricourt épouse de Louis ­Édouard Besson, elle reçut la propriété en succession. Leur fille Palmyre Anaclette Besson, épouse de Alexandre André de Provigny, légua par un testament du 29 juin 1907, la propriété au profit de l’Assistance Publique.


En 1923, le 30 juillet par arrêté préfectoral, l’Assistance Publique est autorisée à céder la partie droite de l’avenue (en allant du centre de Cachan vers l’aqueduc) à la « Société Parisienne d’Habitation »  crée par messieurs Lorin et Parenty. Ils proposent d’en faire un lotissement approuvé par arrêté préfectoral du 2 novembre 1927. Auparavant cette partie était devenue un jardin-ouvriers.

La rue du Fief des Arcs qui suit l’ancien lit de la rivière n’était  pas encore crée en 1926 au moment du recensement. Sur un plan publié en 1935, on voit déjà de nombreux pavillons sur le côté droit de l’avenue.

 

L’avenue Cousin de Méricourt  est construite au dessus de la galerie où est enterrée la Bièvre à partir de 1900. « En 1936, j’ai eu à démolir une partie du 1er lot de couverture de la rue Cousin de Méricourt pour la refaire en béton armé » disait M. Tayart, entrepreneur à Cachan.[5] Puis, cette galerie a été refaite en 1956 et 1967.

 

 

En 1926, 125 personnes  sont dénombrées comme résidantes dans l’avenue Cousin de Méricourt. 

Parmi elles, nous en trouvons 94 qui sont en âge de travailler. 

Seulement, 3 d’entre-elles  sont nées à Arcueil - Cachan. C’est le cas de  Madame Vaudicourt, couturière à domicile.

Dans les professions de ces cachanais, nous repérons, une artiste peintre, épouse  d’un professeur. Monsieur le professeur Boucher et sa femme  vivent avec  un domestique qui habite  chez eux.

Il y a aussi un Mégissier[6]et son épouse, ils ont 2 enfants qui travaillent, l’un est mécanicien, l’autre manutentionnaire.

Un couple d’artisan boucher et leur domestique, mais aussi, 3 étudiants dont 2 sont d’origine étrangère, un Grec et un tunisien. Il y a également, une blanchisseuse, un zingueur, une couturière et une apprentie modiste  habitant dans  l’avenue. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


















Par ailleurs, 44 personnes travaillant à la Fondation  Cousin de Méricourt  habitent dans cet établissement. Les pensionnaires de cet hospice sont comptés à part dans le recensement.

L’hospice de la Fondation Cousin de Méricourt et Besson est installée à Cachan dans le parc  légué à l'Assistance publique (A.P.) par Madame de Provigny.

 













Par décret  du président de la république du 8 septembre 1909, l'administration avait reçu l'autorisation d'accepter ce legs « Provigny ». Les travaux de construction des pavillons commençaient alors sous la conduite de l'architecte Bélouet.

L'administration de l’Assistance Publique avait pu les engager grâce au legs de 10 millions de francs qui accompagnait la propriété.

Le terrain du « château du Fief des Arcs » devient donc une maison de retraite qui fut ouverte en octobre 1913, elle accueillait 220 personnes âgées.


En 1926,  parmi les 44 personnes travaillant et  habitant sur place, nous trouvons 28 femmes et 16 hommes  employés par l’institution. Il y a 8 couples,  pour 7 d’entre eux, les 2 conjoints  travaillent  au sein de l’établissement. La plupart des  autres salariés sont des célibataires.

Aucune des personnes qui travaillent  pour la Fondation  n’est originaire de Arcueil-Cachan. 11 sont nées en Ile de France dont 8 à Paris, 2 dans le Val de marne. Les 33 autres sont nées en province.

Au sein de ce groupe de salariés, 13 ont entre 20 et 30 ans, 14 ont entre 31 et 40 ans, 10 ont entre 41 à 50 ans, 7 ont entre 51 et 71 ans. La plus âgée est Me Choblet. À 71 ans, elle  déclare être servante à l’hospice. Les 2 plus jeunes sont « garçons de service », ils ont 20 ans. Ce sont Messieurs Bouéda et Daret.

Parmi les employés habitant sur place, nous trouvons 6 infirmières et 4 infirmiers, 17 servantes, 7 garçons de service, 4 filles de service, 1 économe, 1 gardien, 1 mécanicien, 1 agent et 1 préposé administratifs, tous salariés de la Fondation. Un retraité de l’A.P. habite encore dans son logement de fonction. L’économe de la maison de retraite et son épouse, Monsieur Amette emploient un domestique, Monsieur Campion. Il habite chez ses employeurs.


En 1960, l'établissement abritait 256 lits voués à l'hospitalisation des vieillards. Puis un décret du ministère de la Santé publique en date du 30 décembre 1972 stipule le rattachement de la maison de retraite Cousin de Méricourt au Bureau d'Aide Sociale de Paris. Les anciens batiments et la chapelle ont  été détruits en 1976 pour céder la place à la reconstruction de l’établissement actuel.

 

Aujourd’hui, La résidence Cousin de Méricourt est un EHPAD[7] d’une capacité de 366 lits dont 85 sont des unités de vie protégée (UVP). La résidence de l’Aqueduc est un foyer logement de 81 studios. La résidence est constituée de 10 bâtiments avec 298 chambres individuelles, Les deux établissements sont situés au sein d’un parc, propriété du C.A.S. de la ville de Paris. L’effectif en personnel est de 302 agents pour Cousin Méricourt et de 15 agents pour l’Aqueduc.


Jean Elizabeth Barthélemy Cousin[8] de Méricourt, était né en 1752  à Montdidier dans la Somme. Il fut cultivateur  puis, trésorier des États de Bourgogne.

Il fut arrêté, sous l'inculpation d'aide à un émigré, condamné et guillotiné le même jour sur la place du trône, le 13 juillet 1794 à Paris. Il fut inhumé au cimetière de Picpus.

Lorsqu’il monta sur l’échafaud, il ne pouvait imaginer que sa petite fille donnerait la propriété  à l’assistance publique et de ce fait son nom resterait important et perpétué par les villes de Paris et  Cachan.


  Marcel Breillot

 

Cet article a été publié dans les "Chroniques du Val de Bièvre"  publié par les "Ateliers du Val de Bièvre" 9 rue Amédée Picard 94230 Cachan

Courriel: lesateliersduvaldebièvre@laposte.net

 


[1] Voir N° 50 et 58 des Chroniques du Val de Bièvre, les articles de Paulette Boivin

[2] Le sentier urbain de Cachan, 1990, ALC

[3] Acte de vente à Monsieur Ayral  du 25 sept 1929, par Me Perrot , Notaire à Bourg la reine.

[4] Les cartes postales sont de la Collection de l’auteur.

[5] Recherches sur la Bièvre, A Desguine, 1976, Edt Puyraimond

[6] Le mégissier prépare les peaux destinées à la ganterie

[7] EHPAD : Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes

[8] http://jomave.chez-alice.fr Les guillotinés Picards

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 16:09

 

En 1926, avait lieu le premier recensement de la population de Cachan.

En effet, notre ville était devenue  une commune autonome depuis à peine 4 années par sa séparation d’avec Arcueil.

Un relevé systématique de ce recensement  permet de mieux connaître qui étaient ses habitants. I

ls ont été les premiers à vivre la séparation entre Arcueil et Cachan.

En 1926, Cachan comptait 9 828 habitants, dont 9 645 étaient présents sur la commune au moment du recensement. Aujourd’hui nous sommes 27 958 habitants selon le recensement de 2006 de l’INSEE.


                                                   

C’est le recensement de  la cité-jardin de Cachan en 1926 que je vous propose d’évoquer ici.

L’histoire de la cité a déjà été présentée par Mireille Hébrard

Ce sont  aujourd’hui 2 bâtiments annexes du centre socio-culturel Lamartine, qui y hébergent plusieurs associations qui participent à la vie du quartier.

« Une dizaine de cités-jardins initiées par Henri Sellier existent encore aujourd’hui en Ile-de-France Construites en deux périodes, dans les années 1920 puis dans les années 1930, à proximité de jardins ou de champs où l’on pouvait se promener. Il en reste quelques îlots à Arcueil, à Drancy et au Plessis Robinson ».

« Chaque famille disposait d’un jardin de 150 à 250 m2. »


Une population nouvelle


La cité-jardin de Cachan comprend, en 1926, 1650 habitants soit 16,80 % de la population de notre jeune commune.

Parmi eux, 795 personnes sont  en âge de travailler et 838 sont, soit des enfants de moins de 14 ans, soit des adolescents, dont la situation n’est pas précisée. Seuls les apprentis ou les « jeunes travaillant » sont désignés comme tels. Par ailleurs, 18 personnes ont plus de 70 ans, soit au total 813 personnes sur qui nous avons de nombreuses informations.

« Un esprit de communauté animait les habitants, en 1928, ils fondèrent la première association sportive de Cachan : L’amicale sportive de la cité des jardins de Cachan »

 Parmi cette population en âge de travailler, nous trouvons, 188 jeunes de moins de 20 ans, ensuite 126 ont entre 20 et 30 ans, puis 212 entre 30 et 40 ans, 199 ont entre 40 et 50 ans,  49 entre 50 et 60 ans, 15 entre 60 et 70 ans.

Sur ces 813  habitants, 392 sont nés dans l’actuelle Ile de France dont 277 à Paris, 32 dans ce qu’est depuis 1968 le Val-de-Marne, auxquels s’ajoutent  14 personnes qui sont nées à Arcueil-Cachan.

 

Les autres, soit 394 personnes sont nées en province. Ensuite viennent 20 personnes qui sont  nées à l’étranger ou dans les colonies de l’époque. Puis, il reste 7 personnes absentes lors du recensement qui n’ont pas de lieu de naissance déclaré.

 

Dans la cité-jardin, en 1926, il y a 272 foyers dont 246 familles sont biparentales, auxquels s’ajoutent 15 veuves et 3 veufs chefs de famille.

Par ailleurs, 26 autres veuves et 7 veufs sans professions  vivent chez leurs enfants.

 Dans ces foyers vivent également 261 célibataires, enfants, parents ou amis qui sont en âge de travailler.

 

L’habitante de la cité-jardin la plus âgée en  1926 est Madame veuve Dodeman. Elle  a 80 ans. Elle est née à Paris, en 1846, sous la monarchie de juillet de Louis Philippe. Cette année-là, la récolte est très mauvaise. L'augmentation des prix du blé, base de l'alimentation, provoque la disette.

 

Parmi les quelques Cachanais de la cité-jardin nés à Arcueil-Cachan, le plus âgé a 52 ans. C’est M. Isidore Gautier, comptable. Il est né le 14 janvier 1881,  au 4 rue des Deux Parcs à Cachan. Son  père est corroyeur et sa mère est blanchisseuse.

 

Les métiers des femmes


A la cité-jardin, sur les 795 habitants en âge de travailler, 416 femmes sont concernées. 272 n’ont pourtant pas de profession déclarée pour le recensement. En fait, elles sont mères de familles, souvent nombreuses, ou « femmes au foyer » comme le disaient nos mères.

Ensuite, parmi les professions les plus représentées, il y a 18 employées de bureau dont 4 au ministère des finances, 14 couturières, puis viennent 12 blanchisseuses. Parmi ces dernières,  il y a 3 femmes mariées, les 9 autres sont des jeunes filles ou femmes qui vivent dans leurs familles. Seulement 5 d’entre-elles ont un employeur permanent, les 7 autres ont «divers employeurs ». Apparemment, elles travaillent de façon non permanente.

 

Nous trouvons ensuite 8 cartonneuses et 8 brocheuses. Sur ces 16 femmes,  10 d’entre-elles travaillent pour  la célèbre imprimerie Dreager installée à Montrouge. « La première imprimerie Draeger est fondée en 1887 à Paris, par le père et ses trois fils, puis transférée à Montrouge. Cette imprimerie à la pointe du progrès technique, se consacre principalement aux catalogues, brochures et publicités des plus grands noms de l'industrie de luxe. Le meilleur de la publicité française sort des ateliers Draeger ».

 

D’autres femmes ont d’autres professions comme les 8 manutentionnaires, les 4 confectionneuses, les 4 biscuitières, les 4 comptables.  Signalons que 2 manutentionnaires et une comptable sont salariées des  Galeries Lafayette.

Ensuite, 10 jeunes filles sont apprenties dans différents métiers dont 4 sont couturières.

Nous trouvons aussi une étudiante, Melle Deschamps, à l’Ecole des Travaux Publics fondée par Léon Eyrolles en 1902 à Cachan.

Ce dernier,  au moment du recensement, est d’ailleurs parmi les élus de Cachan au conseil municipal.

Il faut souligner que 41 femmes de la cité-jardin travaillent dans des « métiers du tissu ou du linge ». Cela va de la brodeuse à la blanchisseuse, la giletière, la teinturière, la tricoteuse, mais aussi de la couturière à la  passementière. Il y a également une jeune femme  mannequin, Melle Erfurth, elle est malade et sans emploi au moment du recensement.

 

Enfin, 4 femmes sont considérées comme « patrons ».

En fait, dans le cadre du recensement sont considérées comme  « patrons » toutes les personnes qui sont : chefs d’entreprise  mais aussi les artisans, celles qui travaillent à domicile.

Madame Souflet  est salariée de la ville de Cachan comme « femme de ménage ».

 

Les métiers des hommes


Pour ce qui concerne les hommes, leurs professions sont plus diversifiées.

En 1926, 397 hommes sont en âge de travailler, au moment du recensement : 4 d’entre eux sont absents de Cachan, 5 sont déclarés malades, 1 est invalide et 17 autres sont sans emploi.

15 des hommes habitant la cité-jardin sont considérés comme « patrons ». Les patrons sont en fait essentiellement des artisans mais il y aussi un médecin d’origine russe.

 

Chez les adolescents ou jeunes hommes  qui travaillent, nous trouvons 18 apprentis auxquels s’ajoutent 2 étudiants dont un est  à l’école des travaux publics de Cachan.

 

Parmi les professions les plus représentées, il y a 41 employés répartis dans différents secteurs: les bureaux, le commerce, les chemins de fer.

Puis viennent, 22 imprimeurs ou salariés de l’imprimerie, 16 mécaniciens, 12 comptables, 11 plombiers, 10 ajusteurs,  10 tourneurs, 9 manœuvres, 9 serruriers, 9 peintres, 6 maçons, 6 commis, 6 gardiens de la paix, 5 chauffeurs, 5 journaliers, 5 cimentiers,  4 livreurs, 4 tailleurs, 4 représentants de commerce, 4 électriciens, 4 facteurs, 4 gardiens de bureaux.

Il y a aussi quelques représentants de professions socialement plus aisées dont 1 architecte, 1 médecin, 2 orfèvres.

 

Nous trouvons également  un « wattman ». Le nom de ce métier est lié aux évolutions technologiques.

En fait, il s’agit d’un conducteur de tramway électrique qui travaille  pour  la  société des transports en commun de la région parisienne (T.C.R.P.) qui a été créée le 31 décembre 1920. 

En fait, de la cité-jardin, 13 hommes travaillent à la TCRP dans différents métiers dont M. Paris, notre wattman.

Si nous étudions chez quels  employeurs travaillent les Cachanais de la cité, nous trouvons 12 hommes qui sont salariés des grandes marques automobiles (Renault, Citroën, Peugeot).

Il y a aussi  36 fonctionnaires, dont 19 aux PTT. Dans différents ministères, ils sont 8 dont 2 instituteurs.  À la préfecture de police, ils sont 7 dont 6 gardiens de la paix et 1 brigadier, à l’Octroi de Paris ils sont 2.

Il y a aussi 6 salariés des grands magasins parisiens (Galeries Lafayette, Samaritaine, Bon marché, Printemps).

Les employés de banque sont  6 également (Banque de France, Crédit Immobilier, Lyonnais, Mutuel).

 

Des citoyens engagés


Plusieurs  habitants de la cité deviendront soit élus municipaux, soit responsables associatifs.

Les élus municipaux : les premiers l’ont été alors que M. Picard était maire de Cachan (1922 à 1928), puis avec M. Choplin (1928-1929) ou M. Eyrolles (1929-1935).

Parmi eux, nous trouvons M. Dumont ; il est né à Arcueil-Cachan en 1880, au 2 rue des Hautes Bruyères, son père était corroyeur et sa mère couturière. En 1904, il s’est marié avec Eugénie Baraux. En 1926, il est tourneur  chez Sueur & Cie où travaillent de nombreux Cachanais. Il a 4 enfants qui travaillent et habitent encore chez lui. Notons que 2 de ses enfants  travaillent comme lui chez  Sueur & Cie, un fils comme tourneur, une fille comme vernisseuse.  Ses deux autres  enfants sont une blanchisseuse et un  imprimeur.

M. Lagatie est né en 1890, en province, il est employé à la TCRP déjà citée ci-dessus.

M. Appert est né en  1873 à Paris, il est orfèvre, déclaré « patron » en 1926.

M. Dassy est né en  1886 en province, en 1926, il est employé du Métropolitain dont la première mise en service date du 19 juillet 1900.

 

Les responsables associatifs : pour le syndicat des  locataires, M. Hardy, son président, né en 1883. Il est voyageur de commerce pour la société Hachette créée en 1856. Son vice-président, M. Delahaye est né à Paris en 1872, il est plombier. Le secrétaire, M. Deschamps, est comptable, son fils est étudiant à l’Ecole des Travaux Publics de Cachan. Le Trésorier, M. Calmant, est agent du contentieux.

 

Pour la Caisse de secours, le président M. Costes, est ouvrier orfèvre. Le vice-président, M. Gauthier, est comptable. Le secrétaire, M. Parmentier, est employé de bureau chez Peugeot. Le trésorier, M.Schaller, est ouvrier en scie, il a 4 enfants qui habitent chez lui et qui travaillent. Le Trésorier-adjoint, M. Patillot, est chef-comptable.

 

 

Pour conclure,


J’évoquerai Mme Veuve Lenormand. Elle a 48 ans, elle est femme au foyer.

Elle a  2 garçons  habitant la cité-jardin. L’un a 25 ans, il est camionneur et son épouse est vendeuse à la Samaritaine. L’autre a 24 ans, il est imprimeur et son épouse est raffineuse à la raffinerie Say probablement à Ivry sur seine.

La cité-jardin aujourd’hui, c’est 803 logements, dans 13 bâtiments construits entre 1961 et 1968.

Nous y trouvons 12 logements d’une pièce et 8 logements de 6 pièces. Les 3/4 pièces sont majoritaires : 521.

Ces logements sont la propriété de l’O.P.A.C. du Val- de- Marne.

 

En 1926, la population de la cité est plutôt jeune, une grande majorité des habitants à moins de 40 ans. Peu d’habitants adultes sont originaires d’Arcueil-Cachan ou même du Val-de-Marne. Nombreux sont ceux qui sont nés à Paris,  près de la moitié sont nés en province ou à l’étranger.

Si de nombreuses épouses sont « femmes au foyer » ou font des travaux à domicile (couturières, nourrices), il n’est pas rare de trouver 2 ou 3 enfants qui travaillent et qui vivent toujours au foyer parental. Les fonctionnaires côtoient les artisans ou les métiers de l’industrie et des services.

 

Henri Sellier dépassait largement le cadre de la construction pour inscrire les cités-jardins dans une dimension d'accompagnement social du locataire. « Dès la première pierre, il envisageait de doter la cité-jardin de son école maternelle. Des infirmières s'y installaient et développaient une politique de

Prévention médicale. »


Il semble qu’il y avait un brassage social assez important au sein de  la cité-jardin de l’Office des habitations à bon marché du département de la Seine à Cachan.

Probablement plus important que celui que l’on peut constater dans ce que sont aujourd’hui les « Habitations à Loyers Modérés ».


  Marcel BREILLOT

 

 

Cet article a été publié dans les "Chroniques du Val de Bièvre", publié par les "Ateliers du Val de Bièvre" 9 rue Amédée Picard 94230 Cachan

Courriel: lesateliersduvaldebièvre@laposte.net

 

 

HEBRARD Mireille, Cité- jardins de Cachan de 1922 à 1963, Chroniques du Val de Bièvre, Hors série  Automne 2005


Cachan, Patrimoine de France.  http://www.patrimoine-de-france.org


Les cités-jardins histoire et actualité d’une utopie, Ginette Baty-Tornikian, CAES magazine n° 80 • automne 2006


Cachan mon village, Club Léo Lagrange, 1994


Site Internet de TOPIC-TOPOS, patrimoine –héritages ; Avril 2009

 

WATTMAN. 1895 « conducteur de motrice de tramway » http://www.cnrtl.fr/etymologie/


Hebrard Mireille, 2005 déjà cité

 

 

 

 

 

 

 

 

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 18:38

Pierre Melin se trove  dans l'acendance maternelle de mes enfants.

J'ai également publié l'article ci-dessous dans WIKIPEDIA.


 L'acendance de Pierre MELIN  est dans mes données généalogiques sur le site de GENEANET que vous pouvez consulter en cliquant sur "GENEANET" en marge ci-contre

 

Né le 7 novembre 1863 à Essonne (Seine-et-Oise), Fils d’un terrassier d’origine belge et d’une domestique née en Meurthe et Moselle. Il vécut à Paris jusqu’en 1892, il y eu 3 enfants qu’il reconnu au moment de son mariage en 1891.


Installé à Valenciennes à partir de 1893, il eu 2 autres enfants avant son divorce en 1905.

Il se remarie en 1912 avec une fille de mineur.

Il est décédé à Paris 14éme le 23 novembre 1929.


Il fut facteur en instruments de musique, commis de l'octroi à Paris avant 1892. A Valenciennes, il fut ouvrier luthier, conseiller Prudhommes, puis député socialiste du Nord de 1906 à 1910. Puis, il fut négociant en vins et champagnes avant d’être de nouveau député de 1914 à 1919. Candidat sans succès aux élections législatives, puis aux élections municipales de 1919 et aux sénatoriales de 1920, il se retire de la vie politique, quitte Valenciennes et s’installe à Andresy (78) en Ile de France.


Le Militant ouvrier du P.O.F.


A Valenciennes, Pierre Mélin se lança dans l'action corporative et politique en créant avec son ami KHEL le cercle d’études sociales « l’Egalité » dont il est secrétaire adjoint en 1896. Il fonda et anima le Franc Parleur, premier journal socialiste de Valenciennes qui paru seulement pendant l’année 1897, il en était secrétaire adjoint et trésorier. Au sein du Parti Ouvrier de Jules Guesde, puis du POF,  il participa à la création de groupes socialistes dans tout le département.


Il était alors secrétaire général du Parti Ouvrier et en même temps, membre de la loge «  Les égaux » de la Grande loge de France de Valenciennes dont il démissionna en 1903. Les "frères" de Valenciennes avaient exigé que ceux d’entre eux, qui appartenaient au P.O.F., choisissent clairement entre la loge et le P.O.F..


Il fut candidat aux élections municipales de 1900, du conseil général en 1902, en même temps, il est président du P.O.F. et 2éme maitre des cérémonies de sa loge maçonnique.

Candidat aux cantonales de 1904, il signe plusieurs articles pour l'Émancipation, journal fédéral, dont il est rédacteur en 1905.


Il fut, en 1899, élu conseiller prudhommal puis vice-président, en 1905, du conseil des prudhommes de Valenciennes. Il en fut radié en 1911 car il n’était plus ouvrier luthier
.


 Le Député SFIO 


En 1906, candidat de la SFIO aux élections législatives (le bulletin de vote mentionne uniquement sa fonction de Vice–président du conseil des Prudhommes) dans la 1re circonscription de Valenciennes (où il avait échoué en 1902), il battit au second tour le député sortant radical, avec près de 8 000 voix (7 975) sur 17 205 inscrits.

En 1910, malgré ses 6012 voix sur 17 665 inscrits qui le plaçaient en tête, il fut battu au scrutin de ballotage par la conjonction de la droite et du candidat radical.


Il devint alors délégué permanent à la propagande de la [fédération socialiste]du Nord, dans le même temps, il est négociant en vins, en 1914, il fut réélu député pour une dernière législature.


Comme député, entre Jean Jaurès et Jules Guesdes, il joua un rôle assez effacé.

En 1906 il était inscrit à la commission des mines, en 1909, il prit part aux discussion du budget de guerre et à une propositions de loi sur le tarif des douanes.


A partir de 1914 il fit partie de la commission des P.T.T. Pierre Mélin représenta la fédération socialiste du Nord aux congrès nationaux de Limoges (1906), Nancy (1907), Toulouse (1908), Saint-Étienne (1909) et Saint-Quentin (1911).


Il sera de nouveau candidat aux élections municipales et législatives de 1919 et sénatoriales de 1920.

Mais il est contesté par sa section socialiste qui le convoque le 20 février 1919 pour lui demander des comptes sur les questions qui se rattachent aux allocations militaires. Elle ne le désigne pas pour assisté au congrès. Le 20 mars 1920, il est remplacé à la tête de la section socialiste de Valenciennes.


Il quitte Valenciennes pour s’installer à Andresy (Seine et Oise).

Il est absent au Congrès de Tours , il est pourtant mentionné dans les procès verbaux de celui-ci, mais comme ayant une dette de 3 200 francs comme ancien élu n’ayant pas réglé toutes ses cotisations. 

 

Député en 1914 

En même temps que son ami, le Député Henri DURRE , il est proposé pour l’attribution de la médaille delareconnaissance française en 1928.


Cette demande indique : En décembre 1914, Pierre Melin est parti avec Henri DURRE de Valenciennes occupée par les allemands, ils ont traversé, au péril de leurs vies, les lignes ennemies, pour aller siéger au Palais Bourbon.


Le 23 octobre 1918, « Ayant voulu à tout prix rejoindre leurs compatriotes au premier moment de la délivrance afin de se rendre compte des besoins les plus urgents ».

Henri DURRE y fut tué, son nom est inscrit sur le monument aux morts du Palais Bourbon, Pierre MELIN fut blessé grièvement par une balle de mitrailleuse, , à la croix d’Anzin.


  Sources:

-Archives familiales Doussin/Breillot;

-Archives de Paris, registres d’état civil du 11éme arrondissement de Paris;

-Archives de Valenciennes : Fond Carlier 2323-325, 211-126, 2F339, registres d’état civil;

-Archives du Nord : 37 M 60,59 M 163,154 M 70 et 73 à 77;

-Comptes rendus des congrès nationaux du Parti socialiste.Hubert-Rouger;

-Les Fédérations socialistes l, op. cit., pp. 417-418. -L'Hummanité, 15 juillet 1914;

-Histoire de la Franc-maçonnerie à Valenciennes, Cercles de recherches et d’études traditionnelles du Hainaut Valenciennes. 1995;

-Compte rendu de la police au Préfet, pour les congrès du POF de 1894 à 1898 ; Cotes F/7/13701- F/7/12496-F/7/12887- CARAN;

-Archives parlementaires C7407- C7358-C7348 CARAN;

-Dictionnaire des parlementaires PUF 1972;

-Le Maitron Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français Edt de l’atelier, CD-rom, 1997;

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 13:58

Le commerce du bois en forêt


Le 17 octobre 1597, dans la  Forêt de  Lande Pourrie un arpentage est organisé. Il aboutit à une adjudication par Jean-Jacques Romé Sieur de la Fontaine, Gouverneur et Lieutenant Général du Roi pour la réformation de la forêt de Lande Pourrie, d'une certaine quantité d'arbres qui se trouvent sur les terres fieffées de Jacques Le Bigot prés des Vallées au Curé.

 

Le 30 avril 1611, une adjudication est faite à Siméon Robbes de «  trente arbres de hêtres et quelques autres » sur une acre et demie de terre qui lui a été fieffée, ainsi qu'à Jean Robbes, au triage du Gué Angot.

 

En 1626, la forêt passe dans la Maison d’Orléans par le mariage de la Comtesse de Mortain, Marie de Bourbon, Duchesse de Montpensier  avec Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Mortain devint alors un relais de chasse. Sans y séjourner, la famille d'Orléans par l'intermédiaire de ses intendants devait contribuer à la prospérité du pays par la vente de landes et taillis défrichés de la Lande Pourrie, en secourant les pauvres dans les années de famine.

Le 10 août 1748, une autre adjudication  est faite par M. Lemoyne de Bellisle, intendant du Duc d'Orléans, et les Officiers des Eaux et Forêts du Comté de Mortain, de 170 arpents 5 perches de bois en la forêt de Lande Pourrie.

 

Les ventes (coupe de bois d’un certain nombre d’arpent) de Lande Pourrie sont situées dans les cantons suivants:

Garde de Tinchebray;

Triage d’Yvrandes;

Triage du Gas;

Garde des vallées de Ger;

Triage du Gué de la Motte;

Triage de la petite Volée de Ger;

Triage du Petit- Champ;

Triage des Estiveaux;

Garde du Franc Herbage;

Triage de la Pierre;

Garde de Bousentier;

Chênaies de Bousentier;

Garde de Mortain;

Triage du Haut -Gué;

Triage du Grand Taillis;

 

Le 10 juin 1749, un  état est arrêté au Conseil du Duc d'Orléans, des coupes de bois à faire pour l'année 1750, dans la forêt de Lande Pourrie. Puis le 17 juin, une ordonnance du même Conseil modifie l'état en ce qui concerne le triage (canton de bois eu égard au coupe faite) du Gué de la Motte, lequel est reporté et joint au triage du Petit Champ;

Du 20 juillet  au 4 août 1749, a lieu un bannissement (publication) des ventes à l'issue de la messe paroissiale de Saint Clément par Philippe Barbier ; garde de la forêt. La même proclamation est faite « au lieu du bassin de la ville de Mortain » et dans les paroisses de Bion, Saint- Georges-de Rouellé, le Fresne-Poret, Barenton, Ger, Tinchebray, Domfront;

Un autre bannissement  est annoncé le 9 août 1750, à l'issue de la messe paroissiale de Ger, par Laurent du Hauvel, garde de la forêt, avec la même proclamation au Fresne–Poret.

Du 7 au 20 septembre 1753, en  forêt de Lande Pourrie ont lieu des ventes de bois. Les bannissements des ventes, ont aussi lieu à l'issue des messes paroissiales de Mortain, Barenton, Saint-Clément, Ger, Domfront, Tinchebray, Saint Georges-de-Rouellé, Bion;

Le 6 octobre 1753. Le cahier des charges et le procès verbal de l'adjudication sont rédigés par Jacques Le Harivel, seigneur de Beauchesne et les Officiers de la Maîtrise des Eaux et Forêts, « pour 35 ventes de bois formant un total de 191 arpents 50 perches sises aux triages d'Yvrandes, du Gast, de la Vente, du Buisson, de la Petite Volée de Ger, du Petit Champ, de la Pierre des Chênaies de Boussentier, des Hautes Noes, de Beauchamp, du Haut Gué, du Grand Taillis. »

 

Plus de 170 ans plus tard, en 1923, l’organisation de la vente du bois et la forêt a beaucoup changé : «  Les propriétaires ne retirent pas de la forêt tout le profit qu’ils pourraient en retirer. Quelques bûcherons coupent  chaque année une certaine surface de bois quand les essences atteignent 14 ou 15 ans. Les arbustes et les grosses branches sont coupés et tassés en stères. Plus tard ces stères sont convertis en charbon. Les petites branches  restent souvent éparpillées sur le sol et sans utilisation. Elles y pourrissent. Depuis quelques années des personnes de la commune achètent une surface déterminée de bois dont la coupe peut être faite. Puis elles utilisent ce bois de façon plus rémunératrice. Elles en retirent non seulement du charbon, mais des fagots, des cercles à tonneau, du bois de chauffage. La vente  et la gestion des produits de la forêt, sont confiées à des « gardes particuliers » qui sont en même temps « gardes- chasse ».  Le salaire de ses gardes  est composé  d’une commission de tant pour cent qui porte sur le produit des ventes faites. Chaque année à l’automne, il y a un défilé de voitures à gerbes dans les sentiers de la forêt. Ces voitures vont s’emplir de bruyères et autres plantes herbacées. Les cultivateurs achètent le droit de « faucher de la bruyère » sur une surface convenue. Cette plante desséchée sert de litière aux animaux de l’espèce bovine pendant l’hiver et donne ensuite du fumier apprécié. » C’est en tous cas le point de vue de Monsieur Leneveu, instituteur à GER en 1923.

 

Les propriétaires de la forêt,


Si le Comté de Mortain a été créé en 1030 par Robert Duc de Normandie, depuis cette époque les comtes de Mortain qui se sont succédés avaient tous les droits, qu’ils n’avaient pas cédés aux religieux, sur la forêt de la Lande Pourrie.

En 1791,  le domaine de Mortain, et donc la forêt, appartient à Louis Philippe Joseph de Bourbon, Duc d’Orléans dit « Philippe Egalité », comme Député de la convention. Il vota la mort de Louis XVI, puis il meurt lui-même sur l’échafaud.

En 1792, la forêt avait été cédée  à Collet de Saint James, Maître de forge de Champsecret,

En 1800,  c’est  Messieurs Bachelier d’Arges et d’Inglemares qui en sont propriétaires. En 1805, ils reprennent les travaux de remise en état de l’établissement métallurgique de Bourberouge.

En 1823, la forêt est à Monsieur de Pracontal.

Le 18 juin 1827, le conseil  de GER unanime refuse la demande faite par Monsieur de Pracontal qui visait à récupérer tous les terrains sains et vagues de la commune. Le 9 septembre 1830, le Conseil entérine la décision du Ministre de l’Intérieur qui laisse à la Commune de Ger une bonne partie de la forêt de la Lande Pourrie (en tant que territoire communal) et en définit les limites.

Le 28 novembre 1831, le conseil proteste auprès des autorités pour que la partie de la forêt de la Lande Pourrie qui se trouve sur son territoire et qui appartient à Monsieur de Pracontal soit portée sur les rôles de contributions foncières, celui-ci bénéficiant de nombreux privilèges sans payer d’impôts. Il reste encore environ 760 hectares de forêt à cette époque.
En 1840, à la suite du  décès de Monsieur de Pracontal, la forêt devient la propriété de la famille de Failly.

 

Aujourd’hui la forêt de la Lande Pourrie serait détenue par  des compagnies d’assurance.

Comme beaucoup d’autres forêts,  elle a souffert  des tempêtes de 1999.

 Mais aujourd’hui le programme Européen, Natura 2000 (Il assure le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la faune sauvage d’intérêt communautaire.) qui a pour objectif de « contribuer à préserver la diversité biologique sur le territoire de l’Union européenne. », a retenu comme site à protéger : La Lande du Tertre Bizet et la Fosse Arthour :

       « Le site s'intègre dans un paysage composite où alternent forêts, landes à bruyères, pointements rocheux et pierriers. Il regroupe deux secteurs voisins : la Lande de Tertre Bizet, occupant le versant septentrional d'une petite vallée et la Fosse Arthour, exemple typique de cluse profonde entaillée dans les grés armoricains et jonchée d'éboulis sur ses flancs. »

 

Le souvenir de l’activité économique et des métiers issus de la forêt  de la Lande Pourrie peut se retrouver dans des livres anciens, des documents d’archives notamment aux archives départementales à Saint Lô ou encore sur le site Internet de notre association (http://ger.50.free.fr).Ils permettent de garder la mémoire de la Lande Pourrie. Elle aura marqué la vie des femmes et des hommes qui en ont vécu directement ou indirectement  pendant plusieurs siècles.

 

Éléments de bibliographie

La première source est le site Internet de notre association, complétée par d’autres qui souvent recoupent ou confirment les informations citées.

Livres :

 

Guillaume le conquérant et les Normands au XIéme siècle. Pierre  BOUET Edt Charles Corlet, 2003,

 Histoire chronologique de la Normandie et des Normands des origines à 1204. Jean DUBUC Edt du patrimoine Normand

Etude juridique et historique sur le bailliage de Mortain. Maxime FAUCHON -1923 -Edt Le livre d’histoire. 2002

 Mortain et sa Bataille. Docteurs Gilles et Jules BUISSON 1946 Edt Maurice SIMON

Recherches sur l’arrondissent de Mortain, H Sauvage, 1981, Edt Gérard Monfort

 

La chouannerie Normande, Chaudeurge Alfred, Edt Fernand Lannore, 1982

Géographie de la Manche. Adolphe JOANNE Edt Hachette –1898

 Histoire de Lonlay-l’Abbaye dans les temps anciens. H. LEFAVERAIS,  Edt Le livre d’histoire 2002

Notre Dame de Lonlay.  Hippolyte SAUVAGE 1865 Edt F. LIARD A la bible d’or.

La MANCHE, les 602 communes. DELATTRE Daniel et Emmanuel  Edt Delattre 2002

L’Orne et son Histoire, André Edgar POESSEL, Edt Charles Corlet 1989

 

Histoire du Mont St Michel, Des Roches, in H Sauvage, recherches sur l’ardt de Mortain (1851)

 

Les forêts de France, Depelchin Fernand, 1885,  site Gallica

 

La résistance dans le Bocage Normand, André Debon, Louis Pinson, Edt Firésias, 1994

 

Actes Normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, 1328-1350 - voir page 52 ) site Gallica

 

 

Légendes normandes recueillies dans l'arrondissement de Mortain , Hippolyte Sauvage (1890) – site Normania

 

Documents :

La commune de GER, Mr LENEVEU, Instituteur, Conférence pédagogique de 1913, document manuscrit.

Inventaire des archives anciennes,  Archives de la Manche.

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A. 1183.

  SERIE  A. - Domaines Engagés. A. 1184

  SERIE  A. - Domaines Engagés. A .1185

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A. 1189

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A. 3963 

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A. 3967 

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A  3970 

  SERIE A. - Domaines Engagés.  A. 3971 

  SERIE A. - Domaines Engagés.   A 3984.

Fonds de l'ancien conté de Mortain 155 j 205 Ad de la Manche.

 

Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville

A: RUAULT, Censeur des Etudes au Lycée Pilote de Sèvres (Seine et Oise) mars 1960

 

Revue du département de la Manche - tome 3 - 1961 fascicules 9

 

Etude sur une famille de fauconniers et de fonctionnaires du Comté de Mortain :

Les SEQUARD,. J. M. DURAND de Saint Front vice-Président du pays Normand

 

Images d’hier et d’aujourd’hui. BOULLE Pierre 

 

Sites Internet :

http://ger.50.free.fr

http://www.manche.equipement.gouv.fr/

http://draf.basse-normandie.agriculture.gouv.fr/

http://inpn.mnhn.fr/

http://mortain.free.fr/Legendes/legende

http://www.roynel.com

http://www.cartedefrance.tm.frhttp://www.cg50.fr/

http://www.normannia.infohttp://perso.wanadoo.fr/bernard.langellier/manche/manche.

http://www.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=558

CD-Rom :

 

Dictionnaire de l’Académie,  1762,  Grand Atelier Historique de la Langue Française Edt REDON 2002-2003

Carte de Cassini, France Nord. CIDP 2000

 

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 13:46

La forêt et les abbayes


La forêt de la Lande Pourrie était entourée par plusieurs abbayes et prieurés qui ont obtenu des droits considérables. Son bois répondait à la fois à un besoin, une nécessité mais était aussi  un privilège pour le clergé et constituait des sources de revenus importants.

 

Ainsi, à partir de l’an 1040, « Hugues, moine de Lonlay, dirigea l’abbaye pendant 40 ans. Robert, Comte de Mortain, frère du roi Guillaume le Conquérant, lui accorda pour l’abbaye le droit de prendre dans sa forêt de Lande Pourrie, autant de cordes de bois qu’il y avait de hameaux dans la paroisse de Lonlay... » 

 

« … Robert de Mortain était lui-même le chef de son église, aussi voulut-il accorder des privilèges considérables aux chanoines. Ainsi, ils eurent le droit de prendre dans la forêt de Lande Pourrie tout le bois nécessaire pour construire et réparer leurs églises, et tous leurs bâtiments sans exception, De plus, ils eurent la dîme de cette même forêt et purent y prendre tous les ans un cerf et un épervier. Le Comte de Mortain fit une part de son revenu aux serviteurs de Dieu, et prit un soin particulier de chacune des prébendes (revenus ecclésiastiques) fondées par lui ».

 

L’Abbaye Blanche, en l’année 1105, reçut des droits étendus sur la forêt de Lande Pourrie, tels que celui d'y prendre du bois pour la construction et pour le chauffage, celui d'y couper des herbes et de la fougère, et d'y faucher des joncs et tout ce qui lui serait nécessaire.

 

 Le Prieuré de Moutons en l’année 1120, éleva un second monastère de femmes, sous la direction du Roi d'Angleterre, Henri 1er et d'Etienne, Comte de Mortain. Il était auprès des limites de la forêt de Lande Pourrie, Il fonda aussi en 1130, l’abbaye de Moutons, dans la forêt de la Lande Pourrie dans la paroisse de Saint Clément.

 

«Vers 1172, le roi Henri d’Angleterre et Comte de Mortain,  donna aux moines de Lonlay le droit de faire chasser deux cerfs chaque année dans la forêt de la Lande Pourrie. C’était dans l’intérêt de leurs études, que les solitaires (les moines) recherchaient ce droit de chasse, et pour se procurer le parchemin nécessaire à la transcription des auteurs anciens »

 

En 1180 «Henri II, chassait en forêt de la Lande Pourrie, non loin de Barenton lorsqu’un brusque malaise le terrassa. Transporté au château de la Motte en Ger, il y fait son testament, mais la mort l’épargna. En souvenir de sa guérison, il octroya au prieuré d’Yvrandes le droit de pacage (droit d’envoyer son bétail paître dans certains pâturages) en forêt de la Lande Pourrie.»

 

En l’année 1225, le Comte de Mortain confirma le don que les « Dames de Moutons » avaient fait à Guillaume Bullot, clerc de la chapelle de Rancoudray qui dépendait d'elles. Cette chapelle, sous le nom de Notre-Dame, était située à l'entrée de la forêt de Lande Pourrie.

 

Philippe Il, Comte de Mortain, érigea, en 1327, dans la paroisse d'Yvrandes, un prieuré régulier,  auquel il donna un fond de terrain, à prendre dans la forêt de Lande Pourrie.

Diverses chartes confirmatives, portant les dates de 1204, 1343, 1385 ont été accordées au prieuré d'Yvrandes par Jean-sans-Terre, Roi d'Angleterre, par Philippe VI, Roi de France, par Richard II, Roi d'Angleterre, et par Henri V, Roi d'Angleterre, Régent et héritier du Royaume de France. Elles relatent la plupart des privilèges qui lui avaient été octroyés. De plus, un acte passé aux assises de Mortain, en 1286, et en l'échiquier de Rouen, en 1328, constate que les religieux du Plessis-Grimoult avaient, au titre de possesseurs d'Yvrandes, le droit de franchise pour le pacage de leurs porcs dans la forêt de Lande Pourrie.

 

Un procès-verbal du 7 avril 1391, a été dressé pour établir les droits du Doyen et des chanoines de l'église de Mortain dans la forêt de la  Lande Pourrie. Un autre, le même jour, proclame les droits du chapelain de la maladrerie de Mortain : il avait dans la forêt de Lande Pourrie la franchise « à coup de martel (marteau) pour édifier en ses maisons et outre les franchises dessus dites, prendre sur les porcs de passage de Ger,  « le tiers porc et les oreilles »  des autres porcs de passage  ».

 

 «….En 1399, les moines de Lonlay avaient renoncé au droit de chasser des cerfs dans la forêt de la Lande Pourrie….. »


 Pour l’Abbaye Blanche, Perette Leboeuf fut obligée en 1489 de présenter les titres de sa maison, afin d’obtenir du Grand Maître Réformateur des Eaux et Forêts de Mortain, l’exécution de ses droits dans la forêt de la Lande Pourrie.

 

Une information faite en 1460 et 1477 par Guillaume du Pontbellenger, prouve que le prieur d'Yvrandes ne devait rien payer pour le pacage de ses bestiaux dans cette même forêt de la Lande Pourrie.

 

En 1500, une autre sentence rendue par Louis XII, agissant au titre de Comte de Mortain, fixe les droits de ceux qui pouvaient prendre du bois dans la forêt de la Lande Pourrie ; « C’étaient : l’abbé du couvent de Lonlay, le doyen et le chapitre de Mortain, le prieur d’Yvrandes, le prieur du Rocher, le prieur de l’hôtel Dieu de Mortain, les religieuses et la prieure du couvent de l’Abbaye Blanche, la prieure du couvent de l’abbaye de Moutons et plusieurs autres gens d’église. »

 

Un aveu, (acte établissant une vassalité) rendu au Roi François 1er, le 24 février 1546, par Jean de Clinchant, chapelain de la chapelle de Rancoudray précisait les domaines qui en dépendaient. Ceux-ci, d'une étendue de trois cents acres de terrain, tant en landes et en bois de haute futaie, qu'en terres labourables, étaient enclavés dans la forêt de Lande Pourrie et situés entre les paroisses de Saint-Clément, Ger, Saint Jean-du-Corail et Bion. Cet aveu joignait en outre la chapelle de Maisoncelles et ses dépendances.

 

Le 11 avril 1575, les moines de Lonlay présentèrent une requête aux Officiers des Eaux et Forêts de Mortain pour être autorisés à prendre dans la forêt de la Lande Pourrie le bois nécessaire pour leurs réparations qui faisaient suites à l’incendie de leur abbaye, en mars 1574, déclenché par les Huguenots.

 

En 1644 la communauté  de l’Abbaye de Lonlay fut encore autorisée à prendre treize cordes de bois dans la forêt, en considération des services qu’elle rendait journellement. Elle n’avait pas (ou plus) de droit annuel sur cette forêt.

 

 Pour l’Abbaye Blanche, le 1 août 1679, Henriette de Quelain, dans un aveu, fit l'énumération de tous les droits, privilèges, franchises, dignités et libertés qui avaient été jadis concédés à son abbaye et qui consistaient dans « le droit de prendre dans la forêt de Lande Pourrie du bois de chauffage, et du bois pour réédifier, réparer et aménager aux évêchés d'Avranches, de Coutances et de Bayeux, tant leurs maisons, que leurs fours, moulins à eau et à vent, viviers, retenues d'eaux et pêcheries; dans le droit de faire faucher des joncs, herbes et fougères, de pêcher et de chasser tant dans les bois, rivières, chemins, qu'autres endroits; de prendre ramages, feuillages, fougères, terre, argile et pierres; droit d'avoir un fourneau à chaux et un à tuiles, et de prendre ce qui était nécessaire pour leur entretien. Et encore celui de prendre un cerf en temps de saison, dans la forêt. Enfin, l'exemption dans tout le comté de Mortain, d'étalage, monnayage, coutume, et celle de réparer ville, château et fossés, de faire le guet ou d'être soumises à toute autre exaction séculière. Quant aux charges imposées aux religieuses, elles étaient nulles en présence de tous ces privilèges, puisqu'elles ne devaient que servir Dieu dans leur maison, »

Les abbesses furent obligées, pour jouir de leur droit de prendre du bois de chauffage dans la forêt de la Lande Pourrie, de présenter leurs titres à André Benoist, Maître des Eaux et Forêts du Comte de Mortain.

 

On le constate, pendant très longtemps, pour les abbayes environnantes, la forêt de la Lande- Pourrie fut une source de revenus considérables que les Maîtres des Eaux et Forêts avaient parfois à faire justifier, tant les privilèges étaient importants, Nous savons ce que ceux-ci sont devenus après 1789.

 

 

La Forêt et la justice


« La grande forêt de la Lande Pourrie, aux portes de Mortain, avait provoqué très tôt la création de la juridiction de la Maîtrise des Eaux et Forêts. Elle était chargée de la répression des délits de chasse ou de pêche et devait veiller, à la conservation des bois. Avec la vicomté et le bailliage, c'était une des plus vieilles juridictions»

En effet, des contraventions nombreuses pouvaient demander une répression pour les dégradations commises dans les forêts du Comté de Mortain, notamment dans la forêt de Lande Pourrie. Elles firent sentir de bonne heure la nécessité de confier à des hommes spéciaux le soin de sauvegarder les droits des seigneurs.

En 1402, Guillaume, Comte de Tancarville, Grand Maître des Eaux et Forêts du Royaume, maintient les potiers de Ger dans leurs franchises, libertés et droitures sur les bois de la Lande Pourrie. Une enquête avait été ouverte par Hector de Chartres, Maître Enquêteur des Eaux et Forêts. À cette enquête, comparaissaient  plusieurs personnes notables ayant connaissance des usages et coutumes du pays et le frère de Messire Fraslin de Combry (chevalier de Du Guesclin) qui tenait le fief du Haut-Boussantier à Barenton, sergent fieffé de la forêt.

Le 13 juin de la même année, a lieu la confirmation par Hector de Chartres, des droits et coutumes qui appartiennent à Guillaume de Boudey, écuyer, dans la forêt de Lande Pourrie, à cause de la masure  de Courbocé, en la paroisse de Bion... «Guillaume de Boudey, écuyer, avait le  droit de prendre et avoir en la forêt du bois livré pour édifier, aménager et tenir en état les maisons et hôtel de Courbocé, le bois brisé et volé et tout bois mort accoutumé, avec le sec et le vert.  S’il n'a caable (bois versé et abattu) ni herbage pour toutes ses bêtes, (hors les  chèvres), panage (droit qui se paye au seigneur d’une forêt pour y faire paître les porcs)  pour tous ses porcs par tous les lieux de la dite forêt, et il a franchise d’avoir du bois en cette forêt pour édifier par livrée du verdier (Officier qui était établi pour commander aux gardes d'une forêt éloignée des maîtrises)  pour le moulin de Chavignolles »

 

En mars 1415, a été donnée une sentence du Lieutenant Général de Guillaume Hue, Seigneur du Rosel, Maître et Enquêteur des Eaux et Forêts du Comté de Mortain, condamnant le fermier du panage de la forêt de Lande Pourrie qui avait voulu mettre en garde, dans le manoir de Courbocé, des porcs saisis par lui dans la forêt. Il s'était vu refuser l'entrée du manoir par Jamin Secart.

 

 Le 7/06/1465, les habitants  de Ger sont confirmés dans leurs franchises vis-à-vis de la forêt de la Lande Pourrie.

 

 Pour St Jean des Bois,  « Les fermiers de Frédeville (Village où naquit Michelot Moulin) et des Abreuvoirs avaient le droit de bois mort dans la forêt de la Lande Pourrie et de pacage pour leurs bestiaux en payant un denier par bête. Frédeville avait une superficie de 3 acres et payait une poule et demie comme loyer. Ceux de la Broudière qui contenaient 32 acres devaient verser 10 sols 6 deniers à la Saint Michel, et 2 poules à Noël. Pour la Fleurière et ses dépendances de Frédeville et des Abreuvoirs qui contenaient 23 acres, le loyer était de 10 sols 6 deniers à la Saint Michel et 1 poule et demie à Noël. Ces fiefs appartenaient au Doyenné de Mortain. »

 

A partir de 1536, de nombreux litiges avec la famille de Montpensier eurent lieux. Le bois de la forêt «  ayant toujours été une matière recherchée notamment pour le chauffage et la construction, les privilèges anciens accordés aux potiers et paysans de Ger sont l’objet de nombreux litiges avec la famille Montpensier».

Enfin, « Monsieur  le duc de Montpensier donne procuration à Michel Sequard pour transiger et régler avec les usagers demeurant en la prévôté de Ger au sujet de leur franc herbage, pour transiger avec les habitants potiers et usagers de la paroisse de Ger sur l'opposition par eux formée aux fieffes faites dans le franc herbage par eux réclamé. »

 

 « En 1597, fieffe (ventes contre une rente perpétuelle ou foncière) est faite  par Jean Claude Rome, Sieur de la Fontaine, Commissaire Député par le Roi et par le Duc de Montpensier, Comte de Mortain, pour la réformation de la forêt de la Lande Pourrie, à Pierre Maloisel, cloutier demeurant à Ger, de diverses portions de terre, sises à Neuve-Lande, à l’Echaugette, à la Gerboudière, à la Butte-de-la-Soue et à la Lande  de Grémilly. Le feudataire (vassal, celui qui possède un fief) supporte les charges et sujétions des droits féodaux.

Il ne peut prétendre à aucun droit d’usage, ni liberté en la forêt, ni établir sur la partie fieffée, moulins, étangs, pêcheries, forges, fourneaux, ni aucun ménage au préjudice du comte de Mortain. »

 

A la fin du XVIe siècle, Monsieur de Sourdeval présente un mémoire sur les abus qui se commettent dans la forêt de Lande Pourrie: « Il demande qu'il soit défendu d'ouvrir carrière ou perrières (ce dit d’une carrière d’où on extrait des pierre) dans la forêt, car, sous prétexte de chercher la pierre, on dégrade et on fait tomber les arbres. Abus commis par les prétendus chasseurs de martres, qui abattent les plus gros fouteaux (arbre de haute futée ou hêtre), pour servir aux faiseurs de palerons et d'écuelles de bois. On abat également beaucoup d’arbres pour en chasser les mouches à miel. Le verdier qui marque le bois des francs usagers et des potiers  devrait avoir un commis pour enregistrer les noms des ayants droit. Il devrait être défendu de « transmuer aucune fieffe d’un lieu en un autre n’y de changer le nom », car on fieffe de cette façon en plusieurs endroits, sans l'avoir fait publier dans les paroisses. Il s'est bâti sans autorisation plusieurs fours à pots et l'on a mis plusieurs roues à potier dans la forêt, ce qui détruit le bois. Il faut assigner aux potiers de Ger un canton (portion déterminée d’une forêt) de bois près de leur paroisse, et ne pas les laisser choisir où bon leur semble dans la forêt. »

 

En 1610, Une requête est présentée à Mlle de Montpensier par les potiers et usagers, de la paroisse de Saint-Martin de Ger, qui demandaient le maintien de leurs droits et franchises dans la forêt de Lande Pourrie.  « Un nouveau procès a lieu pour supprimer « les privilèges », intenté par la Comtesse de Mortain en 1625.  Elle  échouera et  le procès se terminera par un arrangement amiable. »

 

Entre1622 et 1633, plusieurs procès ont lieu pour la paroisse de Ger, dont une déclaration des habitants devant le verdier de Lande Pourrie, au sujet de leurs franchises en l'herbage de la forêt, « avec obéissance de payer, suivant leurs droits et anciennes libertés, 12 deniers pour l'herbage d'un bœuf ou d'une vache et six deniers pour un génisson, si leurs bestiaux allaient pâturer hors du franc herbage ; »

Les déclarations des services, libertés et droitures que demandent les coutumiers et  les gens de Ger en la forêt de Lande Pourrie sont précisées : « Chacun a droit d'y prendre bois pour aménager, en payant au verdier 5 sous, à chacun des sergents fieffés 2 sous et 6 deniers, et au sergent de la garde 12 deniers; » 

Mais aussi le droit de « prendre du  bois brisé et volé, tout mort bois, le sec en estant (qui se dit du bois qui est en vie, debout, sur pied , sur sa racine.),  et le vert en gisant, le bois arraché depuis 1 an et 1 jour; à Noël un fou (hêtre) pour trefaoul (chouquet ou bûche de Noël) en payant 2 deniers de tréfouage; un fou et un jarry (chêne) pour le chartil (Grande charrette longue, dont les paysans se servent pour transporter leurs gerbes en grange) et les roues;

De plus : « Chacun a franche pâture pour ses bêtes dans un espace déterminé qui a pour bornes, d'un côté, le chemin Montais qui vient de Lonlay à La Croix-le-Comte par le pont de Biorbe ; » 

« Chacun a panage pour ses porcs; les coutumiers sont sujets à l'archerie c'est-à-dire à aller, quand ils en sont requis, avec le verdier ou son lieutenant, les sergents fieffés et les sergents à gages de la forêt, un jour par mois, à leurs dépens; s'ils y sont plus d'un jour, c'est aux dépens du prince; ils portent chacun un arc neuf en corde, des flèches et un bougon (arme à feu) pour guerrer (poursuivre) et prendre les malfaiteurs, pourvu que le verdier ou son lieutenant et les sergents soient embastonnés (armés) convenablement comme les dits coutumiers, pour prendre les malfaiteurs; à cause de quoi ils sont quittes et francs de coutumes pour vendre et acheter tant en la dite forêt qu'en tous les autres lieux du comté. »

 

Une sentence de Denis Mesnage, [1621-1639]  Maître des eaux et forêts du comté de Mortain,confirme les habitants de Saint-Clément dans leurs droits, franchises, dignités et libertés en la forêt de Lande Pourrie, et « donne mainlevée (Acte qui ôte l'empêchement résultant d'une saisie, d'une opposition, d'une inscription ) aux habitants de la Clouterie, de la Gasnerie, des Vallées et de la Foutelaie, en la paroisse de Ger, du droit d'herbage pour leurs bestiaux, conformément aux chartes de fondation du Prieuré Blanc dont ils sont nuement (immédiatement)] tenants; » 

 Par la suite, une lettre de Monsieur de Montholon chargeait les officiers du comté de Mortain de composer et transiger avec les habitants de Ger au sujet des procès et différents en raison des franchises qu'ils prétendent en la forêt de Lande Pourrie.

En 1650, un arrêt des eaux et forêts est pris  contre Simon Robbes et autres sur l'opposition formée à l'adjudication de parties d’une coupe des bois de Lande Pourrie.

 

La juridiction des Eaux et Forêts du Comté de Mortain, qui existait depuis plusieurs siècles, fut soumise à une réorganisation complète, suivant l'édit de 1689, qui créa la Grande Maîtrise de Caen, avec les Maîtrises particulières de Caen, Bayeux, Valognes, Vire et Mortain. Un autre édit, du mois d'octobre 1716, composa de plus chaque Maîtrise : « d'un maître, un lieutenant, un procureur du roi, un garde marteau, un greffier, un receveur des amendes, un garde général collecteur des amendes et d'un nombre suffisant d'arpenteurs, huissiers-audienciers et gardes nécessaires. »

Avant 1759, une décision du Conseil du Duc d'Orléans, sur les nouvelles représentations des habitants de Ger: les familles qui tiennent des fonds anciennement aliénés du domaine seront « maintenues dans la franche pâture pour leurs bêtes aumailles (bêtes à cornes, ou autres bêtes domestiques) dans l'étendue du franc herbage ; dans l'exemption des droits de coutume aux foires de Tinchebray et des Giguinières; ils ne peuvent prétendre le droit de pâture qu'ils réclament dans la forêt, parce que ce droit a cessé avec la sujétion de l'archerie (service des archers) qui anciennement leur était imposée comme  condition » (c'est en  conformité de cette décision que le notaire du terrier de Mortain est autorisé à recevoir leurs aveux.)

 

Voir la fin de l'article dans: La Forêt de la Lande Pourrie et Ger (suite 3)

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 13:28

J'ai rédigé l'article ci-dessous pour qu'il  soit publié dans le 1er tome des 3 livres sur le village de GER dans la Manche. Je recommande ces livres à tous ceux qui s'intéresse à l'histoire de cette région de Basse-normandie. (1)

 

Selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), la forêt de la Lande Pourrie couvre une partie des communes de Barenton, Bion, Mortain, Saint Clément-Rancoudray, Saint Georges de Rouelley, Saint Jean du Corail, Lonlay l’Abbaye, Rouellé.

Au cours des siècles passés, d’autres communes, en particulier au nord de Ger,  avaient une partie de la Lande Pourrie  sur leur territoire: le Fresne-Poret, Saint Jean des Bois, Yvrandres, Beauchêne et probablement Tinchebray et Sourdeval.

 

Aujourd’hui, nous trouvons la trace sur le territoire de GER de nombreuses « Prises » ou «  terres fieffées ». Elles ont été « prises à la forêt »  et défrichées au fil des siècles, ( de la "Prise Breillot" à la "Butte Rouge" à l’ouest, de la "Haute Louverie" et "Froidebise"  à l’ouest, de  "la Vente" et "la Source au nord," de "la Pepinière à la Verrerie" au sud) . Tous ces lieux ont été déboisés par les hommes et de nombreux espaces ne sont plus forestiers.

 

Des hommes dans la forêt

 

« Historiquement, une partie de l'activité industrielle et artisanale du Mortainais naît de la double richesse qu'offre la forêt de la Lande Pourrie : son bois, source d'énergie et son sous-sol riche en fer et en silice. Le fer donnera naissance dès 1566 aux premières forges. La silice permettra le développement des verreries de Mortain. »

 

Il y a plusieurs siècles, la forêt couvrait probablement le territoire de Ger. Des hommes sont venus s’installer sur la  « Montauger, Mota de Ger, Motte de Ger » pour créer un village qui est devenu GER.

«… La présence des Francs dans la forêt de Lande Pourrie et sur le territoire de la commune de Ger n'est pas douteuse. C'est là en effet qu'ils importèrent l'industrie de la poterie, comme l'atteste l'ancien réseau des chemins potiers dont Ger  était le centre depuis un temps immémorial; et l'occupation de Lonlay, par les Francs de Lonlay, qui jouxtait la forêt de la Lande Pourrie et le territoire de Ger, n’en est pas moins certaine…. »

 

En 1106. « Henri 1er arrêtait ses troupes (40 000 hommes) dans la forêt de la Lande Pourrie afin d’y célébrer une messe avant l’attaque de Tinchebray. La messe fut dite puis les troupes franchiront l’Égrenne au gué de la Motte et au gué Angot. »

 

En 1333,  Philippe de Valois prescrivait "de rembourser de leurs dépens les écuyers envoyés pour  inspecter la forêt de la Lande Pourrie" -

 

Vers 1342, « l'ombre des grands arbres de la Lande Pourrie et les lambris du château dissimulèrent les premiers conciliabules d'une vaste conspiration qui se trouve à l'origine de la Guerre de Cent Ans. Godefroi de Harcourt et ses amis, se mirent à la tête des conspirateurs contre le Roi de France et tinrent leurs premières réunions dans une grande chasse à laquelle leur chef les avait conviés. »

 

Vers 1357, des bandes de brigands, connus sous le nom de « Tuchins » (brigands des bois)  tiennent la Lande Pourrie où ils cachaient le butin arraché aux paysans des alentours. 

Plus tard, les chemins de la Lande Pourrie étant peu sûrs, la cloche de la chapelle Maisoncelle,  sur Saint Clément, sonnait chaque soir durant une heure pour guider les voyageurs égarés dans la forêt.

 

Sur le rocher du Petit-Mont-Saint-Michel, « une petite cellule, fut construite par des ermites sur la magnifique chaîne de rochers, qui formait anciennement la limite de la forêt de Lande Pourrie. Nous savons qu'au milieu du XIVe siècle, le rocher entier était indiqué sous la désignation de Montjoie (Mons Jovis), dernier souvenir qui se rattache à un temple païen construit à Mortain sous l'invocation de Jupiter. »

 

Le 6 février 1385," un  aveu (Reconnaissance que le vassal donne à son seigneur pour les terres qu'il tient de lui) de la sergenterie (Charges ou droits relevant du droit féodal)  fieffée de la Lande Pourrie en la verderie (étendue de bois soumise à la juridiction du verdier, c'est-à-dire à un officier  qui commande les gardes d'une forêt) de Mortain est  rendu par devant Messire Audoyn de Chauveron chevalier conseiller du Roy, garde de la prévôté de Paris.

Cet aveu  est rendu par Jehan de Parigny, demeurant en la paroisse de Barenton.

Le dit de Parigny prélève dans la sergenterie 27 livres 10 sols de rentes en 2 fermes. Il a le droit de francs panages (droits payés au propriétaire d'une forêt pour avoir la permission d'y mettre des porcs), droit de martel (marques qu'on fait aux bois)  sur chacune des souches, il a droit à la moitié de l'épaule  droite de chacun des  cerfs pris en la forêt. Il a ses bêtes franches et les  herbages de cette forêt. Il a la dîme aux dépends du Roy toutefois qu'il exploite les amendes. Il a le  droit de faucher le lendemain que le Roy a fait faucher les landes fauchables en la forêt. Il a valet et cheval pour prendre les malfaiteurs. Il doit être présent pour marquer le bois à coup de martel avec son bordier (fermier ou métayer). Il aide à juger les causes et reçoit la moitié de la coutume de tous marchés faits en la dite verderie"

 

Pendant la  période troublée de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) apparaît la première trace écrite de l’existence de potiers. A Ger, ils avaient dû s’y installer depuis plusieurs siècles. Leur origine semble remonter à l’époque gallo-romaine. C'était, à n'en pas douter, la proximité de la forêt et les franchises qu'ils avaient pour profiter des bois qu'elle produisait, qui avaient favorisé leur établissement.

 

Ainsi un acte capitulaire « en date du samedi après la saint Grégoire 1391 » nous indique que les moines de Lonlay ont baillé en fief la terre du Cerisier  en Lonlay, prés de GER à un ancêtre des Breillot. Acte confirmé le 22 juin 1666 par un aveu d’André Breillot.

 

Dans les temps anciens, « St Jean des Bois s'appelait Saint Jean de Fonmaheut (du hêtre de Maheut), sur son territoire, à  la proximité de la forêt de la Lande Pourrie, il existait de nombreux charbonniers qui alimentaient les potiers de Ger et les cloutiers du Fresne-Porêt ». De nombreux échanges commerciaux avaient donc lieu à partir  des produits de la forêt.

 

Vers 1525, « s’ouvrait l’époque des guerres de religions et la guerre civile. La contrée ne fut pas épargnée. Les Huguenots de Montgomery attaquent Mortain  et l’Abbaye Blanche en 1562. La forêt de la Lande Pourrie fut, dans ces circonstances, pillée par les charbonniers, les taverniers et les boulangers de Mortain, du Rocher et du Neufbourg qui n’étaient plus surveillés quant au quota de bois à prendre en forêt. »

 

L’exploitation de la forêt était contrôlée. Cela a donné lieu à de nombreux litiges ou conflits. Les inventaires d’archives  citent de très nombreux procès et condamnations. Ainsi le 19 octobre 1609, André Benoist, sieur des ventes, Maître des eaux et forêts condamne Louis Heuzé à deux amendes pour avoir coupé et exploité indûment une certaine quantité d’arbres dans la forêt au triage de la carrière.

 

En 1614, des  poursuites sont exercées, à l’instance de Michel Sequard, procureur domanial, contre Charles de Fréval, sieur du Rosel et Pierre Postel, pour injures et violences contre les Officiers des Eaux et Forêts. La sentence de René Duhamel, Maître des Eaux et Forêts, nous rapporte la déposition des témoins: « Charles Le Tavernier de Saint-Jean du Corail, nous  dit que le quinzième du mois de janvier 1614, il fut requis par le dit Sequard pour aller avec lui au récolement des ventes de bois faites en la forêt de Lande Pourrie... Il était au triage (en terme d’eaux et forêts, se dit de certains buissons ou quartiers de forêt qui en font la division) des terres de RouIon en la dite forêt lorsque fut tiré un coup d'arquebuse. Il s'avança pour reconnaître qui avait tiré le coup, il trouva un homme, saisi d'une épée et d’un bâton de bois, assisté d’un laquais saisi de deux pigeons ramiers. Il leur dit; « voici des hommes qui veulent parler à vous» et de fait s'arrêta avec eux. Le nommé Postel fut mis en arrêt,  le laquais alla quérir son maître et je vis venir un troisième  homme habillé de gris, qui avait une longue arquebuse sous le bras qui s'adressa à Sequard en lui disant: « Par la mort Dieu, l’on m’a dit que vous écrivez contre moi ! » Ce à quoi Sequard lui dit « Monsieur, je ne vous connais point » ; et il nous requit pour l’interpeller et lui faire dire son nom. Lequel dit s'appeler : Charles de Fréval, sieur du RoseI. Alors Sequard lui dit: «  Ce n'est pas bien fait a vous de porter une arquebuse en la forêt et tirer au gibier, en préjudice des ordonnances du Roy et de l’intérêt de Mademoiselle la Duchesse de Montpensier ». A quoi il fut répondu par de Fréval qu'il tirerait et porterait son arquebuse partout en la forêt, et y tirerait et chasserait comme il le voulait. Fréval nous demandait « Mort Dieu, qui êtes vous ! »: Sur ce, il lui  fut commandé  « par le Roy » de quitter son arquebuse et de la rendre. Alors Fréval recula de cinq ou six pas et baissa le chien sur son arquebuse, la couchant en joue sur nous. ». Les archives ne nous disent pas à quoi furent condamnés les contrevenants mais  quelques mois plus tard le sieur du Rosel était de nouveau pris en train de chasser.

 

(« Les premiers Séquard, étaient chargés de la surveillance des bois et de la prise des oiseaux de proie pourle Comte de Mortain. A ce titre ils avaient des droits spéciaux, et faisaient partie du personnel des Eaux et Forêts, chargé d'assister le verdier lorsqu’il tenait ses assises de justice. » Le plus ancien que nous connaissons s’appelait Macé Séquart, « preneur d’épervier » en la forêt de la Lande Pourrie en juin 1335. »  )

 

Le 16 juillet 1630 est établi un procès verbal de visite de plusieurs loges et maison indûment construites aux abords de la forêt de la Lande Pourrie « et ou résident plusieurs pauvre gens, des métiers de charbonniers, forgerons, cloutiers, couteliers, boulangers, qui exploitent journellement et ruinent la forêt »

 

"Le 16 août 1727 à 9 heures du matin, Nicolas Levesque et Pierre Gauquelin Sieur de la Sablonnière, Conseiller-avocat et procureur du roi et de Monseigneur le duc d'Orléans,. Assistés de Maître Jacques  Casteboys, greffier commis en la dite maîtrise. En la présence de Maître Pierre  Messnage, Ecuyer, Sieur de la Boutrière, Conseiller-secrétaire du Roy, au dit comté de Mortain. [Sur l'avis qui leur avait  été donné], que l'on avait vu ce matin du feu dans la forêt de la Lande Pourrie, et beaucoup de  fumée au triage de Beauchamp. Ils ont  fait partir les deux gardes de la forêt pour découvrir et connaître l'endroit où était le feu. Ils ont  fait sonner le tocsin et battre la caisse dans la ville de Mortain et fait rassembler le plus grand nombre d'hommes qu'ils ont pu. Aussitôt envoyés faire sonner le tocsin dans les paroisses de Bion et de Saint Jean du Corail, qui sont adjacentes à la forêt, pour avertir leurs habitants de venir promptement au triage avec des instruments propres à éteindre le feu.

Arrivé sur les onze heures au  triage, Ils ont aperçu du feu et de la fumée sur une hutte à coté du rocher de la Roche Fichée à un endroit de la  forêt qui est nommé le Tertre des  Meslerotre. Etant parvenu, et ayant trouvé le feu très enflammé, Ils ont commandé  aux hommes de la ville et faubourgs de Mortain, et à ceux des Paroisses de Bion, Saint Jean du Corail, Barenton, Ger et Saint Clément qui s'y sont rendus et dont une partie avaient des haches, des bêches, des houes, et autres instruments de travail prompt a éteindre le feu. Ce à quoi  ils ont vaqué sur le champ. Pour cet effet, ils ont d'abord coupé du bois propre à battre le feu. Et après l'avoir battu et un peu arrêté, nous avons remarqué que le fort du feu s'était principalement attaché à deux pieds de chêne creux, .pourris et secs du haut…"

 

A la suite de cet incendie, dans son rapport, le Sieur de la Boutrière mentionnait très clairement que " ce feu a pris par la faute de quelqu'un [qui l'a allumé] pour enfumé les mouches à miel qui s'étaient installées dans un des chênes creux." Dans le même  rapport, il proposait que les habitants, qui ont combattu le feu,  reçoivent une indemnité de 15 à 20 Livres chacun.

 

Le 14 mars 1752 a lieu un échange de terres  entre le Duc d’Orléans et Clément, Julien, Jean- Baptiste Fortin demeurant à Rouge-terre en Ger. Ces derniers abandonnent une portion de terre en labour dans la pièce nommée le Breil des logettes à Saint Clément et reçoivent en échange 5 verges dans la lande de Hautequerolles.

 

 Plus tard, des hommes voudront s’installer dans la forêt ; ainsi André Millet, coutelier,  demandait, en 1766, à pouvoir faire construire en la forêt de Lande Pourrie un petit bâtiment sans cheminée et un moulin à repasser les instruments tranchants. Le Conseil du Duc d'Orléans décida que cette permission ne pouvait être accordée.  

 

Dans leurs plaintes et remontrances à l’Assemblée des Etats-Généraux de 1789, les paysans du Mortainais font valoir que « le sol qu’ils exploitent est presque partout stérile, pierreux et montagneux, qu’il est rempli de landes, de bruyères, de bois, où se réfugient des légions de lapins, qu’il est occupé par une vaste forêt d’où des bêtes fauves, surtout des loups, sortent et égorgent des moutons et des sangliers qui dévastent les récoltes. »

 

En 1797, Louis de Frotté traverse la forêt et les chouans, dont il est le chef, arrivent à Ger. Les chouans durant ce temps sont toujours très actifs, mais commencent à faiblir. Le 24 juin 1800, une bande mal armée, formée de chouans et de réfractaires au nombre de 1 200 environ, sort de la forêt  de la Lande Pourrie et envahit Barenton. Elle sera battue par les habitants et la Garde Nationale.

 

Pendant toute la tourmente révolutionnaire, la forêt, bien qu'éclaircie, servit d'abri à des prêtres insermentés (Se dit des prêtres qui, sous la Révolution, avaient refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé). Jusqu'aux pre­mières années de l'Empire, de nombreux insou­mis, pour échapper à l'appel aux armes, y vinrent grossir les rangs de l'armée catholique et royale. On s'y est souvent battu, plus souvent caché avec le butin pris aux Bleus des villes voi­sines, guerres d'embuscades et de guet-apens.

 

Pendant les conflits du 20ème siècle et notamment pendant la bataille de Mortain, la forêt a eu un autre rôle.

En 1944, des résistants  du Mortainnais qui s’étaient illustrés furent arrêtés. Ils ont  été fusillés  dans la forêt de la Lande Pourrie, à Saint Jean du Corail prés de Bourberouge.

 

 « Avec la paix, la forêt rendue au silence de ses friches ne connut plus que le jeu des saisons : le printemps fleuris­sant les ajoncs pour l'arrivée des courlis, l'automne pourrissant les landes et les changeant en marécages


La forêt a aussi suscité de nombreuses légendes. La plus connue est probablement celle du Roi Arthur qui a pour cadre le site de la Fosse Arthour en Saint Georges de Rouelley

 


  


 

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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 08:24

Depuis plusieurs années, j'avais le sentiment que notre patronyme était issu des villages qui bordent la forêt de la Lande Pourrie aux confins de la Manche et de l'Orne.

Dans un article précédent, je citais un aveu de 1660, qui lui-même citait, un acte capitulaire de 1381 qui montrait que des BREILLOT étaient installés à Lonlay l'Abbaye  dans l'Orne au hameau du Cerisier:

« Aveu rendu aux religieux de Lonlay par André BREILLOT, aîné du fief et masure du cerisier, sis à Lonlai-l’Abbaye, le 22 juin 1660, en son nom et au nom de ses puînés, qui sont……….. Louis BREILLOT, Brice BREILLOT et autres, contenant un acte capitulaire, en date de samedi, après la saint Grégoire 1381, par lequel Jean Ve, abbé de Lonlay  et tout le couvent du dit lieu, ont baillé en fieffe la terre du Cerisier( de serisio)….. »
Département de l’Orne : Série H 5368, Archives Ecclésiastiques, Abbayes et Prieurés, III et IV.


Je viens de trouver sur le site Gallica de la bibliothèque nationale un livre numérisé  intitulé:
"Archives historiques du Maine" dressée par Eugène Vallée en 1905
.

Il cite des "lettres de constitution des procureurs" du 18 octobre 1388 où sont nommés de très nombreux habitants du Craonnais dont un Estienne BREILLOT qui habite à Denazé près de Craon en Mayenne.

Cet Estienne BREILLOT était un adulte en 1388, il est probablement né vers 1360.

Il y a donc eu des BREILLOT en Mayenne avant 1360 ?



A suivre.
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