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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 15:31

Un différend entre architectes

ou un conflit politique ?

E 

n parcourant les registres de délibérations du conseil municipal  de  Cachan[1] pour mieux connaître les conditions de construction des édifices de notre commune (écoles, gymnases, stades, mairie etc.), le lecteur  trouve un rapport de commission qui occupe 23 pages de ce registre de 1935[2], alors qu’habituellement ce type de document occupe moins d’une page.

Là, je découvre ce que l’architecte municipal[3]  a qualifié de « Scandale des briques ».

De quoi s’agit-il ?

Permettez-moi d’abord un petit rappel : créée administrativement  en 1923, la commune de Cachan a gardé comme mairie des locaux provisoires jusqu’en 1935. « En 1925, la mairie sera installée provisoirement dans un petit bâtiment d’abord destiné à être un bureau de poste. Les deux années précédentes (1923-24), l’équipe municipale est installée dans des locaux loués rue Camille Desmoulins. A ce moment là, Cachan n’a pas de mairie. Léon Eyrolles considèrera plus tard que cette première mairie provisoire «offrait des conditions déplorables pour effectuer du travail »[4].

 

Inauguration.jpgL’actuel hôtel de ville a été inauguré le 31 mars 1935 par Pierre LAVAL alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Pierre Etienne FLANDIN[5] à qui il succède le 7 juin 1935.

Ce jour là, Léon EYROLLES,[6] maire de Cachan, est entouré par M. MOUNIÉ, sénateur-maire d’Antony et M. GRATIEN, député. Le ministre visite aussi les écoles Belle-Image et Paul Doumer qui viennent d’être inaugurées. Dans son discours, après un éloge de l’action de M. EYROLLES, le ministre évoque « les événements redoutables advenus depuis cinq mois. Il parle de la Sarre, qu’il refuse de transformer  en problème Franco-allemand, de la question Italo-yougoslave, du rapprochement Franco-italien. Il affirme que personne en France ne voulait la guerre, mais personne ne se résignerait à subir  des humiliations. La paix, nous  voulons la tenir dans l’honneur et la dignité »[7]

Nous sommes là, loin des préoccupations immédiates des Cachanais, qui, en dehors de leur quotidien,  vont devoir choisir une équipe municipale lors des élections des 5 et 12 mai 1935.

 

Le contexte politique cachanais

Trois listes briguent leurs suffrages, « l’Union Républicaine » conduite par le maire sortant, Léon EYROLLES, une liste SFIO, avec à sa tête un architecte, Antoine MARCILLOUX et une liste Communiste, conduite par Claude CELLIER.

Au cours de la campagne le combat politique est rude.

Ainsi, Léon Eyrolles, dans un de ses tracts, doit longuement se justifier à propos de l’adjudication du marché de ferronnerie de l’hôtel de ville qu’il vient d’inaugurer. La campagne fait rage et les journaux[8] locaux qui lui sont favorables, rendent coup pour coup aux autres listes qui elles-mêmes l’attaquent violemment. Ils publient des textes contre les candidats SFIO  ou communistes avec des poèmes ou des dessins satiriques pour les renforcer dans leur combat et frapper l’imagination de chacun. [9]

 

 

 

Election1935.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Cauchemar d’une nuit d’été[10] 

 

Un soir, à son balcon aux orgueilleux balustres,

Antoine profilait sa silhouette de rustre,

Durant qu’en son cerveau, embué par l’alcool,

Ses plus folles chimères avaient leur vol,

Il avait, ce jour là, fait maintes libations

L’ivresse stimulait son imagination,

Et divaguant alors, sous la clarté lunaire,

Il se crut de Cachan devenu maire !

Ce rêve lui causait une indicible joie.

Quand il crut, dans la nuit, percevoir une voix.

C’était le gros cafard, plus saoul que d’habitude,

L’outre gonflée de vin, tout débordant de zèle.

Agitant ses bras courts, comme un pingouin ses ailes

« Excusez-moi Antoine, de venir un peu tard,

Dit-il dans un hoquet imprégné de pinard.

Mais le moment est grave, surmonte ton émoi,

Il faut que tu sois maire, on a besoin de toi !

Avec nous tu triomphes, on a besoin de toi !

Malgré le dur affront des innombrables vestes… 

« Oui, je veux de Cachan assurer le bonheur. »

Mais l’écho, tout à coup, a répondu : Menteur !

 



[1] Archives de Cachan, registre des délibérations du conseil municipal de 1926 à 1939.

[2] Soit environ 50 pages dactylographiées en A4

[3] Monsieur René CHAUSSAT

[5] Président du Conseil de novembre 1934 à mai 1935.

[6] Maire de Cachan de 1929 à 1944

[7] Journal « Le Moniteur » du 6 avril 1935. Archives du Val-de-Marne

[8] Journaux en partie consultables sur le site Internet des Archives du Val-de-Marne. http://archives.cg94.fr/consultation/cdc/ead.html?id=FRAD094_000246

[9] Le Moniteur du 4 mai 1935, Archives du Val de Marne

[10] Extrait du poème publié dans « Le Moniteur » avril 1935, Archives du Val-de-Marne sur Antoine MARCILLOUX.

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 12:15

Le syndicat des blanchisseurs  après la Libération

 

2ème partie,

 

L

e 19 novembre 1945 est convoquée une AG extraordinaire, 70 personnes sont présentes, 42 peuvent voter. Elle réélit l’ensemble du conseil d’administration.  Le bureau comprend alors des patrons de Cachan, Gentilly, Arcueil et Bourg-la-Reine.

Le principal  sujet de préoccupation est la distribution du charbon. Elle va se faire sur la base du montant du chiffre d’affaires de 1938 pour chaque blanchisserie.

A partir  de 1946, on alterne les AG statutaires et les réunions générales.

Le 24 février, on y distribue des « bons de toile de jute ». Sur proposition du président Bagot, on envisage l’organisation d’un bal de bienfaisance au profit des anciennes ouvrières et pour la caisse d’apprentissage.

 

Lors de l’AG du 18 mars 1946, on aborde la question des augmentations des salaires de 10% demandées par les ouvriers.

Il est constaté que la distribution du charbon s’améliore. Il est possible de demander un supplément. Chaque blanchisserie sera convoquée en vue de l’établissement de son chiffre d’affaires.

Le président distribue des bons de savon. Il informe les membres que 4000 kg de Solvay sont réservés pour la région parisienne au titre du premier trimestre 1946.

Le personnel des blanchisseries peut bénéficier de cartes supplémentaires de pain.

Une réunion générale a lieu le 28 avril 1946. Le président Bagot rend compte du bon résultat du bal corporatif qui a connu un gros succès.

« Le bénéfice réalisé sera employé pour:

-           soulager quelques ouvrières ne pouvant plus travailler,

-          encourager les patrons à former des apprentis dans un métier délaissé. »

Ensuite, on étudie les projets de statut d’une caisse de solidarité en vue d’aider les adhérents « qui subissent de nombreux vols de linge ».

Pour terminer, les bons de Solvay sont distribués à chacun.

Un mois plus tard, le 26 mai, on envisage la création d’un « groupement charbonnier » pour faire face aux besoins de tous.

Le président indique que les salaires doivent augmenter de 15 %. Il est envisagé une augmentation des tarifs clients de 20%.

Un journal vient d’être édité avec un certain succès : « Le journal de la Bièvre ».

Le 7 juillet et le 14 août, on parle toujours d’augmentation pour les ouvriers et de celle des prix pour les clients.

D’autres réunions ont lieu le 8 septembre, le 9 novembre, une AG est convoquée pour le 8 décembre 1946.

Après avoir distribué des bons de savon et d’essence, le président Bagot fait la lecture d’une circulaire qui indique les taux de rémunération des heures de travail de nuit et du dimanche.

Les patrons vont devoir payer le travail de nuit 15% en plus du salaire légal et 30% pour les dimanches.

Par ailleurs, pour la nuit, ils doivent accepter une demi-heure de pause rémunérée et fournir un casse-croûte gratuit à leurs salariés.

Ensuite le président expose la situation critique du charbonnage. Il demande avec insistance que chacun respecte la discipline syndicale quant aux réclamations des attributions de charbon. Les premiers servis sont ceux qui sont à court dans leurs réserves. « Des renseignements  seront pris, les stocks seront vérifiés….. Le président a les pleins pouvoirs pour une répartition équitable du charbon. »

Au bureau du syndicat, une semaine plus tard, le 15 décembre, il expose de façon détaillée la gravité de la situation charbonnière. Il s’engage à faire tout ce qui est humainement possible  pour que chacun puisse travailler « mais  pour cela la discipline la plus rigoureuse est à observer…. »

 bievre-et-blanchisserie.png

 

 Le bureau adresse un blâme à un blanchisseur, M. L., pour la non-observation des règles. 

L’assemblée générale du 5 janvier 1947 a toujours à gérer les diverses restrictions (charbon, essence, etc.).

Par ailleurs,  elle apprend que le gouvernement Blum impose à tous une diminution de 5 % des prix aux clients par un décret du 2 janvier.

Un autre suit le 24 février.

Une série de grèves a commencé début 1947 (janvier : les gaziers de la Région parisienne, les dockers de Nantes, Michelin à Clermont-Ferrand ; février, grève dans les ports, grève de la presse parisienne, chez les cheminots parisiens).

Le président du COBTEN[1], Monsieur Clausse, vient à Cachan le 18 mai 1947 assister à une réunion générale. Il indique que l’État a refusé d’abroger les 10 % de baisse des tarifs aux clients imposés  aux blanchisseries.

Par ailleurs, il explique que « le mouvement de grève du personnel des blanchisseries peut être utile aux patrons pour la défense de nos intérêts. Il y a donc lieu de ne rien tenter pour s’y opposer. Pour éviter tout incident, il propose de ne pas effectuer les livraisons.

Un vote constate que 32 membres sont pour l’arrêt des livraisons et 1  contre. Il est décidé  d’attendre l’évolution des événements avant de reprendre le travail.

Dix jours plus tard, le président Bagot convoque le conseil d’administration. « Il démissionne de la présidence. Il est profondément déçu par le manque de discipline et de cohésion dont  ont fait preuve un certain nombre de patrons blanchisseurs dans l’application des conditions qui mettaient fin aux revendications des ouvriers. Il regrette que ses collègues n’aient pas apprécié tous les efforts qu’il n’a cessé de prodiguer pour l’organisation du syndicat, que pour la défense des intérêts de tous, aucun cas ne lui a été étranger. Il s’est penché sur tous. Chacun a eu au moins un cas particulier à défendre…..

Il espérait être bien suivi. L’indiscipline  de quelques-uns  l’a mis dans une situation qu’il juge inacceptable avec son poste de président. »

En effet, alors que lors de l’arbitrage du ministère, les ouvriers avaient accepté une augmentation de trois francs de l’heure….. certains patrons blanchisseurs de Cachan ont donné quatre francs voire même six francs pour certains postes.

« Les ouvriers du président Bagot en ont exigé autant pour reprendre le travail sous peine de voir sa blanchisserie désorganisée. » Monsieur Bagot a été obligé de s’incliner devant ses ouvriers.

Par solidarité, l’ensemble du conseil démissionne. Une assemblée e st convoquée pour le 8 juin 1947. L’ensemble du conseil est réélu. Monsieur Bagot a le maximum de voix. Il est de nouveau président.

Les sept autres réunions de 1947 sont consacrées à la gestion de la pénurie dont la répartition du savon provenant des surplus américains. Il en est de même en 1948.

Le 21 mars 1948, on envisage de nouveau l’organisation d’un bal.

bal.jpgIl a lieu le 8 mai 1948 dans le salon d’honneur de la mairie de Cachan.

 

Au cours de l’AG du 24 avril 1949 le président Bagot explique le projet gouvernemental de visite médicale  obligatoire du personnel aux frais des patrons.

« La majorité de l’assemblée décide qu’il n’y a pas lieu de prendre l’avant-garde d’un projet et décide de rester dans l’expectative ».

« Monsieur Bagot déclare ne plus se sentir soutenu par les membres du bureau……Il donne sa démission. Aussitôt le vice-président, monsieur Lazardeux démissionne aussi. »

« Les autres membres du bureau attendent les événements ».

Le secrétaire  s’autorise alors un commentaire sur le cahier de délibérations : « Le syndicat des patrons blanchisseurs de Cachan et sa région restera sept mois sans activité. C’est tout ce qu’on peut dire de cette réunion. »

Une AG est convoquée le 13 novembre 1949. M. Lazardeux présente une liste qui n’est pas élue.

Un nouveau CA est élu : M. Scheffer, de Cachan, devient président. M. Gaulthier est vice-président (Cachan) ; M. Deleplanque (Cachan) est toujours secrétaire, il démissionnera trois mois plus tard. M. Durand, (Arcueil) trésorier. Il comprend aussi quatre membres actifs : messieurs Poupard (Gentilly), Roudier (Cachan), Lefèvre (Bourg-la-Reine), Chal (Arcueil).

A partir de cette époque jusqu’en novembre 1958,  les comptes rendus deviennent très succincts dans le cahier des procès-verbaux des réunions.

Un bureau du 15 avril 1950 répond à une enquête sur les blanchisseries. En 1940, il y avait 70 blanchisseries, en 1950 il en reste 39 qui salarient 157 femmes et 23 hommes.

Il n’y a aucune réunion  pendant cinq années entre  juin 1953 et octobre 1958.

En 1958, une première réunion est autour de l’annonce de la liberté des prix faite aux clients, il est conseillé aux blanchisseurs de rester modérés dans leurs éventuelles augmentations. Une dernière réunion retranscrite a lieu le 23 novembre 1958 au café Charrial, place Gambetta. Sont présents MM. Schaeffer, Durand, Gobillot  et Gaulthier. Ce dernier accepte d’être président à la suite de M. Schaeffer. M. Durand reste trésorier, M. Gobillot devient secrétaire. Le siège du syndicat est transféré au 43 rue Etienne Dolet.

Les PV s’arrêtent à la page 131 alors que le cahier en comporte 400. Cette dernière réunion était elle la fin du syndicat des patrons blanchisseurs de Cachan et  de ce qui a été l’industrie principale de notre commune  pendant plus de 150 ans ? 

 

Des témoins de cette époque pourront nous le dire. Nous attendons leurs visites ou leurs écrits à ce sujet.

 

Sources[2] 

Marcel BREILLOT


Article Publiè dans le N°75 des Chroniques du Val de Bièvre.

[1] Syndicat régional des blanchisseurs de la région parisienne.

[2] Registre des délibérations du syndicat, Archives,  Mairie de Cachan.

  Blanchisseurs et blanchisseuses d’Arcueil-Cachan, L-L Veyssière, 1938.

  Les blanchisseries de Cachan, 2010,  Collectif, Maison Cousté.

Ce fascicule peut être acheté à la Maison Cousté, 19 rue Cousté 94230 Cachan

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 10:17

Les blanchisseurs  et la guerre de 1939/45

 

 

 

Dès l’année 1900, les 150 blanchisseurs d’Arcueil-Cachan, dont 120 de notre commune, se sont organisés en syndicat patronal. Les statuts de celui-ci ont été déposés à la préfecture de la Seine le 4 juin 1900.

Ensuite, ils sont modifiés le 23 juillet 1937, lors d’une Assemblée Générale (AG) qui a lieu en mairie de Cachan où sont présents 33 membres adhérents.

 

Ils prévoient que le syndicat « ne comprend que des blanchisseurs traitant le blanchissage du linge pour autrui et la location du linge ».

L’assemblée a alors élu un conseil d’administration de 12 membres.

Le lendemain, 24 juillet, un nouveau bureau est élu avec :

M. Bertin, président, de l’Haÿ-les- Roses ; M. Lainé, vice-président ; M. Scheffer, secrétaire ; M. Lesueur, trésorier ; ils sont tous les trois de Cachan.

Le cahier des délibérations du syndicat,[1] tenu par les secrétaires successifs, comprend les années de 1937 à 1957.

Selon les années et le secrétaire en fonction, les comptes rendus sont plus ou moins importants.

Ils permettent de comprendre l’activité du syndicat ou, en tout cas, de lire la trace de ce que le secrétaire pensait devoir laisser dans ses comptes rendus. C’est donc un document très intéressant.


Pour resituer l’activité du syndicat dans son contexte, j’évoquerai aussi quelques événements de notre histoire nationale ou locale pendant cette période.

 

Cela portera essentiellement sur  la période 1939-1948, soit celle de la guerre, puis du gouvernement provisoire et enfin de la IVème république.

De 1937 à 1943, le syndicat organise une assemblée générale par an puis son conseil d’administration (CA) se réuni une à deux fois dans l’année.

De 1937 à 1939, il est surtout question des revendications ouvrières telles que les demandes d’augmentation des salaires des ouvriers ou les modifications de la convention collective et comment y faire face.

Par ailleurs, le 26 février 1938, le CA organise son assemblée générale à venir.

Une demande a été faite à M. Eyrolles, maire de Cachan, pour avoir la possibilité de la faire en mairie. Le CA trouve le prix de la location de la salle de la mairie assez élevé.

Une démarche sera faite « pour obtenir si possible un adoucissement du tarif municipal ». M. Philippe se propose de voir le maire à ce sujet.

 

Le 1er avril 1938, il est décidé d’ajourner le projet de bal des blanchisseurs car « les résultats financiers sont trop incertains ».

 

Le 6 mai 1938, les membres du CA sont informés du projet de banquet du syndicat des blanchisseurs à l’hôtel Lutétia.

« Le prix de la carte d’entrée est de 55 francs. Il est décidé de joindre à l’invitation une brochure sur l’origine des blanchisseurs à Cachan qui a été éditée par - Les Amis du Vieil Arcueil -[2]. » Elle est vendue 3,50 F. [3] 

Début 1939, est envisagée la participation à une « mutuelle décès » pour les patrons adhérents.

 

Les blanchisseurs pendant la guerre.

En septembre 1939, Hitler envahit la Pologne. La guerre est déclarée le 3 septembre.

 Devant le conseil d’administration du syndicat du 23 décembre 1939,  le président Bertin fait un exposé sur « la situation des blanchisseries depuis le début de la guerre avec l’Allemagne. Il y a environ 20 de nos adhérents qui sont mobilisés, et à part quelques établissements fermés, les femmes continuent l’exploitation de leur commerce malgré toutes sortes de difficultés. »

Le conseil d’administration décide qu’il ne sera pas réclamé de cotisation aux femmes de ses membres mobilisés et il charge son trésorier « d’adresser à tous nos collègues mobilisés un mandat de 30F».

 En avril 1940, « devant le nombre important de blanchisseurs rappelés sous les drapeaux, l’assemblée décide de surseoir à tout  envoi afin de ne pas créer des difficultés de trésorerie ».

Le gouvernement dirigé par le maréchal Pétain, modifie autoritairement les institutions et décide le 16 novembre 1940 que les maires seront nommés par les préfets dans les communes de plus de 2000 habitants. Pour Cachan, le 19 juillet 1940, M. Eyrolles est d’abord désigné président de la délégation spéciale par le préfet.  Il est maire de Cachan depuis 1929. M. Tayart est désigné comme vice-président.

 Aucune réunion du syndicat des blanchisseurs n’est retranscrite dans le registre pour l’année 1941.

 

Puis, M. Eyrolles est « désigné » comme maire, le 9 mai 1941, par arrêté ministériel. Messieurs Tayart, Melun, Appert, Alesandrini sont « nommés » adjoints au maire par arrêté préfectoral.

 

Pour le syndicat, à partir de 1942, il y a deux assemblées générales par an. Elles ont lieu en mairie de Cachan.

En 1944,  il y a six réunions générales des membres. Elles seront encore plus nombreuses en 1946/47 (dix en 1947).

Le plus souvent, elles ont lieu dans le café Charrial, place Gambetta.

Le syndicat tente de gérer la pénurie pendant cinq années particulièrement difficiles, de 1942 à 1947.

 

Lors de l’assemblée générale du 10 mai 1942, 51 blanchisseurs sont présents. Après avoir souligné que « la collecte  pour les blanchisseurs sinistrés par les bombardements[4] de Boulogne Billancourt a produit 2 055 francs », le président Bertin distribue les bons d’amidon qu’il a reçus et donne des indications pour l’obtention des bons d’huile.

 

Au cours du conseil du 14 mai 1942, une démarche est décidée auprès du maire de Cachan afin que la carte T de rationnement[5], délivrée aux patrons de blanchisseries « ne leur soit pas enlevée comme il en a été question ».

L’assemblée générale en date du 15 novembre 1942 marque l’accentuation du rôle du syndicat dans la gestion de la pénurie. L’ordre du jour comprend la question des raccordements électriques, la nouvelle répartition du charbon basée sur le chiffre d’affaire du 1er trimestre 1942, La distribution du carbonate de soude Solvay[6] : « Il n’est distribué que 20 grammes de Solvay par kilo de linge sec alors qu’il en faudrait 35 grammes, l’attribution de gaz faite au voitures fonctionnant au gaz de ville, « Il faut établir un plan de groupage des livraisons du linge dans notre syndicat. Le maire de Cachan est habilité pour obliger les camionnages. Les voitures sont pour tous au prix de 55 francs de l’heure pour les transports au gaz de ville ».

 Des bons d’achats  de sabots en caoutchouc sont disponibles au COBTEN (organisation régionale du syndicat). Par ailleurs, il est constaté que la collecte des tickets de savon des clients devient de plus en plus difficile. Ces tickets donnent seulement droit au blanchissage de 3,5 kg de linge à blanchir par mois et par personne alors qu’il faudrait environ 20 kg, selon les blanchisseurs.

Le président Bertin rappelle aussi aux adhérents « qu’en aucun cas, ils ne doivent augmenter leurs prix, même sous forme de frais de transport, sous peine de sanctions très sévères ».

Le CA du 30 mai 1943 charge son secrétaire de répondre à la lettre de M. Tayart, maire-adjoint et délégué de « la famille du prisonnier » qui demande au syndicat la fourniture de linge pour les prisonniers rapatriés. Le syndicat ne peut que faire un don de 1000 F.

Il fait aussi un nouveau don de 2000 F. pour ses collègues de Boulogne-Billancourt.

 

Lors de l’assemblée générale du 8 août 1943,  le président fait la lecture de plusieurs circulaires nouvelles concernant les produits actifs sulfurés, la nouvelle répartition du bois de feu à usage industriel, la répartition de la clientèle des blanchisseries sinistrées, le service de travail obligatoire (STO), la délivrance de certificats attestant le classement des blanchisseries comme étant prioritaires pour la main-d’œuvre.

Ensuite, le président Bertin fait la distribution des bons de carbonate de soude Solvay.

 

Le 19 mars 1944 le conseil examine une lettre du maire de Cachan concernant « l’Œuvre du livret du prisonnier ». Le CA décide de souscrire un livret de 1000 F. pour chaque patron ou ouvrier blanchisseur qui est  prisonnier.

 

Il décide de vendre les quatre obligations qu’il possède  pour couvrir cette dépense.

Le président constate que plusieurs blanchisseries sont fermées temporairement par manque de charbon.

 Le 3 juin 1944 le gouvernement provisoire du Général De Gaulle est installé.

Le 19 août est marqué par l’insurrection de la Résistance à Cachan, puis la libération de la mairie.

Le 17 septembre 1944, une assemblée générale est convoquée. Sont présentes 70 personnes. Le compte  rendu du secrétaire nous rapporte « un début de réunion assez confus ». Ensuite, M. Lazardeux, « trouve dans un moment de calme le moyen d’exposer l’ordre du jour » dans lequel  doit s’effectuer l’élection du conseil d’administration. « 5 membres sur 12 doivent faire partie de la Résistance. » Le secrétaire ne mentionne pas qui a institué cette nouvelle règle sur la participation de la Résistance.

Ilnote ensuite « qu’il y a peu d’empressement pour prendre ces fonctions  d’administrateurs du syndicat. »

Le président Bertin exprime sa ferme intention d’abandonner son poste qu’il occupe depuis 1937.

Finalement le scrutin a lieu, 20 candidats recueillent entre  44 et 7 voix. Avec monsieur Lazardeux, M. Bagot recueille 44 voix. Il remercie l’assemblée de la confiance  qui lui est témoignée et surtout « il remercie au nom de la Résistance quelques personnes présentes », le secrétaire du syndicat ne mentionne pas les noms des personnes concernées. M. Lazardeux exprime les mêmes sentiments que M. Bagot et « assure l’assemblée qu’il fera tout ce qui est possible pour contribuer à la cause des blanchisseries ».

Le scrutin ayant occupé l’essentiel du temps de cette assemblée, la question des nouvelles revendications ouvrières sur les salaires est traitée « Mais cela  brièvement et officieusement ».

Un conseil d’administration est organisé aussitôt pour élire le bureau du syndicat. M. Bagot fait ressortir les mérites de M. Lazardeux et ce dernier fait l’éloge de M. Bagot. « Mais cela s’arrange rapidement » écritle secrétaire. Quel est le sens de cette remarque ? Je laisse chaque lecteur à son interprétation.

Puis M. Bagot décline la présidence « ayant déjà une charge écrasante au sein de la Résistance et à l’organisation de la mairie ».

Il est vrai que M. Bagot est membre du « Comité local de libération ».

 Finalement le bureau est élu : le président est M. Lazardeux ; M. Bagot, vice-président ; M. Bertin, trésorier ; M. Deleplanque, secrétaire.  M. Bagot signale que plusieurs blanchisseurs qui n’ont pas ré-ouvert leur blanchisserie, continuent à toucher leur attribution. Ils s’exposent, en cas de non réouverture immédiate,  à se voir retirer leurs attributions  surtout pour le charbon dont les arrivages sont de plus en plus rares. Il est même question de supprimer les attributions de décembre.

La veille de noël 1944, une assemblée est de nouveau convoquée. Monsieur Lazardeux quitte la présidence trois mois après avoir été élu pour trois raisons principales :

« 

- Des raisons de santé.

 

- Des contacts assez durs avec les organismes de la corporation.

 

- Parce qu’il n’est pas assez soutenu par ses collègues. »

 

« Sa place de Résistant le mettait à même d’aller plus loin qu’un autre dans la défense des blanchisseurs ».

 

« Une petite crise locale est ouverte » selon le secrétaire.

 

Le 30 décembre 1944 Monsieur Bagot accepte finalement d’être président. « Cela malgré ses charges écrasantes à la municipalité et au conseil de la Résistance. »

Il convoque une nouvelle AG le 21 janvier 1945.

Sont présents 50 membres du syndicat. Il fait d’abord un exposé sur la situation militaire « qui seule doit compter avant les intérêts particuliers. Devant de tels faits, chacun comprend les renseignements fournis au sujet du charbon. » Le président peut dire qu’  « un mouvement de résistance en blanchisserie est formé ce jour   là ».

 

La fin de la guerre est proche. Pour le syndicat, c’est le début d’une longue période de tentatives de gestion des pénuries. Ainsi, lors de cette réunion, les blanchisseurs s’organisent pour obtenir ensemble des bons d’essence et pouvoir assurer le transport du linge.

Le 8 mai 1945, l’armistice est signé. La guerre est finie, mais pas les rationnements ou la pénurie des approvisionnements et fournitures indispensables au bon fonctionnement des blanchisseries.

 

A suivre          

 Marcel  BREILLOT

 

[1] Registre du syndicat des blanchisseurs, archives municipales de Cachan.

[2] L-L Veyssière, Blanchisseurs et blanchisseries d’Arcueil-Cachan, 1938. 

[3] Collection de l’auteur.

[4] Les usines Renault ont été bombardées par la RAF le 3 mars 1942. Plusieurs blanchisseries ont été touchées.

[5] La carte T est distribuée aux consommateurs de 14 à 70 ans se livrant à des travaux de force.

[6] Selon Jean-Baptiste Dumas « Les fabriques de soude, fondées sur l’emploi du procédé de Nicolas Leblanc ont constitué les véritables écoles pratiques de l’industrie chimique moderne. »   Dès le début du XIXe siècle, la seule région parisienne produisait 22 tonnes de soude artificielle par jour.
Le  procédé Leblanc sera détrôné, à partir de 1870 par le procédé à l’ammoniac d’Ernest Solvay (1838 – 1922) présentant des avantages économiques essentiels.

Ces « Cristaux de soude » étaient en bonne place dans les cuisines de nos grands-mères pour la vaisselle, les lessives et tous autres nettoyages.

 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 13:29

Ce boulevard  est une des plus longues voies de circulation de Cachan.

Il suit le tracé de l’aqueduc  de la Vanne construit par l’ingénieur Eugène Belgrand à partir de 1867.


E.Belgrand.jpg
 La canalisation de l’aqueduc elle-même se situe au dessus du tracé de l’aqueduc de Médicis (ou de Rungis) qui a bientôt 400 ans.
Le boulevard apparaît en tant que future voie de circulation sur des plans assez récents de Cachan (1935) alors que l’emprise de terrain existe depuis la construction de la canalisation de la Vanne à partir de 1867.
Ainsi, en 1935, Léon Eyrolles , alors candidat au renouvellement de son mandat de maire, propose toujours :

« L’aménagement de plusieurs rues dont le boulevard de la Vanne. Il souhaite qu’en soient  exécutés les travaux de viabilité…. »
Depuis la création administrative de la commune de Cachan, les habitants du boulevard font parvenir régulièrement des pétitions au conseil municipal.
Ainsi, le 11 juillet 1923, le conseil municipal en approuve une, venant des riverains. Elle est adressée au préfet de la Seine.
« Les soussignés appellent votre bienveillante attention sur la situation qui leur est faite par suite de la non-viabilisation du Boulevard de la Vanne dans son parcours à Cachan….
Les pétitionnaires font l’historique du boulevard. Ils rappellent :
…L’expropriation des terrains par décision judiciaire du 28 mai 1861….
La création en 1904 d’une Ligue des riverains qui demandait l’établissement d’une bande pavée le long de la canalisation….
Ils ajoutent que le rapporteur du préfet à cette époque expliquait : Que malgré l’accès si imparfait de l’emprise de la Vanne, il s’est construit trop d’habitations en bordure et celles-ci constituent un voisinage menaçant pour la salubrité de l’eau de Paris….
Les pétitionnaires lui répondent …qu’il n’est au pouvoir de personne d’empêcher ceux qui cherchent de l’air et de la lumière (ils sont de plus en plus nombreux) de faire construire à côté de la dérivation de la Vanne…
Ils affirment :.. Nous ne voyons pas très bien en quoi la présence d’une bande pavée peut-être plus nuisible à l’aqueduc que ne l’est le remblai de terre existant….
  
Ils citent une pétition déjà ancienne du 23 juin 1906 :
« ...Les glissements du terrain ont compromis la solidité des maisons qui bordent l’emprise, les murs
 s’écroulent …Nous demandons qu’il soit permis aux malheureux piétons de circuler, aux enfants de se rendre à l’école et aux médecins de pouvoir visiter les malades et demandons la permission de faire établir une bande pavée de un mètre de large et d’établir trois escaliers de franchissement sur  le talus de l’emprise de la Vanne aux endroits où aboutissent les sentiers communaux…. »

Des années plus tard, le 24 janvier 1926, le conseil municipal de Cachan examine le rapport de Félix Choplin , en date du 7 janvier.
« …Depuis plus de cinquante ans, la mise en viabilité du boulevard est toujours demandée à la ville de Paris, au Préfet et au Conseil Général de la Seine…
C’est la ville de Paris qui a donné ce nom de « Boulevard de la Vanne » au terrain au long duquel elle a établi la canalisation… »
Il rappelle les conséquences :
-    La pollution des eaux
-   Les glissements de terrain
« ….Le boulevard est recouvert d’une épaisse couche de glaise qui retient les ordures ménagères, les matières fécales, les purins et autres foyers d’infections qui existent aujourd’hui...La stagnation de tous les détritus, matières solides ou liquides pénètrent autour  des conduits par des infiltrations et les  fissures et elles contaminent les eaux..»

Pour le rapporteur, il faut faire ce boulevard avec un accès par la rue de la Citadelle qui doit être rendue carrossable et la voie des Saussaies qui est à élargir. Mais le plus urgent est surtout de « faire un égout » autant pour les Cachanais que pour les Parisiens dont l’eau n’est plus potable. L’eau de la Vanne est accusée d’être à l’origine de plusieurs épidémies dans Paris.
Félix Choplin conclut son rapport : « ...Les Parisiens chassés par la crise du logement ne vont pas habiter la province, Ils restent dans le département de la Seine. C’est pour cette raison que, venant à Cachan, séduits par la vue magnifique que l’on a des environs, ils s’établissent boulevard de la Vanne…
Ce n’est qu’aux premiers froids, dès que le temps devient mauvais qu’ils s’aperçoivent des inconvé-nients….
La ville de Cachan n’a pas les moyens de payer…. Ce serait d’ailleurs la plus lamentable des bouffonneries.
En effet, nous n’avons pas demandé la canalisation de la Vanne…… »

Signature.jpg
 
A cette époque, le parcours dans Cachan de la canalisation de l’aqueduc, est loin d’être stabilisé. 
En 1926 , il y a un effondrement sur environ cinquante mètres. Un nouvel effondrement aura lieu en 1931, année, où est présenté au Conseil Municipal de Cachan, un projet de dérivation avec des tuyaux en béton armé.
Le conseil adopte ce dernier projet en 1932. Le chantier démarre en juin 1933. Après avoir suivi la nouvelle dérivation du Loing et du Lunain, le nouveau siphon passe par  les rues des Vignes et Etienne Dolet avant de remonter vers le pont- aqueduc, au niveau du croisement de la rue Etienne Dolet avec  la rue Cousté.
En 1923, le 23 avril, le conseil municipal décide de donner des numéros aux propriétés situées sur le boulevard.
Il y a 313 parcelles de terrain. Sur celles-ci, 104 propriétaires habitent leur maison sur place. Ils sont 60 côté pair et 54 côté impair. Les autres 209 parcelles appartiennent à des propriétaires qui habitent ailleurs dans Cachan ou encore à des non-Cachanais.


 

Lors du recensement, en 1926, le boulevard est habité par 466 Cachanais dont 299 qui sont en âge de travailler (plus de 13/15 ans).

Parmi ces 299 habitants, il y a 148 femmes et 151 hommes. Dans cette population, 55 personnes ont entre 14 et 20 ans, 113 ont entre 21 et 40 ans, 108 ont entre 41 et 60 ans, 35 ont plus de 60 ans. La plus âgée, Madame Minier, a 85 ans.

La population du boulevard de la Vanne est d’origines diverses. 37 personnes sont nées à Arcueil-Cachan, 94 le sont à Paris et 35 dans le reste de l’Ile de France. D’autres sont nées en province, soit 115 personnes et 16 à l’étranger, plutôt en Europe.

Parmi ces personnes en  âge de travailler, il y a 93 chefs de famille selon le recensement dont 24 veuves ou veufs.  Au total, il y a 35 veuves ou veufs, 11 ne sont pas considérés comme chefs de famille car en général, ils habitent chez leurs enfants. La guerre de 1914/18 n’est pas loin. Par ailleurs, il y a 83 compagnes ou épouses.

Il y a 105 personnes sans emploi déclaré dont 90 femmes. D’autre part, 54 d’entres elles ont des employeurs divers ou non-permanents. Il y a 14 « patrons du point de vue du recensement » dont 5 femmes. Elles  sont bijoutière, culottière, hôtelière, marchande de vins, nourrice. Nous voyons qu’il s’agit là de commerçantes, d’artisanes ou de travailleuses indépendantes ou isolées. Les métiers féminins sont les « petits métiers » traditionnels de cette époque.

Si nous examinons ceux qui ont plus d’une représentante par métier, nous trouvons : 11 blanchisseuses, 5 employées, 5 journalières,

4 dactylos, 4 domestiques,

3 couturières, 2 brocheuses,

2 cartonnières, 2 confectionneuses,

2 vendeuses.

Parmi les hommes déclarés patrons, il y a 1 bijoutier, 1 blanchisseur, 1 boucher, 1 coiffeur, 1 cordonnier, 1 épicier, 1 hôtelier, 1 marchand ambulant, 1 marchand de vin.

Chez les autres hommes les métiers sont assez diversifiés. Parmi ceux qui ont plus d’un représentant nous trouvons : 18 employés, 14 manœuvres, 7 menuisiers, 5 aides-comptables ou comptables, 5 chauffeurs, 5 imprimeurs, 5 mécaniciens, 4 forgerons,  4 maçons, 4 relieurs, 3 cordonniers, 3 serruriers, 2 ajusteurs, 2 couvreurs, 2 représentants de commerce.

Parmi les métiers un peu différents, nous trouvons celui de Monsieur Jamet (37 ans), il est publiciste  dans un office de publicité.

 

Monsieur Glabani (21 ans), lui, a un métier plus traditionnel de la « Vallée de la Bièvre », il est corroyeur[1].

 

Au sein de la famille Juzaine, trois  membres sont rotiniers[2] pour les établissements Martinet.

 

La plupart des personnes du boulevard qui sont nées à Arcueil-Cachan, le sont après 1900, de ce fait nous n’avons pas accès aux registres d’état-civil sur le site Internet des archives du Val de Marne.

Nous avons consulté ces registres seulement pour deux des habitants du boulevard.

 

Alexandre Dumas est peintre en 1926. Il est né le 7 novembre 1889 au n° 5 de la route de Villejuif à Arcueil. Son père, Louis Dumas, est un terrassier âgé de 25 ans  au moment de la naissance d’Alexandre. Sa mère, Léonarde Butelle, est journalière, elle a 23 ans.

Alexandre  épouse le 11 juin 1914, Céleste Lorin, puis le 10 février 1921, Zoé Roger.

 

Émile Thiberge est monteur-bronzeur en 1926. Il est né le 14 novembre 1891 au n° 3 de la rue Cousté à Cachan. Il est le fils d’André Henri Eugène Thiberge âgé de 32 ans et de Catherine Bernard âgée de 24 ans. Ses parents sont maîtres-blanchisseurs à Cachan au moment de la naissance d’Emile. Blanchisseur n’était pas le métier d’André, son père, au moment de son propre mariage.

Émile épouse le 17 mai 1919 à Arcueil-Cachan  Marie Louise Debertel.

Les parents d’Émile se marient, eux,  le 11 février 1888, à la mairie d’Arcueil-Cachan.

Lors de leur mariage, le père, André Henri Eugène, est un charcutier de 28 ans. Il demeure au n° 7 de la rue Cousté. Il est né à Chars (Seine et Oise) le 25 novembre 1859 de Théodore Florentin et d’Elizabeth Cornelie de la Cour, tous les deux sont décédés au moment de ce mariage.

 

 

Etat-civil.jpg

 [3]

 

La mère, Catherine, est née le  7 février 1867 au n° 25 de la rue Cousté. A sa naissance, elle est reconnue par le Sieur Jean Pierre Bernard, un carrier de 32 ans. Sa mère, Zoé Louise Bouchours, est une blanchisseuse (non mariée) de 26 ans.

Au moment du mariage de leur fille Catherine, ils demeurent au n° 18 rue du Pont à Cachan qui deviendra en partie, plus tard, la rue du Docteur Hénouille.Rue-du-pont-.jpg

 

[4]


Les témoins du mariage sont André Thiberge, directeur de carrières, frère du marié, Théodore Gascarq et Antoine Pépin, tous les deux blanchisseurs à Cachan.

Nous avons probablement là une « famille type » de Cachanais avec des ascendants blanchisseurs, ou carriers et dont les enfants ont changé de métiers. Ils ont quitté les bords de Bièvre et la rue Cousté. Ils sont « montés sur le Coteau » pour s’installer sur un boulevard de la Vanne en devenir, car encore lui-même à construire.

Marcel BREILLOT



[1] Corroyeur : ouvrier qui corroie les cuirs,  l'étirage des cuirs est la plus simple des opérations du corroyeur.  Grand dictionnaire universel du XIXe siècle par Pierre Larousse

 [2] Rotinier : ouvrier qui travaille le rotin.

[3] Registre d’état civil d’Arcueil-Cachan Archives du Val de Marne, acte de naissance de Catherine Bernard

[4] CPA collection de l’auteur.

 

Article publiè dans les Chroniques du Val de Bièvre N° 74

 

Ou : http://lesateliersduvaldebievre.fr/
 

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 08:29

Prévention routière à Cachan


Un décret du 27 mai 1921 institue le premier Code de la route, bientôt suivi du permis de conduire. 
C'est la transformation d'un code de bons usages en un code administratif.
La circulation automobile a d'abord été soumise à la loi de 1851 concernant "la police du roulage et des messageries". En 1899, un décret a limité la vitesse des véhicules à moteur à 30 km/h en rase campagne. Le contenu du Code est modifié à de nombreuses reprises afin de tenir compte de l'évolution des véhicules et des voies routières.

Le 10 mars 1923,  le premier maire de Cachan, Amédée Picard, après avoir pris quelques arrêtés de délégation à l’égard de ses adjoints, prend un arrêté  qui concerne l’ensemble  de la circulation automobile dans notre commune.


-    Art.1  La vitesse maximum de 12 kilomètres à l’heure est prescrite à tous les véhicules automobiles dans la traversée de l’agglomération communale.
-    Art.2  L’usage des sifflets, sirènes, de l’échappement libre est également interdit.
-    Art.3  Les automobilistes ne devront pas projeter de lumière aveuglante ni faire du bruit susceptible d’effrayer les chevaux.
-    Art.4  Les contraventions aux dispositions qui précédent seront constatées par procès-verbal et poursuivies conformément à la loi.

 

A-Picrad.jpg


Le 15 décembre 1926, le maire signe  deux autres arrêtés sur la circulation dans la commune.

-    Art.1 Tout conducteur de véhicule est tenu de prendre les précautions nécessaires pour éviter les projections de boue sur les passants ou les immeubles.
-   Art.2  Les véhicules poids lourds devront être munis d’un dispositif de protection efficace contre les projections de boues dans toutes les circonstances où la circulation sera de nature à éclabousser les passants ou les immeubles.

Puis le maire de Cachan modifie sensiblement son arrêté  du 10 mars 1923 à propos des limites de vitesse:


   Art.2   Les conducteurs de véhicules quelconques ne doivent pas dépasser 30 kilomètres à l’heure,
   Pour les camions et voitures non pourvus de bandages pneumatiques, la vitesse sur aucune voie de la commune, en aucune circonstance, ne peut être supérieure à 15 kilomètres à l’heure.

Nous pouvons mesurer ici l’évolution de la circulation automobile dans notre ville en moins de 90 ans.

Veyssiere.jpg

Voiture-blanchisserie.jpg

 

Les archives municipales ne nous disent pas si le maire pensait aux voitures de livraison telle que celle de la blanchisserie de l’Aqueduc de Monsieur Verbecq installée au n° 65 de la rue Camille Desmoulins ou bien aux chevaux tels que  celui de la boulangerie Veyssière pris ici en photo devant le studio Hamelle au n°2 de l’avenue Carnot.

 

 

 

Nous pouvons aussi imaginer le nombre de plaintes de Cachanais contre les « fous du volant » qui l’ont amené à prendre ces arrêtés probablement à la demande de ses concitoyens excédés par ces nuisances nouvelles.

Marcel BREILLOT

 

 

Cet Article est parru dans le N° 73 des "Chroniques du Val de Bièvre" revue des "Ateliers du Val de Bièvre"

 

Voir le site : http://lesateliersduvaldebievre.fr/

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 15:52
Les chroniques ont 18 ans
Notre revue a peut être atteint l’âge de raison.
Elle a en tout cas celui de la majorité. 

C’est le moment de faire un retour sur cette déjà longue histoire.

 N-1.jpg

  Le n° 1 a été publié en octobre 1993.

Dans le 1er éditorial, Patrick H. SIMON  nous proposait :

 

  

«… le champs d’activité central des « Ateliers du Val de Bièvre » est l’histoire.

Celle-ci pour être bien appréhendée, nécessite diverses approches,

toutes complémentaires et intéressantes.

La recherche historique se nourrit de mille petites choses,

de faits quotidiens comme d’événements retentissants…..

Chacun, à son niveau, peut participer à cette activité qui permet

de s’intégrer dans une communauté de vie héritée des siècles. …. »

 

Etant le plus récent « chroniqueur », j’ai voulu voir ce qu’a été notre revue d’histoire préférée pendant toutes ces années. De 1993 à 2011, quatre livraisons ont eu lieu par an.

 

Les premières revues étaient imprimées en noir et blanc.

A partir du n°56, en 2007,  la couleur a été introduite pour la couverture et la dernière page.

Depuis le n°62, nous avons chargé un imprimeur de l’impression et nous mesurons

ainsi une évolution nette de la qualité de l’impression.

 

Les  70 premières revues contiennent 920 articles de longueurs très inégales rédigés par 72 chroniqueurs.

Certains articles sont publiés sur deux ou trois numéros de la revue.

Certains sont très cours, d’autres peut-être un peu longs.

Pour percevoir le contenu de la revue, l’analyse des titres de ces articles est intéressante.

Ils sont des indicateurs du contenu.

Nous pouvons faire le constat suivant  en repérant les noms propres et les mots communs utilisés dans ces 920 titres.

Les noms propres usités plus de 5 fois sont :

 

Nombre de titre

Nom utilisé

85

Arcueil

55

Cachan

24

Paris

35

Bièvre

13

L’Hay

9

Gentilly

7

Bicêtre

7

Fresnes

7

Romain

6

Raspail

5

France

5

Sceaux

 

n-2.jpg

 

 

 Parmi les autres mots utilisés plus de 5 fois le lecteur a trouvé :

 

Nombre de titre

Mot utilisé

25

curieux

20

histoire

17

visite

16

château

12

rue

11

école

11

aqueduc

9

guerre

9

vache

8

savant

7

jardin

6

pont

 

Si nous examinons ces noms ou ces mots, nous constatons que les thèmes locaux sont très présents

dans notre revue avec une forte dominante pour Arcueil, Cachan et la Bièvre.

Puis, la curiosité de nos auteurs est suivie de l’histoire,

les visites et les châteaux, ce qui correspond bien aux activités de notre association.

 

Parmi nos 72 chroniqueurs sur 18 ans très nombreux sont ceux

qui ont écrit une seule fois dans la revue.

Par contre, 2  auteurs ont écrit plus de 100 articles de longueurs variables.

Robert Aebersold en a écrit 143 de 1993 à 2011.

Raymond Gérard, 117 en 8 ans, de 1993 à 2001.


D’autres auteurs, Annette Le Bonhomme, Marie Valletta ont écrit plus de 50 articles.

Patrick  H. Simon également, dont 35 éditoriaux.


Quatre auteurs ont écrit plus de 20 articles.

Il s’agit d’Annie Besnier, Mireille Hébrard, Alain Brunot et Robert Clusan entre 1993 et 2003.


Quelques autres ont proposé plus de dix articles : Paulette Boivin, Simone Lacassagne,

Virginie Capizzi, Marcel Breillot, Hilaire Deneyrole, Robert  Panchairi,


Au total, c’est 15 chroniqueurs qui ont publié chacun plus de 10 articles

pendant ces 18 années. Parmi eux, il a 7 femmes et 8 hommes.


Nous sommes donc presque à parité sur ce point.

n-3-copie-1.jpg

 

 

 Aujourd’hui, notre revue comporte toujours trois grandes rubriques principales :

 L’histoire locale

 L'histore de nos régions

 

 L’histoire nationale 

 D’autres thèmes sont aussi abordés selon les propositions qui  sont faites par les auteurs.


En comité de lecture, nous cherchons toujours à garder un équilibre entre ces rubriques.

D’autres chroniqueurs sont les bienvenus en particulier pour que nous soyons en mesure d’avoir plus d’articles sur l’ensemble des communes de l’agglomération du Val de Bièvre.

A vos plumes ou claviers !

 


Marcel BREILLOT

 

 

Cet article a été publiè dans le N° 72 des Chroniques du Val de Bièvre

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 17:22

En 1900, sur les plans d’Arcueil-Cachan, l’avenue du Président Wilson s’appelle encore : Route n°2 de Paris à Bourg la Reine, et, plus simplement, jusqu’à l’attribution de son nouveau nom, après la guerre de 1914/18, rue de Bourg-la-Reine.


Le président Wilson ou plutôt Thomas Woodrow Wilson,[1] est né à Staunton (Virginie) le 28 décembre 1856. Il est décédé à Washington  le 3 février 1924. Il est le vingt-huitième président des États-Unis, élu pour deux mandats de 1913 à 1921.

 

Président Wilson

 

Pacifiste convaincu, le président Wilson garde les États-Unis en dehors du conflit pendant les trois premières années de la Première Guerre mondiale avant d’y engager son pays. Puis, il lance l’idée d’une instance de coopération internationale, la Société des Nations, que les États-Unis ne rejoindront jamais. Plus tard, le prix Nobel de la paix lui sera décerné.

 

En 1926, l’avenue est encore assez peu construite, en particulier sur sa partie sud où de nombreux terrains sont encore à vocation agricole. Seulement 141 habitants y sont recensés[2] dont 124 sont en âge de travailler. Mais l’avenue comporte déjà trois institutions importantes : l’école publique primaire Paul Bert, l’orphelinat de la Poste, l’Ecole Spéciale des Travaux publics. Ces deux dernières hébergent de nombreux pensionnaires qui sont comptés à part dans le recensement. Nous les évoquerons plus loin.

Parmi les habitants, il y a le premier d’entre eux, c'est-à-dire le premier maire de Cachan. Il a été élu le 20 février 1923, peu de temps après la création administrative de notre commune. C’est M. Elie Amédée Picard. Il est né à Lyon dans le 3ème arrondissement, au 69 avenue de Saxe, le 10 mai 1861. Son père Maurice Camille y est négociant, il a 27 ans. Sa mère, Dame Emma Dollak a 21 ans au moment de sa naissance.


Les 124 personnes de l’avenue en âge de travailler sont 50 femmes et 74 hommes, cette différence entre hommes et femmes est aussi liée à la présence des institutions évoquées ci-dessus.

Au sein de ce groupe de Cachanais, 57 sont nés en Ile de France, dont 27 à Paris, 7 à Arcueil et 6 à Cachan. 61 autres habitants sont nés en province et 6 sont nés à l’étranger.

Chez ces habitants, nous trouvons 73 chefs de famille[3], dont 1 veuf et 6 veuves. Il y a aussi 27 épouses et 24 célibataires qui habitent le plus souvent au sein de leur famille. L’avenue comprend, parmi les professions les plus représentées, celle des blanchisseurs, cela comme pour plusieurs autres rues de Cachan. Ils sont au nombre de 12, (8 femmes et 4 hommes).

Ensuite nous avons 10 employés dont 2 employées des « Bains Turcs », peut-être de la Mosquée de Paris qui est inaugurée le 16 juillet 1926.

Nous avons aussi, 8 valets de chambre, 6 cuisiniers, 3 directeurs d’écoles ou institutions, 3 cultivateurs, 3 sommeliers, 2 domestiques etc. …

Selon le recensement, il y a seulement 7 « patrons », 2 couples de blanchisseurs, 2 maraîchers et 1 coquetier[4].

 Parmi les patrons blanchisseurs, Maurice Henri Nardon est né le 18 novembre 1901 au 24 de la rue de Bourg-la-Reine (ancien nom de l’avenue). Il est le fils de Jules Nardon, 30 ans, typographe, né à Châteauroux, dans l’Indre, et de Anaïs Madeleine Beaumont, 31 ans, blanchisseuse. Maurice s’est marié le 18 mars 1926 avec Rosalie Marcelle Asenci dont il sera veuf tôt ; il se remarie le 26 septembre 1933 avec Margueritte Codra.

 

 

Foyer-ptt-1.JPG

 

[5]

Dans l’avenue, il y a aussi 37 salariés qui travaillent à l’ESTP et 10 à l’Orphelinat des Postes et Télégraphes.

Ils habitent tous sur leur lieu de travail.

Parmi eux, les trois directeurs logent dans leur institution. Il y a Monsieur Tremblet qui est directeur de l’école publique de garçons de Paul Bert, Monsieur Joyet-Lavergue pour l’Orphelinat de la Poste et Monsieur Eyrolles pour L’ESTP.

 

 

799 001

 

 [6] 

Rappelons ici un peu l’histoire des ces institutions qui ont encore aujourd’hui une place importante dans notre commune, tant par l’espace qu’elles occupent que par le renom qu’elles donnent à Cachan. Cela d’ailleurs, comme l’Ecole Normale Supérieure qui a été créée beaucoup plus tard. Elle est également dans l’avenue.

 

L’Ecole publique Paul Bert

L’Ecole publique de garçons et de filles est devenue depuis le collège Paul Bert. Seul son bâtiment en pierres meulières existait avant la création de notre commune.

 

Paul bert

[7] 

L’école de filles et celle de garçons sont séparées par le mur que l’on aperçoit sur la carte postale.

Les deux écoles Paul Bert étaient trop exigües. Aussi, dès décembre 1923, le conseil municipal de Cachan évoque la construction d’un autre groupe scolaire pour accueillir les enfants de la Cité-jardin[8] :

« L’extension prise par la cité-jardin et le nombre très élevé d’enfants qui fréquentent les écoles font qu’il y a lieu d’examiner le projet scolaire de toute urgence.

La Cité-jardin se trouve très éloignée de l’agglomération, les enfants auraient un long trajet à faire pour se rendre en classe…. »[9]

 

Des démarches entreprises par la municipalité pour acheter 10 000m2 de terrain, au lieu-dit  « Les Gros », situés le long de l’avenue, appartenant à Monsieur le Baron Pellenc[10], n’ont pas abouti. Aussi le 18 décembre 1923, le conseil municipal demande l’expropriation du terrain du baron pour cause d’utilité publique ainsi qu’une subvention à l’Etat et au département de la Seine pour financer cet achat.

 

Dés 1923, un apport de cent nouveaux élèves issus du Foyer des PTT a posé beaucoup de difficultés à la jeune commune de Cachan qui, par ailleurs, doit aussi scolariser de nombreux autres enfants qui sont parmi les 1660 nouveaux habitants de la récente Cité-jardin.

En effet, pour l’ensemble de sa population, en 1923 Cachan ne dispose que d’une école maternelle et d’une école primaire (Paul Bert).

Aussi dès la création de la nouvelle municipalité ces questions sont devenues cruciales.

 

En 1923, la municipalité[11] abandonne le projet de surélévation de l’école Paul Bert qui avait été votée précédemment par le conseil municipal d’Arcueil-Cachan avant la séparation des deux communes. La raison principale est le manque de ressource de notre nouvelle commune.

 

Le conseil décide de construire trois baraquements dans l’enceinte du Foyer de la Poste et d’agrandir la cour de Paul Bert vers la rue Belle Image pour y construire trois autres baraquements pour scolariser tous ces enfants.

A plusieurs reprises le maire, Amédée Picard, intervient auprès du préfet de la Seine pour demander de l’aide à l’Etat et au Département qui ont construit une cité-jardin et autorisé un orphelinat sans donner des moyens à notre jeune commune pour faire face à ces obligations nouvelles.

 

Le 27 février 1926, le conseil municipal[12] enregistre que le directeur du Foyer des PTT refuse de payer les fournitures scolaires des élèves de son établissement.

Le conseil vote alors la résolution suivante :

-          «… Attendu que cette œuvre est des plus prospères au point de vue pécuniaire et qu’il est facile d’en donner si besoin est justification.

-          Attendu que la fondation du foyer a créé des charges nouvelles à Cachan pour 100 enfants en 1925/26. Charges qui atteignent le chiffre de 12 000 francs.

-          Considérant qu’il est contraire à toute équité que la commune nouvelle de Cachan privée de ressources ait à supporter les dépenses qui à défaut de l’œuvre très fortunée devraient s’étendre sur tous les points du territoire français…. »

Le conseil municipal décide de faire payer le Foyer et demande que les enfants reçoivent un enseignement autonome au sein de l’Orphelinat.

Le préfet de la Seine répond favorablement à la demande de financement d’une nouvelle école le 10 mars 1926. En attendant le Conseil interpelle l’Office Départemental d’Habitation à Bon Marché pour qu’il se rendre lui-même acquéreur de ce terrain afin « d’établir cette année même une classe de fortune et demande au préfet d’intervenir pour qu’il obtienne de l’Office de compléter une œuvre qui lui est d’autan plus personnelle que la municipalité n’a jamais été consultée tant pour l’emplacement que pour la construction des pavillons… »

Malgré cela l’école Paul Bert a encore des effectifs d’élèves trop importants pendant plusieurs années.

 

Cette réalité de finances insuffisantes est tellement prégnante que lorsqu’il fallut financer l’installation des canalisations de gaz plus conséquentes dans l’avenue du Président Wilson, Monsieur Eyrolles, directeur de l’ESTP et conseiller municipal, proposa à la commune que l’ESTP face l’avance de fonds de trésorerie pour 23 000 francs nécessaires pour ces travaux. Une convention entre la ville de Cachan et l’ESTP a acté en mai 1924 ce prêt financier. La commune devait rembourser l’ESTP sur 9 ans à un taux de 6%.

 

 

L’Orphelinat de la Poste et des Télégraphes

Il a été ensuite appelé : Foyer des P.T.T.
Il est ouvert en 1923
pour accueillir en internat les orphelins de guerre des agents des Postes. Il est implanté au 36 de l’avenue sur un site de 5 hectares ayant appartenu à Madame de Chateaubriand qui possédait par ailleurs les terrains voisins où s’élèveront, plus tard, le quartier du Pont-Royal et le lotissement Berry.

Deux associations sont à l'origine de l’œuvre de protection des orphelins de guerre du personnel des PTT[13] fondée en 1915 :

  • le Soutien fraternel
  • l’Orphelinat des sous-agents et ouvriers des PTT.

Les fondateurs, fonctionnaires des PTT, avaient créé une association en 1888 et distribuaient une allocation mensuelle à leurs pupilles.

Avec cet orphelinat, ils veulent un lieu d'accueil pour les orphelins de guerre. Le début des travaux a lieu, en 1917.

Quatre ans après, le 24 décembre 1921, le Ministère de l'Instruction Publique autorise par arrêté l'accueil d'un maximum de 270 orphelins de guerre. Le 1er octobre 1923, le Foyer reçoit les 102 premiers jeunes garçons.

En 1926, l’orphelinat a 116 pensionnaires qui sont comptés à part dans le recensement de Cachan.

Par ailleurs, le directeur, 1 surveillant, 2 lingères, 2 cuisinières, 2 journaliers, 1 servante et 1 jardinier logent sur place.

En octobre 1939, l'établissement est réquisitionné par les autorités françaises pour devenir un hôpital militaire. Après le départ des Français, 800 soldats allemands y sont logés.

Le départ de l’armée allemande en juillet 1940 permet au Foyer de retrouver sa vocation première : le 1er octobre 1940, 113 élèves font leur rentrée.

 

Le 8 octobre 1956, un Foyer féminin est ouvert. Il reçoit 82 pensionnaires en octobre 1957.

En 1964, un contrat est signé avec l'Education Nationale et les professeurs sont alors rémunérés par l'Etat.

  • Les enfants de l'internat vont alors dans les classes de 8ème et 7ème des écoles primaires Paul Bert et Paul Doumer et pour les « fin d'études » avenue Carnot.
  • Des sections techniques de comptabilité, de serrurerie et d'électricité sont ouvertes ainsi qu'une année de préformation sur place.

Aujourd’hui, l’institution, devenue Lycée professionnel, s’appelle : Foyer de Cachan et s’adresse à une catégorie d’enfants intéressée par les options proposées.

Il propose aux élèves de renouer avec la réussite scolaire grâce à l’enseignement professionnel et industriel. Des diplômes professionnels nationaux y sont préparés :
   •   
CAP Préparation et réalisation d'ouvrages électriques
   •   
BAC PRO Commerce
   •   
BAC PRO EEEC (Électrotechnique – Énergie – Équipements Communicants).

Par ailleurs, 50 collégiens sont  accueillis en « internat d’excellence » depuis  la rentrée 2010.[14]50 autres feront la rentrée en septembre 2011. 

 


L’Ecole Spéciale des Travaux Publics. 

 

En 1926, l’ESTP est déjà une institution importante puisque, à Cachan, le recensement dénombre 114 étudiants qui sont pensionnaires sur place, auxquels s’ajoutent les 46 qui sont logés par l’Institut lapparentLapparent, au 8 rue du Docteur Hénouille et 97 étudiants qui sont logés, soit dans des pensions de famille soit chez des Cachanais voire chez leurs parents pour quelques étudiants.

 

 

 

C’est au total près de 257 étudiants qui vivent à Cachan. Parmi eux, nous dénombrons 29 étudiants étrangers qui viennent de très de nombreux pays. Ils sont de nationalités Anglaise , Egyptienne, Grecque, Haïtienne , Italienne, Libanaise, Palestinienne, Perse, Péruvienne, Roumaine, Russe, Syrienne.

Parmi les quatre Perses, il y a un frère et deux sœurs, Vaghinak Avakian est né en 1906 et ses deux sœurs jumelles, Anaiak et Achat Avakian, sont nées en 1907. Ils habitent route d’Orléans à Cachan. Tous ces étudiants ont probablement fait connaître Cachan dans leurs pays d’origine…

En 1891, le directeur, Léon Eyrolles avait déjà créé un cours par correspondance dénommé "l'École chez soi". En 1898, il se consacre exclusivement à l'enseignement et installe les classes et bureaux de l’École de s travaux publics au quartier latin.

Puis, il achète un vaste  terrain de 80 000 m2 à Cachan vers 1902.

Il souhaite y installer des ateliers nécessaires aux épreuves pratiques et un internat.


 

Le développement de l'École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie commence.

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[15] En 1925, il crée également la Librairie de l'enseignement technique, qui deviendra le Groupe Eyrolles.

 

En 1926, c’est 41 Cachanais qui travaillent à l’ESTP[16] dont 37 habitent sur le site.

 Ils représentent 21 professions dans un éventail très large. Nous trouvons 8 valets de chambre, 5 employés, 4 aides de cuisine, 3 cuisiniers, 3 sommeliers, 2 concierges, 2 garçons de cuisine, puis plusieurs métiers avec un seul représentant : comptable, directeur, économe, électricien, femme de chambre, gardien, ingénieur, inspecteur, jardinier, lingère, négociant, plongeur, professeur. Au sein de ces salariés, il y a 2 italiens, 1 polonais, 1 suisse, 1 belge, 1 libanais.

 

Léon Eyrolles est à la fois directeur de l’Ecole et président du conseil d’administration. Il habite sur place avec sa famille. Il emploie lui-même : 1 gouvernante, 1 valet de chambre, 1 cuisinière, 1 chauffeur. Ce qui porte à 45 le nombre de personnes travaillant sur place. Depuis un arrêté du 16 janvier 1997, la maison du directeur est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques tant pour son architecture extérieure que pour la grande pièce de réception et la salle à manger qui sont à l’intérieur.

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[17] 

En septembre 2008, à la suite de Serge Eyrolles (petit fils de Léon) Florence Darmon devient directrice de L’ESTP.  

Elle a débuté sa carrière dans les services des Grands travaux du Ministère de l’Equipement pour diversifier ensuite son parcours dans le secteur privé, au sein des majors de la Construction, de l’Immobilier et des services. 

 

En 2009, Marie Pic-Pâris Allavena[18] est nommée Directeur Général du Groupe Eyrolles, par l’actuel président, Serge Eyrolles dont elle est la nièce.  

Aujourd’hui, le groupe est un éditeur de référence dans le domaine de l’informatique, de la gestion d’entreprise et du BTP, leader sur des marchés de niches tels que la photo numérique, l’habitat écologique, le design graphique ou la mode.

 Il publie près de 400 nouveautés par an. Avec un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2008.

 

Le fondateur de cet ensemble, Léon Eyrolles[19] est né à Tulle le 14 décembre 1861[20] dans un milieu modeste. Selon son acte de naissance sa mère Anna Eyrolles est célibataire. Sa naissance est déclarée par la sage femme qui a assisté Anna, son père est inconnu, ce qui est confirmé par son acte de mariage.

Léon Eyrolles[21] est reçu en 1882 comme conducteur des Ponts et Chaussées.

Il se marie à Paris 8ème avec Cécile Fleurette Hertz, le 30 avril 1906. Il a 45 ans. Selon cet acte de mariage, à ce moment là, il est ingénieur, directeur de l’ESTP, Chevalier de la légion d’honneur. Cécile sa future épouse est artiste peintre. 

  [22] Conseiller municipal de Cachan en 1923, après avoir été celui d’Arcueil-Cachan, il sera maire de Cachan de mai 1929 au 21 août 1944.

C'est pendant son mandat qu’est construite la mairie actuelle de Cachan, inaugurée en 1935. Mais aussi les écoles : Paul Doumer, 1932, la maternelle Belle Image, 1933, le Coteau, 1937.

 

Il est le doyen des maires du département de la Seine à la fin de son dernier mandat lorsqu’il abandonne sont poste en août 1944. Son épouse, Cécile, bien qu'ayant été internée sous l'occupation, devient elle-même l'une des doyennes de Cachan, elle s'éteint presque centenaire.

 


En 2010, l’avenue du Président Wilson, c’est aussi le Parc Raspail, le Jardin Simonnin, Les écoles Paul Doumer, les collèges Paul Bert et Victor Hugo, les Lycées Gustave Eiffel et Maximilien Sorre, L’école Normale Supérieure. Elle est bordée par une piste cyclable.

[23]

 

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[24] 

 

Le terrain de sport de l’ESTP, Avenue du Président Wilson, sert depuis plusieurs années de lieu de rassemblement de toutes les associations de Cachan.

Cet événement a lieu chaque mois de septembre, dans le cadre du « forum des associations ».

Il est la manifestation d’un engagement bénévole et citoyen de Cachanais soutenus par leur municipalité.

 


MARCEL BREILLOT

 


Cet article a été publié dans "Les Chroniques du Val de Bièvre", n° 72, à commander : lesateliersduvaldebievre@laposte.net



[1] Voir N° 42 des Chroniques du Val de Bièvre, Robert Aebersold

[2] Recensement de 1926, Archives de Cachan.

[3] Selon le recensement le chef de famille est le titulaire du logement (propriétaire ou locataire), il peut être célibataire.

[4] Selon le dictionnaire de l’académie française de 1694, le coquetier est  un marchand d’œufs et de volailles en gros.

[5] Collection de l’auteur.

[6] CPA, collection de l’auteur.

[7] idem

[8] Voir N° 48&49 des Chroniques du Val de Bièvre, Mireille Hebrard

          N° 63&64 des Chroniques du Val de Bièvre, Marcel Breillot

[9] Conseil municipal 1923-1926, archives de Cachan

[10] Baron André Jean Joachim PELLENC, Né le 16 juin 1863 - Bagneux (49) Décédé le 16 février 1931 - Neuilly-sur-Seine (92), à l'âge de 67 ans Général de Brigade, Commandeur de la Légion d'honneur,

Marié le 26 septembre 1895 avec Fortunée PISCATORY de VAUFRELAND 1872-1955, source GENEANET.

[11] Délibération du conseil municipal 1923-1926, archives de Cachan.

[12] idem

[14] Le nouvel internat d’excellence, Anne Laure Abraham, le Parisien, Val de Marne, 30 mars 2010.

[15] ESTP, Carte de 1924, Foyer des PTT, 1949,  collection de l’auteur.

[16] Recensement de 1926, Archives de Cachan, dépouillement MB

[17] CPA, Collection de l’auteur

[18] businessmadame.com, 23 / 02 / 2009

[19] Alain Brunot & Raymond Gérard, Chroniques du Val de Bièvre, n° 23

[20] Etat civil, Archives départementale de Corrèze.

[21] www.editions-eyrolles.com

[22] Site internet de l’ESTP : http://www.estp.fr/

[23] CPA Collection de l’auteur, sur cette photo on aperçoit les premiers arbres qui viennent d’être plantés après la construction de l’école Paul Doumer ainsi que les champs où sera construite bien plus tard l’ENS.

On remarque aussi que les pavillons de la cité étaient proches de l’école.

[24] CPA collection de l’auteur

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 07:43


 

En 1923, au moment de la séparation d’Arcueil et de Cachan, notre commune ne disposait sur son territoire[1], selon certains auteurs,  que « d’une école tout à fait insuffisante et de l’ancien cimetière ». En fait, elle avait  une école maternelle aujourd’hui détruite et l’école primaire Paul Bert avec une aile pour les filles et l’autre pour les garçons.

                       

           Ecole maternelle

           Ecole maternelle de Cachan, rue Camille Desmoulins en 1923[2]

 

En moins de 90 ans, l’évolution de notre administration communale a été considérable en termes d’équipements et de services à la population.

Nous évoquerons ici les femmes et les hommes qui ont été au démarrage de ces services à la population.

La première réunion des vingt-trois premiers conseillers municipaux[3] a eu lieu le 18 février 1923 pour élire le maire et ses deux adjoints[4].

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[5] 

La deuxième réunion a eu lieu le 10 mars 1923.

Très vite, au début de ce mandat, le premier maire de Cachan, Amédée Picard, a pris de nombreux arrêtés, en particulier, ceux qui permettaient la nomination administrative des employés et agents communaux à compter du 1er avril 1923.

Pour l’année 1923, dans les arrêtés du maire, vingt-six « employés ou agents » communaux sont « nommés », cela pour une population de 9 000 habitants.

Ces vingt-six personnes prennent la suite des services qui existaient avant la séparation d’entre les deux nouvelles entités communales. Elles ont mis en place l’action de notre nouvelle administration sous la direction d’Amédée Picard.

Le maire, lui, a été choisi puis élu par le Comité d’Union Républicaine et Sociale des Intérêts Généraux de Cachan.

Selon Léon Eyrolles[6], alors conseiller municipal, le maire bannissait toute politique au sein du conseil municipal, aussi celui-ci s’occupait :

-       « De créer ou développer les organismes indispensables à la vie communale : Mairie, Ecoles, Caisse municipale, recette des postes, bureau de bienfaisance, caisse des écoles ;

-       D’organiser les services de voirie (ordures ménagères, nettoiement) ;

-       De développer les réseaux d’égouts, de distribution d’eau, de gaz, d’électricité, et les moyens de transports.

Il le fit avec la plus stricte économie »[7]

 

En 1925, la mairie sera installée provisoirement (pour dix ans) dans un petit bâtiment d’abord destiné à être un bureau de poste. Les deux années précédentes (1923-24), l’équipe municipale est installée dans des locaux loués rue Camille Desmoulins. A ce moment là, Cachan n’a pas de mairie. Léon Eyrolles considère plus tard que cette première mairie provisoire «offrait des conditions déplorables pour effectuer du travail »

C’est dans ce contexte que les premiers « employés » de Cachan ont travaillé[8].

 

Comment sont-ils organisés ?

Nous pouvons considérer qu’ils sont organisés en quatre principales fonctions.

-       Une fonction administrative,

-       Une fonction de la  voirie,

-       Une fonction de l’entretien,

-       Une fonction des pompes funèbres

Auxquelles s’ajoutent des missions individuelles spécifiques.

 

La fonction administrative :

La commune a un secrétaire, chef de bureau qui dispose de trois collaborateurs :

-       Un commis principal au secrétariat.

-       Deux commis auxiliaires dont une dactylo et un secrétaire.

Faut-il rattacher à ce service le garde champêtre chargé des annonces en ville ?

 

La fonction d’entretien de la voirie :

Il y a un agent-voyer et quatre cantonniers auxquels s’ajoute une concierge de « la remise de la voirie ».

 

La fonction de l’entretien :

Elle comprend trois femmes de service chargées de l’entretien des écoles. Une femme de service chargée de l’entretien du bureau des recettes de contributions.

Il y a aussi un agent chargé de l’entretien et du remontage des horloges et pendules des établissements municipaux.

Par ailleurs, la commune dispose de deux charretiers chargés de la collecte des ordures ménagères.

 

La fonction de pompes funèbres :

Le conservateur du cimetière est chargé du creusement des fosses et de l’entretien du cimetière. D’autre part, il y a quatre porteurs de pompes funèbres dont un « chef porteur ».

 

Les postes ou fonctions uniques :

La perception des taxes perçues à l’octroi[9] est assurée par un surveillant qui travaille encore pour quelque temps avec les agents d’Arcueil.

Il y a aussi un architecte chargé du service d’hygiène et de la direction des travaux de l’entretien des bâtiments communaux, règlements des mémoires, examen des plaintes sur les logements insalubres, des demandes d’autorisation à bâtir.

Il y a un médecin chargé de la constatation des décès.

 

Combien gagnent-ils ?

Dans les arrêtés du maire, les salaires annuels pour 1923 sont fixés. Cela va de 12 000 francs par an pour le secrétaire chef de mairie à 6 492 francs annuels pour les femmes de service ou les cantonniers ou encore 7 405 francs pour le charretier principal.

Les rémunérations de l’agent-voyer communal, de l’architecte ou de l’agent chargé des pendules correspondent à des indemnités pour des fonctions non permanentes.

Le médecin, lui, touche 300 francs par décès constaté.

Selon leur statut, ces employés communaux cotisent soit à la caisse de retraite des employés de mairie, soit à la caisse de retraite des cantonniers ou encore à la caisse des retraites ouvrières pour les charretiers. C’est d’ailleurs les seuls prélèvements sociaux qu’ont les employés municipaux sur leurs rémunérations en 1923.

 

Qui sont ces agents municipaux ?

Chez ces 26 « agents », il y a 6 femmes et 20 hommes. Parmi eux, 4 sont nés à Arcueil-Cachan, 5 à Paris, 7 dans le reste du département de la Seine et 10 en province.

Monsieur Eugène Auguste GAUDRON, le secrétaire, chef de bureau de la mairie, a 44 ans. Il est né le 20 mai 1880 à Azoudange en Moselle. Il habite à Arcueil au n° 5 bis rue Emile Raspail.

Mademoiselle LEROYER et Monsieur HENNEGRAVE sont commis auxiliaires de la mairie.

Jeanne Marie Suzanne LEROYER a 19 ans. Elle est née à Sceaux le 28 mars 1904. Elle y habite boulevard Colbert. Elle est dactylographe.

Jean Raoul HENNEGRAVE, lui, a 22 ans. Il est né à Paris 18ème le 21 juin 1901. Il demeure au n° 5 de la place Gambetta à Cachan.

 

             1ère mairie 

             La mairie provisoire  construite à coté de l’école maternelle [10]

 

Monsieur Alexandre DUBOIS, notre garde champêtre a 54 ans. Il est né à Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres). Il habite à Cachan au n° 7 de la rue de Bagneux[11]. Son père, Auguste, est journalier au moment de sa naissance. Il a 25 ans. Sa mère Clotilde RADEGONDE est manœuvre. Elle a 24 ans. Notre garde champêtre a épousé Anne FEDERSPIEL, le 7 janvier 1899. Au moment de son mariage, il est gendarme à Bréval (Seine-et-Oise). Ses parents sont cultivateurs. Son épouse Anne est née à Bertronge au Luxembourg, le 9 mars 1870. Elle est cuisinière à Paris, rue de Bretonvilliers. Son père Jean et sa mère Catherine FUNCK sont décédés au moment du mariage de leur fille. Les témoins de ce mariage sont deux gardes-républicains.

En 1923, notre garde champêtre est donc un ancien gendarme.

 

Monsieur Paul Joseph POËNSIN a 71 ans. Il est né à Paris le 1 février 1852. Il est chargé de l’entretien et du remontage des horloges et des pendules. Il habite au n° 41 rue Emile Raspail à Arcueil. Il perçoit une indemnité annuelle de 160 francs.

 

Monsieur Louis COZIC a 44 ans. Il est né à Paris le 27 février 1879. Il est nommé agent-voyer[12]. Il habite au n° 38 de la rue des Ecoles à Villejuif. Son traitement annuel est de 7 000 francs.

 

Parmi les quatre cantonniers de la voirie municipale, Clément Joseph VIETTE est le plus jeune. Il a 51 ans. Il est né à Cachan au n° 2 de la rue Bronzac[13]. Il habite au n° 3 de la place Gambetta. Au moment de sa naissance, son père Casimir Auguste est serrurier. Il a 33 ans. Sa mère Delphine Joséphine LEPINAY est blanchisseuse. Elle a 32 ans. Un des collègues de Clément VIETTE est Auguste Gilbert ROCHET. Il est nommé cantonnier communal spécialement affecté à l’entretien des chemins vicinaux de Cachan. Son épouse Léontine Nathalie ROCHET est nommée concierge de la voirie municipale au n° 17 bis de la rue Gallieni. Tous les deux sont nés à Arcueil dans la Grand’rue[14].

Auguste ROCHET a 55 ans. Il est né le 10 octobre 1868 au n° 71 de la Grand’rue. Son père Charles Jacques ROCHET est carrier à Arcueil, il a 41 ans. Sa mère Adelaïde Rosalie BARBIER a 36 ans. Elle est couturière. Auguste ROCHET épouse le jeudi 12 avril 1894, Léontine Nathalie AUGUSTE. Elle est aussi née a Arcueil le 13 décembre 1872 au n° 31 de la Grand’rue. Son père Jean Eugène est apprêteur sur étoffes. Il a 24 ans. Sa mère Marie Eulalie LHOTE a 16 ans. Elle est blanchisseuse. Au moment de son mariage, Auguste ROCHET est carrier comme son père. Il habite au n° 63 rue Emile Raspail à Arcueil. Ses parents sont devenus propriétaires selon le registre d’état civil. Les parents de Léontine n’ont pas changé de métier depuis sa naissance mais demeurent désormais à Viry-Châtillon.

Léontine Nathalie AUGUSTE, épouse ROCHET, est aussi employée de la commune de Cachan. C’est d’ailleurs le seul couple dans cette situation en 1923.

 

Monsieur Auguste Julien Emmanuel TIENNOT est nommé charretier chargé de la collecte des ordures ménagères. Il a 42 ans. Il est né à Pleine-Fougères (Ille-et- Vilaine) le 8 octobre 1881. En 1923, il habite rue Etienne Dolet à Cachan. Lors de sa naissance, son père Emmanuel TIENNOT a 28 ans. Il est tisserand. Sa mère Augustine CHEVALLIER a 26 ans. Auguste TIENNOT a pour adjoint un aide-charretier, Gaston MALHERBE. Il est né à Pont-Audemer dans l’Eure, le 20 octobre 1871. Il habite à Gentilly.

Au moment de la naissance de Gaston, son père, le sieur Pascal Placide MALHERBE, est un ouvrier tanneur de 44 ans. Sa mère, Marie Adèle BOURDIN, n’a pas de profession déclarée.

 

Evoquons aussi Marcel Frédéric GREAFF. Il est nommé provisoirement en qualité de surveillant de l’octroi de Cachan. En effet, sa nomination définitive dépend du préfet de la Seine. Il a 28 ans. Il sera installé dans sa fonction après avoir prêté un serment professionnel prévu par la réglementation de l’époque.

Marcel est né le 9 janvier 1895 à Gentilly. Son père Jules est un maçon de 37 ans qui le reconnaît à sa naissance car il n’est pas marié avec sa mère. Celle-ci, Marie Joséphine BARBOT, a 40 ans. Elle est blanchisseuse.

Marcel épouse le 9 janvier 1928, à Paris, Martine CROISY, 5 ans après avoir été nommé surveillant à l’octroi[15] de Cachan.

L’arrêté du maire qui le nomme, précise que « les autorités civiles et militaires, du département de la Seine, sont requises pour faire reconnaître Marcel Frédéric GRAEFF partout où il interviendra en sa dite qualité ; de lui prêter aide appui et protection dans tout ce qui aura rapport à l’exercice de ses fonctions. » Cela à compter du 16 avril 1923.

 

Chaussat

                                                                        [16]

La dernière nomination de 1923 faite par le maire est celle de René CHAUSSAT comme Architecte du service d’hygiène de Cachan ainsi que de la direction des travaux d’entretien.

René CHAUSSAT est né à Thors (Charente-inférieure) le 11 juillet 1879. Il est encore architecte de Cachan lors de construction de la mairie inaugurée en 1937 au cours d’un des mandats de Léon Eyrolles.

 

          Place gambeta

                   Place Gambetta vue de la mairie vers 1950 [17]

 

En 1989 ; Jacques CARAT[18] écrivait : « suivant son humeur ont peut situer la naissance de Cachan sous la présidence d’Alexandre Millerand ou sous le règne de Postumus ou Tetricus Empereurs romains.. »

 

En 1923 la nouvelle municipalité et la nouvelle administration se situaient-elles dans la continuité de la déjà longue histoire communale  d’Arcueil-Cachan ou dans la création d’une entité nouvelle ?


ecusson


Les vingt-trois conseillers municipaux et ces vingt-six agents communaux avaient-ils le sentiment de créer une institution communale nouvelle ?

L’année 1923 a certainement été difficile pour eux car tout était à construire avec des moyens plus que limités.

Ils avaient certainement la conscience d’un réel engagement dans leur mission de service public dont ils ont probablement jeté les bases pour les équipes qui leur ont succédé.


MARCEL BREILLOT

 

Cet article a été publié dans les Chroniques du Val de Bièvre N°70
Pour s'abonner contacter: lesateliersduvaldebievre@laposte.net
 ou Maison des associations  9 rue amédée Picard 94230 CACHAN

[1]  La séparation d’Arcueil-Cachan, (1903-1923) Jugnot Stéphane, juin 1994.

[2] Collection de L’auteur

[3] Sont élus Messieurs Guibert, Choplin, Chartier, Legendre, Begue, Gros, Pecatte, Noblet, Ruffenacht, Dubois, Caron, Laurent, Delage, Tardieu, Veyssière, Lambert, Bourbon, Bertillon, Tison, Picard, Eyrolles, Guerin, Dumont.

[4] Les deux adjoints sont François Delage et Louis Guibert. François Delage  présidait la délégation spéciale, il fut un artisan obstiné de la séparation.

[5]Photo de la  collection d’Annette Le Bonhomme.

[6] Léon Eyrolles, est signataire de la pétition du 7 avril 1911 demandant la séparation en deux communes. Il est le fondateur de l’ESTP.

[7] Cachan 1923-1935, création de la commune, son évolution, sa modernisation. Document publié en 1935 par la municipalité et  Léon Eyrolles, maire de Cachan

[8] Archives de Cachan, registre des arrêtés du maire, 1923-1926, registre des procès verbaux du conseil municipal de Cachan, 1923-1926.

[9] L’octroi est une contributionindirecte perçue par les municipalités à l'importation de marchandises sur leur territoire. Cette taxe frappait les marchandises les plus basiques et les plus rentables telles que le vin, l'huile, le sucre, le café, etc. wikipedia.org/wiki/Octroi

Voir article d’Alain Brunot, Chroniques du Val de Bièvre N° 60

[10] Cachan mon Village, 1994, CDCHL Léo Lagrange.

[11] Aujourd’hui : rue Marcel Bonnet

[12] Le voyer, en latin « viarius », est l’inspecteur des chemins. C'est l'officier préposé à l’entretien des voies publiques sous l’Ancien Régime, qui prend ensuite le nom d’agent-voyer au XIXe siècle. http://fr.wikipedia.org/wiki/

[13] Aujourd’hui : rue Camille Desmoulins

[14] Aujourd’hui : rue Emile Raspail et Marius Sidobre.

 

[16] Arcueil et Cachan, Indicateur officiel, JE Auclair-Melot, 1926.

[17] CPSM, Collection de l’auteur.

[18] Cachan 89, Dialogue pour le futur, Jacques Carat, Sénateur-maire, 1989.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 08:03

A Cachan, la rue Camille Desmoulins suit l’ancien lit de la Bièvre.

Camille Desmoulins empruntait parfois le chemin qui suivait la rivière pour aller voir sa future épouse Lucile à Bourg-la-Reine[1].

Sur les plans de Cachan antérieurs à 1869, cette rue s’appelle encore rue Bronzac.[2] C’est donc assez récemment que le nom de Camille Desmoulins[3] lui a été donné. 

 

 C-Desmoulins.JPG

                    [4]

 

En 1926[5], 509 habitants vivent rue Camille Desmoulins, alors que pour l’ensemble de la commune, on en compte 9 829[6].

Parmi ces 509 personnes, il y en a 389 en âge de travailler, dont 207 femmes et 182 hommes. 129 habitants sont trop jeunes ou trop âgés pour travailler.

 Au total, il y a 172 « chefs de famille » pour 111 épouses, soit 61 « chefs de famille » sans conjoint déclaré. Il y a 32 veufs « chefs de famille » dont 25 femmes et 7 hommes.

Parmi ces 389 habitants en âge de travailler, 202 sont nés en Ile-de-France, dont 75 à Arcueil-Cachan, 12 dans le reste du Val-de-Marne, 58 à Paris, les 68 autres sont originaires du reste de l’Ile-de-France. Ensuite, 159 sont nés en province et 25 à l’étranger, 24 d’entre eux sont d’origines européennes auxquels s’ajoute un Russe.

Ces 389 habitants de la rue sont plutôt jeunes puisque 49 d’entre eux ont entre 13 et 20 ans et 204 ont entre 21 et 40 ans. Il y a aussi 94 personnes qui ont entre 40 et 60 ans, 41 autres ont plus de 61 ans dont 5 plus de 70 ans.

 

Des patrons blanchisseurs et quelques autres….

Parmi eux, il y a 77 « patrons » selon le recensement[7] dont 31 femmes. 27 sont blanchisseuses, 1 est charcutière, 1 autre, émailleuse, 1 est marchande de vins, 1 autre de fromages. Il y a 5 veuves « chefs de famille » qui sont considérées comme « patronnes ».

Ensuite, il y a 46 hommes, dont 2 veufs, qui sont également « patrons ».

26 « patrons » sont blanchisseurs dont 25 le sont en même temps que leurs épouses, 1 blanchisseur est veuf. Ainsi la rue Camille Desmoulins est avec la rue Cousté et la rue Etienne Dolet, une rue de blanchisseries.

Les autres patrons sont bijoutier, boucher, champignonniste, charbonnier, cordonnier, émailleur, épicier,      marchand de fromages, marchand de vins, maréchal-ferrant, mécanicien, restaurateur, saleur de poisson, vannier.

Parmi les patrons blanchisseurs, 9 sont nés à Arcueil et 4 à Cachan.

Chez les « patrons », 3 n’ont pas la nationalité française : un Belge, né en 1875, M. Bekaert, est blanchisseur, 1 Polonais, né en 1872, M. Klapisch, est saleur de poissons, 1 Luxembourgeois, né en 1859, M.  Hobes, est cordonnier.

 

L’entreprise Klapisch , au n°43 de la rue, est une entreprise familiale dont les trois fils, Schullel, né en 1899, Joseph, né en 1901, Salomon, né en 1905, sont déclarés comme salariés de la maison.

  Klapisch.JPG   [8]

 Joseph ne reviendra pas des camps de concentration nazis,[9] 17 ans plus tard.

 

Grand mère Me Chuet

 

[10] 

 En 1926, parmi les blanchisseurs, au n° 42 de la rue, nous trouvons Louis Joseph Murguet. Il est né le 29 août 1875 au n° 2 de la rue des Tournelles à Cachan. Son père, Louis Alexandre, a 29 ans au moment de sa naissance. Il est blanchisseur.

En 1926, il habite chez son fils. Sa mère, Olympe Pierrette Dalliot a 22 ans. Elle est blanchisseuse.

Louis Joseph Murguet s’est marié le 19 mai 1900 avec Berthe Augustine Antoinette Chaplard.

 

Au n° 51 de la rue est installée la blanchisserie Péguy. Le patron est Alexis Isidore Péguy.

Il est né le 24 janvier 1884 au n° 4 de la Grande Rue d’Arcueil. Son père, Alfred Isidore, a 25 ans au moment de sa naissance. Il est charretier. Sa mère Isabelle Constance Diès est blanchisseuse.

Sur son acte de naissance un des témoins est son aïeul, Jean Baptiste Diès est également blanchisseur.

Alexis Isidore Péguy s’est marié le 9 mai 1908 avec Charlotte Sandrin. Ils ont eu deux fils, l’aîné, né en 1909, est mécanicien chez Citroën. Le second, né en 1912, est blanchisseur dans l’entreprise familiale au moment du recensement. Veuf à 57 ans, Alexandre Isidore se remarie en 1941 avec Louise Ernestine Presta.

Il y a bien d’autres blanchisseurs de la rue qui sont nés à Arcueil-Cachan ; au total, ils sont 21 « patrons » ou « patronnes » nés dans la commune. Il y a aussi ceux qui sont nés autre part, en Ile-de-France, comme Alfred David, né en 1891, à Saint-Denis.

Une société anonyme ?

Parmi les blanchisseuses et les blanchisseurs qui habitent rue Camille Desmoulins, nombreux sont ceux qui sont employés dans une blanchisserie non artisanale de Cachan.

Ainsi 11 salariés déclarent avoir comme employeur la « Société Anonyme de la Blanchisserie de Cachan » qui est installée tout près de là, rue Belle Image. Cette société avait d’ailleurs émis des actions.

Action blanchisserie

 

[11]

 

Dans ce groupe de salariés, nous trouvons M.et Mme Heurteaux ; il est garçon blanchisseur, elle est lingère.

Alphonse Désiré Heurteaux est né le 3 février 1868 chez sa mère, Marie Joséphine Verdier, blanchisseuse, 24 ans, au n° 26 de la rue Bronzac à Cachan. Cette dernière est célibataire. Sur son acte de naissance, il est reconnu par son père, Alphonse Victor Heurteaux, 26 ans, alors vernisseur sur cuir. Son aïeul paternel, Hippolyte Heurteaux, 64 ans, est témoin sur l’acte de naissance.

Son père, Alphonse Victor Heurteaux est né le 20 avril 1842, Hippolyte, son grand père, a 38 ans, il est maçon. Sa mère Marie Adélaïde Leconte a 33 ans. Elle est couturière. Elle est née le 15 novembre 1808 de Jacques Leconte, 44 ans, charretier, et de Marie Anne Tellier. Ces derniers habitent n°1 place de Cachan en 1870.

Alphonse Victor Heurteaux et Marie Joséphine Verdier, se sont mariés le 11 juin 1870, Entre-temps, lui est devenu blanchisseur, il habite au n° 20 rue Bronzac. Au moment de son mariage, il est en congé de libération du service militaire.

Son épouse Marie Joséphine est née le 2 septembre 1843, de Jean Baptiste Théodore Verdier et de Marie Madeleine Thulot, blanchisseuse.

biervre.JPG

 

[12] 

Des enfants changent de métiers.

S’il y a encore beaucoup de blanchisseurs en 1926, certains de leurs descendants ont choisi d’autres métiers. Par exemple, Fernand Victor Bittner est « ouvrier en instruments chirurgicaux » et son épouse est ouvrière dans l’usine de lampes électriques Madza.

Sa mère est blanchisseuse et son père, employé de commerce. Il est né le 3 mai 1897 au n° 52 de la rue Camille Desmoulins dans l’immeuble où est installée la blanchisserie Dallet en 1926. Son père, François, a alors 26 ans et sa mère, Marie Anne Jacob, a 21 ans.

Celle-ci est blanchisseuse au moment de la naissance de son fils. Elle l’est toujours au moment du recensement de 1926. Elle travaille alors pour la blanchisserie Gobillot au numéro n° 48 de la rue.

Parmi les témoins de cette naissance, il y a Jules Château, marchand de vins au n°12 rue Camille Desmoulins. Marie Anne Jacob est née à Cachan, le 12 novembre 1875, au n° 8 de la voie de l’Y,[13] de François Antoine Jacob, 46 ans, tonnelier et de Anne Lutinan, 32 ans, journalière.

 

En 1926,l’habitant le plus ancien de la rue Camille Desmoulins est Adolphe Victor Romanet. Il a 86 ans. Il est né le 16 septembre 1840[14] du sieur Jean Baptiste Augustin Romanet, 45 ans, jardinier et de Marie Antoinette Dujardin, 35 ans, journalière.

Ses parents habitent le « hameau de Cachant » dans la commune d’Arcueil.

Un des témoins de sa naissance est le sieur Michel Adolphe Michon, 30 ans, « marchand carrier » de la commune.

Jean Baptiste Augustin, son père, est né le 16 ventôse de l’an IV (16 mars 1796) du citoyen Auguste Romanet, 31 ans, né le 3 février 1765 et de Catherine Robert, 26 ans. Le père d’Auguste était voiturier, au moment de sa naissance en 1765.

Pour terminer, évoquons madame Caralps, née en 1882. Elle habite la rue comme directrice de l’école maternelle de Cachan. Depuis 1904 avec la construction de l’école primaire Paul Bert, l’école de la rue Camille Desmoulins n’est plus le seul édifice public sur le territoire du hameau de Cachan.

 

Aujourd’hui de nouveaux immeubles bordent la rue Camille Desmoulins, le long de la Bièvre qui reste la dernière empreinte de ce passé de labeur.

Il est probablement difficile pour les nouveaux Cachanais d’imaginer qu’ils résident là, où, des femmes et des hommes ont exercé des métiers particulièrement difficiles. Ceux-ci ont participé au devenir de ce qu’est notre ville aujourd’hui.

Le nom de Camille Desmoulins restera sans que nous ayons la certitude qu’il ait habité Cachan. Comment garder la mémoire dans notre patrimoine local de ceux qui ont fait cette rue ?


Marcel Breillot


Cet article est publiè dans "Les Chroniques du Val de Bièvre" n° 68 & 69.
La revue peut être commandée à atelierdelabièvre@laposte.net

[1] G Joly, Ma poule à Cachant, Octobre 1993 Chroniques du Val de Bièvre N°1

[2] Il existe une rue et une fontaine Bronzac à l’Hay les Roses. Lire le portrait de Pierre Bronzac par Oriane Hebert, Chroniques du Val de Bièvre N° 60, 2008

[3] Né à Guise le 2 mars 1760, mort à Paris le 5 avril 1794. Il devient avocat le 7 mars 1785.

Le 11 août 1792, Jacques Danton le nomme secrétaire du sceau. A ce titre, il doit aussi réorganiser la justice. Le 6 juin 1792, Camille Desmoulins est élu député à la Convention.  Le 24 décembre 1792, il épouse Lucile Laridon Duplessis dont la famille a une « Maison de campagne » à Bourg- la- Reine.

Il est arrêté dans la nuit du 30 au 31 mars 1794 et incarcéré à la Prison du Luxembourg. Il monte les marches de l'échafaud en disant : "Voilà donc comment devait finir le premier apôtre de la Liberté !"

Lucile Desmoulins est guillotinée le 13 avril 1794.

[4] www.aide-en-histoire geographie.com/images_corriges/4408.jpg

[5] Recensement de 1926, Archives de Cachan, Mairie de Cachan.

[6] Créée administrativement depuis 1923.

[7] Pour  le recensement, le chef de famille est le titulaire du logement, qu’il soit propriétaire ou locataire.

[8] Archives municipales, ville de Cachan, Recensement 1926 : (consignes pour les recenseurs): les chefs d’entreprise,  les ouvriers à domicile, inscrire en colone13 : Patron

Pour les employés ou ouvriers : indiquer le nom du patron ou de l’entreprise qui les emploie.

[9] Arcueil & Cachan, Guide indicateur Banlieue, JE Auclair-Melot, 1926

[10] http://www.memorialdelashoah.org/

[10] CPA , Rue Camille Desmoulins, Collection de l’auteur.

[11] Action de la blanchisserie de Cachan, 1924, collection de l’auteur.

[12] CPA, rue Camille Desmoulins entre la Bièvre et la rue, collection de l’auteur

[13] Aujourd’hui, rue du Chemin de fer.

[14] Jour de l’ouverture du procès de Louis-Napoléon Bonaparte et de ses complices devant la Chambre des pairs. Il avait débarqué dans la nuit du 5 au 6 août 1840 auprès de  Boulogne-sur-Mer, avec l'espoir de rallier le 42e régiment de ligne. La tentative de ralliement est un échec total. Cernés, plusieurs conjurés sont tués ou blessés tandis que Louis-Napoléon est lui-même touché par une balle. Arrêtés et écroués, les conjurés sont traduits en justice. Source Wikipédia.

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 19:03

C'est fait,  Sylvain a ouvert son cabinet de Pédicure Podologue  à  Cachan.


 

Nous lui souhaitons bonne chance et tous nos voeux de  réusites dans son entreprise.


Je constate qu'on lui a donné des avis trés favorables sur Google adresse.


Bravo.

 

carte-de-visite.jpg

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