Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 12:15

Le syndicat des blanchisseurs  après la Libération

 

2ème partie,

 

L

e 19 novembre 1945 est convoquée une AG extraordinaire, 70 personnes sont présentes, 42 peuvent voter. Elle réélit l’ensemble du conseil d’administration.  Le bureau comprend alors des patrons de Cachan, Gentilly, Arcueil et Bourg-la-Reine.

Le principal  sujet de préoccupation est la distribution du charbon. Elle va se faire sur la base du montant du chiffre d’affaires de 1938 pour chaque blanchisserie.

A partir  de 1946, on alterne les AG statutaires et les réunions générales.

Le 24 février, on y distribue des « bons de toile de jute ». Sur proposition du président Bagot, on envisage l’organisation d’un bal de bienfaisance au profit des anciennes ouvrières et pour la caisse d’apprentissage.

 

Lors de l’AG du 18 mars 1946, on aborde la question des augmentations des salaires de 10% demandées par les ouvriers.

Il est constaté que la distribution du charbon s’améliore. Il est possible de demander un supplément. Chaque blanchisserie sera convoquée en vue de l’établissement de son chiffre d’affaires.

Le président distribue des bons de savon. Il informe les membres que 4000 kg de Solvay sont réservés pour la région parisienne au titre du premier trimestre 1946.

Le personnel des blanchisseries peut bénéficier de cartes supplémentaires de pain.

Une réunion générale a lieu le 28 avril 1946. Le président Bagot rend compte du bon résultat du bal corporatif qui a connu un gros succès.

« Le bénéfice réalisé sera employé pour:

-           soulager quelques ouvrières ne pouvant plus travailler,

-          encourager les patrons à former des apprentis dans un métier délaissé. »

Ensuite, on étudie les projets de statut d’une caisse de solidarité en vue d’aider les adhérents « qui subissent de nombreux vols de linge ».

Pour terminer, les bons de Solvay sont distribués à chacun.

Un mois plus tard, le 26 mai, on envisage la création d’un « groupement charbonnier » pour faire face aux besoins de tous.

Le président indique que les salaires doivent augmenter de 15 %. Il est envisagé une augmentation des tarifs clients de 20%.

Un journal vient d’être édité avec un certain succès : « Le journal de la Bièvre ».

Le 7 juillet et le 14 août, on parle toujours d’augmentation pour les ouvriers et de celle des prix pour les clients.

D’autres réunions ont lieu le 8 septembre, le 9 novembre, une AG est convoquée pour le 8 décembre 1946.

Après avoir distribué des bons de savon et d’essence, le président Bagot fait la lecture d’une circulaire qui indique les taux de rémunération des heures de travail de nuit et du dimanche.

Les patrons vont devoir payer le travail de nuit 15% en plus du salaire légal et 30% pour les dimanches.

Par ailleurs, pour la nuit, ils doivent accepter une demi-heure de pause rémunérée et fournir un casse-croûte gratuit à leurs salariés.

Ensuite le président expose la situation critique du charbonnage. Il demande avec insistance que chacun respecte la discipline syndicale quant aux réclamations des attributions de charbon. Les premiers servis sont ceux qui sont à court dans leurs réserves. « Des renseignements  seront pris, les stocks seront vérifiés….. Le président a les pleins pouvoirs pour une répartition équitable du charbon. »

Au bureau du syndicat, une semaine plus tard, le 15 décembre, il expose de façon détaillée la gravité de la situation charbonnière. Il s’engage à faire tout ce qui est humainement possible  pour que chacun puisse travailler « mais  pour cela la discipline la plus rigoureuse est à observer…. »

 bievre-et-blanchisserie.png

 

 Le bureau adresse un blâme à un blanchisseur, M. L., pour la non-observation des règles. 

L’assemblée générale du 5 janvier 1947 a toujours à gérer les diverses restrictions (charbon, essence, etc.).

Par ailleurs,  elle apprend que le gouvernement Blum impose à tous une diminution de 5 % des prix aux clients par un décret du 2 janvier.

Un autre suit le 24 février.

Une série de grèves a commencé début 1947 (janvier : les gaziers de la Région parisienne, les dockers de Nantes, Michelin à Clermont-Ferrand ; février, grève dans les ports, grève de la presse parisienne, chez les cheminots parisiens).

Le président du COBTEN[1], Monsieur Clausse, vient à Cachan le 18 mai 1947 assister à une réunion générale. Il indique que l’État a refusé d’abroger les 10 % de baisse des tarifs aux clients imposés  aux blanchisseries.

Par ailleurs, il explique que « le mouvement de grève du personnel des blanchisseries peut être utile aux patrons pour la défense de nos intérêts. Il y a donc lieu de ne rien tenter pour s’y opposer. Pour éviter tout incident, il propose de ne pas effectuer les livraisons.

Un vote constate que 32 membres sont pour l’arrêt des livraisons et 1  contre. Il est décidé  d’attendre l’évolution des événements avant de reprendre le travail.

Dix jours plus tard, le président Bagot convoque le conseil d’administration. « Il démissionne de la présidence. Il est profondément déçu par le manque de discipline et de cohésion dont  ont fait preuve un certain nombre de patrons blanchisseurs dans l’application des conditions qui mettaient fin aux revendications des ouvriers. Il regrette que ses collègues n’aient pas apprécié tous les efforts qu’il n’a cessé de prodiguer pour l’organisation du syndicat, que pour la défense des intérêts de tous, aucun cas ne lui a été étranger. Il s’est penché sur tous. Chacun a eu au moins un cas particulier à défendre…..

Il espérait être bien suivi. L’indiscipline  de quelques-uns  l’a mis dans une situation qu’il juge inacceptable avec son poste de président. »

En effet, alors que lors de l’arbitrage du ministère, les ouvriers avaient accepté une augmentation de trois francs de l’heure….. certains patrons blanchisseurs de Cachan ont donné quatre francs voire même six francs pour certains postes.

« Les ouvriers du président Bagot en ont exigé autant pour reprendre le travail sous peine de voir sa blanchisserie désorganisée. » Monsieur Bagot a été obligé de s’incliner devant ses ouvriers.

Par solidarité, l’ensemble du conseil démissionne. Une assemblée e st convoquée pour le 8 juin 1947. L’ensemble du conseil est réélu. Monsieur Bagot a le maximum de voix. Il est de nouveau président.

Les sept autres réunions de 1947 sont consacrées à la gestion de la pénurie dont la répartition du savon provenant des surplus américains. Il en est de même en 1948.

Le 21 mars 1948, on envisage de nouveau l’organisation d’un bal.

bal.jpgIl a lieu le 8 mai 1948 dans le salon d’honneur de la mairie de Cachan.

 

Au cours de l’AG du 24 avril 1949 le président Bagot explique le projet gouvernemental de visite médicale  obligatoire du personnel aux frais des patrons.

« La majorité de l’assemblée décide qu’il n’y a pas lieu de prendre l’avant-garde d’un projet et décide de rester dans l’expectative ».

« Monsieur Bagot déclare ne plus se sentir soutenu par les membres du bureau……Il donne sa démission. Aussitôt le vice-président, monsieur Lazardeux démissionne aussi. »

« Les autres membres du bureau attendent les événements ».

Le secrétaire  s’autorise alors un commentaire sur le cahier de délibérations : « Le syndicat des patrons blanchisseurs de Cachan et sa région restera sept mois sans activité. C’est tout ce qu’on peut dire de cette réunion. »

Une AG est convoquée le 13 novembre 1949. M. Lazardeux présente une liste qui n’est pas élue.

Un nouveau CA est élu : M. Scheffer, de Cachan, devient président. M. Gaulthier est vice-président (Cachan) ; M. Deleplanque (Cachan) est toujours secrétaire, il démissionnera trois mois plus tard. M. Durand, (Arcueil) trésorier. Il comprend aussi quatre membres actifs : messieurs Poupard (Gentilly), Roudier (Cachan), Lefèvre (Bourg-la-Reine), Chal (Arcueil).

A partir de cette époque jusqu’en novembre 1958,  les comptes rendus deviennent très succincts dans le cahier des procès-verbaux des réunions.

Un bureau du 15 avril 1950 répond à une enquête sur les blanchisseries. En 1940, il y avait 70 blanchisseries, en 1950 il en reste 39 qui salarient 157 femmes et 23 hommes.

Il n’y a aucune réunion  pendant cinq années entre  juin 1953 et octobre 1958.

En 1958, une première réunion est autour de l’annonce de la liberté des prix faite aux clients, il est conseillé aux blanchisseurs de rester modérés dans leurs éventuelles augmentations. Une dernière réunion retranscrite a lieu le 23 novembre 1958 au café Charrial, place Gambetta. Sont présents MM. Schaeffer, Durand, Gobillot  et Gaulthier. Ce dernier accepte d’être président à la suite de M. Schaeffer. M. Durand reste trésorier, M. Gobillot devient secrétaire. Le siège du syndicat est transféré au 43 rue Etienne Dolet.

Les PV s’arrêtent à la page 131 alors que le cahier en comporte 400. Cette dernière réunion était elle la fin du syndicat des patrons blanchisseurs de Cachan et  de ce qui a été l’industrie principale de notre commune  pendant plus de 150 ans ? 

 

Des témoins de cette époque pourront nous le dire. Nous attendons leurs visites ou leurs écrits à ce sujet.

 

Sources[2] 

Marcel BREILLOT


Article Publiè dans le N°75 des Chroniques du Val de Bièvre.

[1] Syndicat régional des blanchisseurs de la région parisienne.

[2] Registre des délibérations du syndicat, Archives,  Mairie de Cachan.

  Blanchisseurs et blanchisseuses d’Arcueil-Cachan, L-L Veyssière, 1938.

  Les blanchisseries de Cachan, 2010,  Collectif, Maison Cousté.

Ce fascicule peut être acheté à la Maison Cousté, 19 rue Cousté 94230 Cachan

Partager cet article
Repost0

commentaires

G
ancien interne du foyer des ptt d'arceuil-cachan 1948-1950,je me souviens d'un dimanche ou etant en retenue,je me rendais avev plusieurs de mes condisciples ,a la messe ,il faisait tres froid. une blanchisseuse,dont je ne me souviens plus le nom,me glissa dans la main,un morceau de pain,au milieu duquel il y avait,une barre de chocolat.daniel GINDRE
Répondre

Au fil du temps

Articles Récents

  • Des chemins de fer en Val de Bièvre,
    La réalisation de la gare Arcueil-Cachan de la future ligne 15 du Grand Paris Express [1] a été officialisée lundi 25 mars 2013 avec la signature de plusieurs conventions entre le maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, et le président de la Société...
  • Jardins ouvriers, Familiaux, associatifs, partagés ?
    Pendant l’année 2012, avec nos amis de plusieurs sociétés d’histoire, nous préparions l’exposition que beaucoup d’entrevous ont visitée en avril dernier. Nous avons aussi rédigé un parcours pédestre que nous avons appelé : « Flâneries à la découverte...
  • Un enfant d’Arcueil, né en Asturies
    Depuis sa création en 1997, le prix Antoine Marin , en collaboration avec la ville d’Arcueil, a accueilli de très nombreux jeunes créateurs. Cette aide à la jeune création est devenue un rendez-vous incontournable, connu bien au-delà des frontières de...
  • Jean MEVOLHON, un député de la Convention à Arcueil-Cachan
    Il est décédé le 16 septembre 1836, à Cachan. [1] Le registre d’état civil ne précise pas dans quelle rue. C’est Beucker Henri, son cocher, qui déclare ce décès. L’acte précise qu’au moment de son décès, le Baron de Mévolhon est conseiller municipal d’...
  • Qui se souvient d’une école militaire à Cachan ?
    C’est une photo à vendre sur un site Internet qui m’a incité à faire les quelques recherches qui suivent. Inauguration d’une annexe de l’école Breguet. « Le général Pierre Weiss a inauguré aujourd’hui l’école des mécaniciens radiotélégraphistes et électriciens...
  • Qui se souvient d’une école militaire à Cachan ? (2)
    A la sortie de Cachan, ces radiotélégraphistes sont dirigés vers Saint-Jean d’Angély pour y obtenir le brevet de radiotélégraphie au service des transmissions et de la navigation de l’armée de l’air. » « Cette organisation militaire est entraînée dans...
  • Un fils de François Vincent Raspail: Benjamin (2)
    En octobre 1885 , il est élu député au second tour. Il suit la même ligne politique que précédemment. Il dépose, à propos de l'évacuation des eaux d'égout de la capitale, un contre-projet qui comprend un canal de Paris à la mer. Il vote pour le rétablissement...
  • Un fils de François Vincent Raspail: Benjamin
    B enjamin meurt le 24 septembre 1899 à Cachan à l'âge de 76 ans, en ayant légué sa fortune au département de la Seine [1] pour installer dans sa propriété de Cachan un hospice réservé aux invalides du travail et un musée accueillant sa collection de tableaux...
  • Le Scandale des Briques à Cachan (3)
    En conclusion, d’après le rapporteur, « les documents et les chiffres ont surabondamment démontré que certaines négligences ou sympathies personnelles ont joué au détriment des finances de la commune ». La ville de Cachan aurait perdu 72 860 francs auxquels...
  • Le Scandale des Briques à Cachan (2)
    Les attaques de cette campagne ne sont que les prémices de ce qui va arriver au cours du mois de juin 1935. Rappelons ici que l’hôtel de ville qui vient d’être inauguré est l’aboutissement d’une déjà longue démarche. C’est le 28 mai 1930 que le choix...

Photos

Catégories